Le château de Versailles est une pièce maitresse du patrimoine mondial et l'un des monuments historiques les plus visités au monde, accueillant environ 6.5 millions de visiteurs par an. Symbole de la puissance du Roi Soleil et de la France du Grand Siècle, Louis XIV a réalisé à Versailles son rêve de pierre, d’or, de verdure, d’eau et de lumière, rassemblant toutes les forces de production nationale. Mais cette décision de construire son palais eut des conséquences bien plus graves que l’on ne pensait à cette époque. Ce déplacement du siège du pouvoir fut une retraite hors de Paris, la ville devenant ainsi plus libre et plus hardie.
Histoire de Versailles avant le Roi Soleil
Le nom « Versailles » apparaît pour la 1ère fois en 1038 dans une charte de l’abbaye St Père de Chartes. Hugo de Versaillis est l’un des signataires. A la fin de la Guerre de Cent Ans, le petit bourg est dans un triste état : les maisons sont dévastées, abandonnées, le château en ruine. Le nom d’un petit bourg : Versailles-aux-bourgs-de-Galie apparait en 1472. Puis en 1475, Gilles de Versailles, seigneur de Versailles cède ses droits de Trianon à l’abbé de Saint Germain. C’est la 1ère fois que Trianon est mentionné. C’était un petit village acheté puis détruit par Louis XI qui voulait construire sur ces terres un domaine royal avec maison de détente. Le roi voulait fuir Paris et profiter de ce lieu loin de l’étiquette : ce fut le Premier Caprice Royal de Versailles.
Versailles est la 1ère étape entre Paris et la Bretagne. Mais les terrains sont occupés par des champs non cultivés, entourés de marais. Il y fait froid, tout est sombre et sauvage. Le lieu est malsain (du à l’humidité constante), des épidémies de fièvres font que la population diminue considérablement, de sorte que les animaux sont bientôt plus nombreux que les humains. En 1561, le domaine est vendu au secrétaire des finances de Charles IX, Martial de Loménie, domaine qui atteindra 150 hectares. Mais en 1572, Loménie est tué lors de la Saint Barthélémy et la rumeur dit : « Catherine de Médicis fit étrangler Loménie dans l’intérêt du comte de Retz pour lui faire avoir le château de Versailles » …
L’année suivante, Albert de Gondi, comte de Retz devient propriétaire du château et du domaine de Versailles en rachetant l’ensemble pour 35 000 livres. A partir de cette date, on peut dire que Versailles commence à être réellement connu et apprécié par les futurs rois : en 1578 Henri de Navarre y séjourne du 7 au 9 juillet, il y retourne en 1604 et 1609. Le dauphin futur Louis XIII y fait sa 1ère chasse en 1607 (il n’a que 6 ans), puis en 1616 Albert de Gondi cède la seigneurie à son fils Jean François.
Un peu plus tard, au retour des parties de chasse, Louis XIII s’arrêtait avec ses amis dans le manoir presque abandonné par la famille Gondi. Las de dormir de manière inconfortable, il décida en 1623 de faire construire au milieu des forêts et au sommet d’une butte entourée de marais, un petit logis en brique, pierre et ardoise. Il fit de cette construction rustique son rendez-vous de chasse favori. Louis XIII acheta les terrains aux alentours afin d’obtenir un domaine de 40 hectares.
Son petit château s’élevait au fond de l’actuelle Cour de Marbre, le corps de logis mesurait 24m de long sur 6m de profondeur, avec de chaque côté 2 ailes basses. Le tout ne dépassait pas 25m x 27m. L’appartement du roi était composé d’une petite galerie, puis 4 pièces aux murs couverts de tapisserie, la chambre du roi au centre, plus tard cet emplacement sera le lit de Louis XIV. Ce fut un immense plaisir pour le roi de coucher la première fois à Versailles en mars 1624, au milieu de ses gens. Il était lui-même, cette maison était son refuge.
Louis XIII rajoutera à son habitation un court de jeu de paume : Philibert Leroy, architecte fera un grand bâtiment rectangulaire de 33m sur 14m, murs latéraux de 1.30 m d’épaisseur, les trois galeries indiquent que c’est un jeu en dedans, le sol revêtu de carreaux en pierre de taille. Ces éléments ont été découvert par une équipe de l’Inrap, lors de fouilles faites dans la cour du Grand Commun, la maison du paumier (celui qui gère et entretien la salle) a aussi été retrouvée.
Louis XIII rachetait le domaine de Versailles à Jean François de Gondi, oncle du cardinal de Retz en avril 1632.
La tradition veut qu’au somment du plateau de Versailles, à la place même du château actuel, se dressait un moulin à vent et l’on racontait : « un meunier régnait où Louis XIV régna ».
Le roi fit l’acquisition de ce château pour le démolir et étendre le domaine de la résidence royale. Il acheta de nouveaux terrains et agrandit ses terres de chasses. Le premier pavillon devenait trop petit et en mai 1631, les travaux débutèrent sous la direction de Philibert Le Roy, ils furent achevés en 1634. Louis XIII entrait dans ses nouveaux appartements. A partir de 1636, le roi y séjourna souvent, profita du confort de sa nouvelle maison ainsi que des jardins, agencés à la Française, décorés d’arabesques et d’entrelacs.
Les premières traces des jardins apparaissent dans les années 1630, à l’ouest du château. Autour d’un petit bassin circulaire, un parterre de broderie de buis était divisé en compartiments. En 1639, l’équipe traça une allée centrale de la terrasse du château vers l’ouest au creux d’un vallon, sur une pièce d’eau qui deviendra le bassin d’Apollon sous Louis XIV. Ce jardin était simple et charmant, suivant la pente naturelle du terrain. Ces jardins sont presque restés intacts jusqu’aux transformations commandées par Louis XIV, en particulier les axes principaux qui forment les lignes essentielles des jardins.
En 1643, Louis XIII déclarait : « si Dieu me rend la santé, sitôt mon dauphin en âge de monter à cheval et en âge de majorité je le mettrai à ma place, et me retirerai à Versailles avec quatre de nos pères pour m’entretenir de choses divines ». Il sentait la mort approcher. Le 14 mai, il rendit l’âme. Versailles cesse alors d’être une résidence royale pendant presque 18 ans.
Le château de Versailles au XVIIe siècle
Louis XIV, méfiant dans la capitale suite à l’épisode de la Fronde, veut s’installer à l’écart de Paris. Il cherche donc un vaste espace pour construire un château. Il effectua sa 1ère visite à Versailles en 1651 et eut un véritable coup de foudre. Fâché par sa visite du château de Vaux-le-Vicomte en 1659 avant son achèvement, Louis XIV n’a qu’une idée : construire un château n’ayant pas de comparaison possible dans le royaume, ni même en Europe, un bâtiment consacrant la grandeur du roi et de son règne.
Le plan du château est étudié pour mettre en valeur le souverain, la chambre royale se situe au centre du palais et sur un grand axe qui part de la statue du roi dans la cour d’entrée et qui se prolonge par le Tapis vert et le Grand Canal. Ce château ne sert au départ que pour protéger les amours du roi, la première maitresse à visiter les lieux fut Louise de La Vallière. « Le Château de Carte deviendra la Garçonnière Royale ».
Ce n’est qu’en 1660 que Louis XIV y conduit sa nouvelle épouse la reine Marie Thérèse. A partir de 1661, débutent les agrandissements de Versailles. De 1661 à 1662, le roi dépense un million cent mille livres. Il décida de construire, en lieu et place du pavillon de chasse de son père, l’un des plus merveilleux palais de l’Europe, ce qui déclencha les critiques des courtisans.
Etabli sur une terre inhospitalière, le sol présentait des dénivelés, sableux, marécageux. Il faut assécher le terrain, l’aplanir, raser le domaine de Trianon. Saint Simon disait : « Versailles, lieu ingrat, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui n’est pas bon ».
La construction du château de Versailles
Louis XIV engagea les meilleurs architectes, décorateurs, jardiniers, fontainiers pour transformer les bâtiments. Louis Le Vau fut chargé de reconstruire les Communs, Charles Errard et Noël Coypel commencèrent les travaux de décoration des appartements avec beaucoup de luxe, en reprenant le thème du soleil, omniprésent à Versailles, André Le Nôtre créa l’Orangerie et la Ménagerie. Les jardins augmentèrent en taille et furent ornés de sculptures de Girardon et Le Hongre. Versailles n’était alors qu’une résidence d’agrément avec des fêtes données dans les jardins.
Fier de sa demeure personnelle, Louis voulait combler ses hôtes. Les appartements de ses invités étaient meublés, ce qui était jugé exceptionnel. Colbert disait : « Sa Majesté fait donner à manger à tout le monde et fait fournir jusqu’au bois et aux bougies dans toutes les chambres, ce qui n’a jamais été pratiqué dans les maisons royales ». Rappelons la lettre célèbre de Colbert : « pendant le temps que Votre Majesté a dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est assurément le plus superbe palais qu’il y ait au monde. O quelle pitié que le plus grand roi fût mesurée à l’aune de Versailles ! »
En mai 1664, les premières festivités furent données au château : « les Plaisirs de l’Isle Enchantée » : 8 jours de fête, secrètement offertes à Mademoiselle de La Vallière. Puis entre 1664 et 1666, Louis XIV fit aménager Versailles afin qu’il puisse passer plusieurs jours avec son Conseil. Il garda le château initial bâti par Louis XIII. Le Vau tripla la superficie du château. En 1665, la grotte de Thétis fut construite, mais ne résista pas au temps, de même la première Orangerie et la Ménagerie. Deux ans plus tard, les travaux du Grand Canal débutent. Le Nôtre conçoit l’élargissement de l’allée centrale, s’occupe également des jardins et des aménagements extérieurs. Il fait appel à la famille des Francine, fils d’ingénieurs italiens, très au courant des installations hydrauliques.
En juillet 1668, « le Grand Divertissement Royal de Versailles » sera la deuxième fête donnée. C’est au cours de ces fêtes que les courtisans mesurèrent l’inconfort du petit château, beaucoup ne trouvèrent pas de place pour dormir. Le Vau proposa alors 2 projets d’agrandissement du château : le premier prévoyait la destruction du château primitif et le deuxième qui fut retenu : agrandissement côté jardin, par une enveloppe de pierre, dont la construction se réalisa entre 1668 et 1670 : c’est en fait un second bâtiment encerclant le premier château. De chaque côté de l’ancien château furent construits le Grand Appartement du Roi au nord, celui de la Reine au sud. Entre les deux, une vaste terrasse fut installée face aux jardins. Les façades furent ornées de colonnes de marbre de Rance, de balcons en fer forgé doré, de bustes posés sur les balustrades. La cour fut dallée de marbre. Les Communs furent élevés, reçurent un péristyle de colonnes surmonté de statues et reliées au château Louis XIII par une suite de pavillons, la Cour royale fut fermée par une grille dorée. La superficie du domaine triplait ainsi.
Pour effectuer tous ces nouveaux travaux de l’Enveloppe, citons un passage du rapport de Colbert : « nous avons 566 ouvriers qui travaillent ici, les dépenses de maçonnerie sont les suivantes : 335 000 livres en 1669, 586 000 en 1670, 428 500 en 1671 l’année où le gros œuvre fut achevé ». En octobre 1670, François d’Orbay poursuit les travaux de Le Vau qui vient de mourir. Louis XIV avait réussi à conserver le château de son père intact coté ville, mais côté jardin, il disparaissait, caché par de nouveaux bâtiments. Désormais, on fit la distinction entre le Château Vieux : celui de Louis XIII et le Château Neuf : celui de Louis XIV.
Le Château Neuf fut de conception italienne : tout en pierre, les longues façades ponctuées par des avant-corps, une grande terrasse fut installée entre les 2 appartements royaux. Afin d’accéder au grand Appartement, il fallait un accès majestueux : le Grand Degré du roi ou Escalier des Ambassadeurs. Six années furent nécessaires et des sommes considérables pour créer l’entrée la plus somptueuse du château. Cet escalier ne fut utilisé que 70 ans, il fut détruit sous le règne de Louis XV en 1752.
Malgré la conception italienne de base, l’esprit français dominait par l’existence des fenêtres cintrées au rez-de-chaussée, l’étage est pourvu de colonnes ioniques, de niches, de hautes fenêtres rectangulaires (cintrées par Mansart en 1669), des statues sont placées dans les niches, apparition de bas-relief surmontant les fenêtres, le second étage eut une décoration de style corinthien, et fut surmonté d’une balustrade où reposaient des trophées.
En 1670 fut construit le Trianon de Porcelaine. A la même période, les courtisans commençaient à bâtir leurs résidences à proximité du château : en 2 ans, 14 grands hôtels sont construits dans la ville de Versailles (dont les hôtels de Luxembourg, Noailles, Guise, Bouillon, Gesvres). Louis XIV avait réalisé son rêve : construire un palais qui marquerait son époque. Le roi souhaitait regrouper auprès de lui les ministres et leurs services. Il désirait ainsi fixer sa résidence à Versailles. Mansart dut élaborer des projets pour l’installation de la Cour. Versailles fut perçu comme symbole de centralisme.
Entre 1678 et 1684, sur l’ancienne terrasse du château neuf, fut crée la Galerie des Glaces. Louis XIV avait apprécié les longues galeries des Tuileries, du Louvre ou de Fontainebleau qui sont des lieux de passage, des moyens de communication entre appartements. La décoration fut confiée à Le Brun. Limitée au nord par le Salon de la Guerre et au sud par celui de la Paix, la Galerie a 73m de long et va avoir une grande conséquence : l’appartement du roi sera déporté dans le château Vieux, l’appartement du Soleil deviendra le Grand Appartement et sera utilisé pour les réceptions.
En 1678, les premières pierres de l’aile du Midi destinée à loger les courtisans sont posées. Dans le Cabinet des Bains, des cuves allongées en marbre blanc sont rajoutées, on assiste au début des travaux de la pièce d’eau des Suisses et du bassin de Neptune ainsi qu’au terrassement du parterre du Midi et de la nouvelle Orangerie.
En 1679, la Galerie des Glaces, le Salon de la Guerre et celui de la Paix remplacent la terrasse et les cabinets du roi et de la reine. Le bâtiment central, côté Cour de marbre est surmonté d’un étage. Une horloge y est placée. Un deuxième escalier est créé : l’escalier de la Reine, faisant le pendant à l’escalier des Ambassadeurs. Seuls existent encore les deux portes ouvrant dans le Grand Appartement, le buste de Louis XIV. Après l’achèvement des ailes des Ministres, on commença la construction des Grandes et des Petites Ecuries.
En 1681, la décoration des grands Appartements est achevée. La Machine de Marly commence à pomper l’eau de la Seine. On procède à l’excavation du Grand Canal et de la pièce d’eau des Suisses et on constate la multiplication des bosquets et des fontaines dans les jardins : c’est ainsi que naissaient les Jardins à la Française, décorés de statues de marbre et de bronze.
Louis XIV s'installe à Versailles
Le 6 mai 1682, Louis XIV ne peut plus attendre : il quitte Saint Cloud et s’installe définitivement à Versailles, qui devient la Résidence Officielle du Roi de France. Voici la description de l’installation, racontée par un contemporain : « le sixième de mai le Roi quitta Saint Cloud pour venir s’installer à Versailles, où il souhaitait être depuis longtemps, quoiqu’il fut rempli de maçons, dans le dessein d’y demeurer jusqu’après les couches de Madame La Dauphine, qui fut obligée de changer d’appartement le second jour qu’elle fut arrivée, parce que le bruit l’empêchait de dormir ». Le Roi s’installa dans une demeure en chantier, la Galerie des Glaces était encombrée d’échafaudages, pour la traverser il fallait passer sur des poutrelles. Louis XIV avait 44 ans. Il rompt avec la tradition itinérante des rois de France qui allaient de château en château.
En 1683, dans un appartement interdit à toute personne non autorisée, les architectes aménagèrent des salons et cabinets destinés aux chefs d’œuvres et collections du roi. Dans le Cabinet aux Tableaux, le Cabinet aux Coquilles, le Cabinet des Médailles (éclairé par des lustres de cristal de roche), toutes sortes de riches curiosités furent exposées, les murs portaient des tableaux des collections royales. Parmi les « curiosités », il y avait des vases garnis d’or et de diamants, des bustes et figures antiques, une grande nef d’or garnie de diamants et de rubis, des porcelaines de Chine et du Japon, des vases d’agate, d’émeraude, de turquoise, de jade, de jaspe, de pierre d’étoile, une grande quantité de vases de conques de perles, des statues d’animaux antiques, un grand vase de jaspe qui servit au baptême de Charles Quint.
En 1684, l’appartement des Collectionneurs s’agrandit en annexant l’ancien appartement de la Montespan, transformé en petite galerie, dont le plafond fut peint par Mignard, sur le thème d’Apollon et de Minerve, le sol était en parquet de bois précieux, les murs tendus d’étoffes somptueuses. Dans cette pièce, Louis XIV exposa les pièces importantes de sa collection de tableaux, dont la Joconde.
La construction des bâtiments annexes
Entre 1685 et 1689, plusieurs bâtiments furent construits : à l’Orangerie qui remplaça celle de Le Vau en fournissant 3000 arbustes et 150 000 plantes chaque année, aux écuries, au Grand Commun, à l’aile nord des courtisans. En 1686, Le Brun termine la décoration de la galerie des Glaces. En 1687, Louis XIV fait ériger un petit palais de marbre et de porphyre avec jardins, sur l’emplacement du Trianon de porcelaine : ce sera le Grand Trianon.
La construction des ailes Nord et Sud prolongea le développement des façades. Ces deux nouveaux bâtiments abritaient les Princes et les courtisans, les écuries, les carrosses, les services généraux et les domestiques. La façade avait à cette époque une longueur de 670 m.
La construction de la Chapelle royale, dédiée à Saint Louis, débute en 1689, interrompue par la guerre, reprise en 1699 par Mansart, et fut achevée en 1710. L’architecture est basée sur les architectures palatines, à deux étages : l’un réservé au Roi, l’autre en bas à la Cour : le roi assistait à la messe du haut de la tribune et la Cour tournant le dos à l’autel, la face élevée, regardait son monarque. Le style est corinthien à colonnes. Bernin y laissera son influence italienne. On n’y trouve pas le faste des marbres multicolores des Appartements du Roi, c’est la pierre nue, le sol porte le dessin des armes royales au centre de la nef et le chiffre du Roi « L » enlacé, couronné devant les marches de l’autel. La voûte est peinte et représente une iconographie qui oppose l’Ancien et le Nouveau Testament. L’orgue est placé au dessus de l’autel.
Le Vestibule haut de la chapelle, occupe l’emplacement de la première grotte de Thétis, édifiée en 1665 et détruite en 1685. Il prolonge le décor de la Chapelle, pierre blanche, colonnes et pilastres surmontés de chapiteaux corinthiens, plafond orné de médaillons en stuc représentant les quatre parties du monde, portes et fenêtres surmontées d’arcades sculptées de figures des Vertus. Ce vestibule faisait la jonction entre les Grands Appartements et la Chapelle et permettait le passage vers les appartements de l’Aile Nord jusqu’au théâtre.
Les aménagements intérieurs
En 1689, l’accès aux appartements de la Reine se faisait par l’escalier de la Reine, sur le palier 2 salles des Gardes du Corps, puis l’Antichambre, le Grand Cabinet et la Chambre qui donnait dans le Salon de la Paix. Cette enfilade se trouvait sur la façade sud de l’enveloppe de Le Vau. Les nouveaux appartements du roi se développaient autour de la Cour de Marbre. Ils étaient composés de 7 pièces. Au centre du château fut installé le salon du Roi (future chambre de Louis XIV), l’appartement se terminait par le cabinet du Conseil et le cabinet des Termes ou des Perruques. Pendant cette période, 22 000 à 36 000 ouvriers ainsi que 6 000 chevaux s’affairaient sur les différents chantiers.
Louvois, surintendant des Bâtiments, pressait entrepreneurs, ouvriers, artistes, et menaçait de prison les moins zélés. Rançon des rudes conditions de travail, les accidents blessaient, estropiaient, tuaient. Les dédommagements suivants furent prévus : 30 à 40 livres pour un bras ou une jambe cassée, 60 livres pour un œil crevé, 60 à 100 livres pour la veuve.
Des mouvements de grève, que l’on nommait séditions, agitèrent parfois le chantier. Afin d’amenuiser ces actions, Louvois précisa les salaires versés aux tailleurs de pierre : « pour chaque toise de pierre de Saint Cloud, sur 2 pieds de haut, polie : il leur revenait 50 sols ; pour celles de 20 à 21 pouces : 45 sols ». Pendant cette même période, une forêt entière fut plantée. Jules Hardouin Mansart fut responsable de ce grand chantier. La facture s’élevait dans ces temps là à 80 millions de livres.
Le village de Versailles se transforma en véritable ville, construite dans l’axe du château. Les courtisans logés au château érigeaient des hôtels pour loger leurs serviteurs, des tavernes contribuaient à l’animation de la ville, les habitants de la ville de Versailles atteindront le nombre de 70 000 à la veille de la révolution.
En 1701, la chambre du roi se place au centre du château. La chambre de 1689 et l’antichambre des Bassan sont réunies pour former la Chambre à l’œil-de-bœuf.
Remarque de Saint Simon : « on ne finirait point sur les défauts monstrueux d’un palais si immense, et si immensément cher, avec ses accompagnements qui le sont encore davantage : orangerie, potagers, chenils, grande et petite écuries pareilles, communs prodigieux ; enfin une ville entière… Encore ce Versailles de Louis XIV, ce chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût…n’a-t-il pu être achevé. »
Les jardins de Versailles
En 1662, après la disgrâce de Fouquet, Louis XIV se concentre sur Versailles. Il utilisera l’équipe ayant crée Vaux le Vicomte : Le Vau, Le Brun et Le Nôtre pour entamer un programme d’embellissement et d’expansion de Versailles. A partir de cette date, les agrandissements du château s’appliquèrent aussi aux jardins. Des bosquets et des parterres furent agrandis et des nouveaux créés. A cette époque furent construits l’Orangerie et la Grotte de Thétis. L’Orangerie est le chef d’œuvre de Le Vau, située au sud du château profitant de la pente de la colline. Là étaient entreposés les orangers en hiver. Les premiers orangers et petits arbustes furent ceux confisqués à Vaux le Vicomte.
La grotte de Thétis, au nord du château, constituait une partie symbolique du château et des jardins qui alignait le Roi Soleil avec la métaphore solaire. La grotte fut achevée en 1670. Elle faisait allusion au mythe d’Apollon. L’intérieur est décoré de motifs en coquillage, avec des statues représentant le dieu soleil soigné par des Néréides. La grotte joua un rôle crucial dans le système hydraulique qui fournissait l’eau aux jardins : le toit soutenait un réservoir qui gardait l’eau pompée de l’étang de Clagny pour alimenter les fontaines des jardins musicaux.
En 1664, les jardins furent inaugurés lors de la fête galante : les plaisirs de l’Ile Enchantée, officiellement en l’honneur d’Anne d’Autriche et de Marie Thérèse d’Autriche, mais en réalité en l’honneur de Louise de La Vallière. De 1665 à 1668, il y eut un regain d’activité dans les jardins, avec l’installation des fontaines et de nouveaux bosquets, avec une symbolique consacrée aux thèmes solaires et apolloniens. Les premiers réseaux topographiques furent créés, avec achèvement du bassin de Latone et du bassin d’Apollon, le Labyrinthe, au sud du parterre de Latone et près de l’Orangerie, composé d’un réseau de chemins simple, le bassin de Latone, sur l’axe est-ouest, conçu par Le Nôtre, représentait un épisode tiré des Métamorphoses d’Ovide, en référence aux révolutions de la Fronde que Louis XIV a gardé en mémoire. Citons un passage de La Fontaine :
Latone et ses gémeaux
De gens durs et grossiers font de vils animaux,
Les changent avec l’eau que sur eux ils répandent…
La scène est un bassin d’une vaste étendue ;
Sur les bords, cette engeance, insecte devenue,
Tâche de lancer l’eau contre les déïtés.
Le bassin d’Apollon, sur le même axe, occupe l’ancien emplacement du bassin des Cygnes du temps de Louis XIII. Il formait un point de convergence dans les jardins et servait de transition entre les jardins et le Grand Canal. Ce Grand Canal qui fut construit entre 1668 et 1671 avec les dimensions de 1 500 m de longueur et 62 m de large, 23 hectares de superficie, prolonge l’axe est-ouest. Sous l’Ancien Régime, il fut utilisé pour des divertissements en bateaux. Une Petite Venise fut installée pour abriter les caravelles et les yachts reçus des Pays Bas, les gondoles reçues par le doge de Venise. Le Grand Canal recevait l’eau qui s’écoulait des fontaines dans les jardins en amont. Cette eau était pompée grâce à des moulins à vent et des moulins à cheval, puis renvoyée au réservoir placé sur la grotte de Thétis afin d’alimenter les fontaines. Ce système fonctionnait en circuit fermé.
Des fleurs furent rapportées des pays exotiques : jasmins d’Espagne, jacinthes et narcisses de Constantinople, il fallait les fleurs les plus odorantes.
De 1672 à 1677, le Labyrinthe fut remanié pour servir à l’éducation du dauphin, des nouvelles fontaines furent installées représentant les fables d’Esope, des plaques furent gravées : c’est ainsi que le fils de Louis XIV apprit à lire. A la fin, le Labyrinthe comprenait 39 fontaines avec 333 sculptures animalières en plomb.
Au dessus de la fontaine de Latone, se trouvait la terrasse du château, dit le Parterre d’Eau, lieu où la symbolique des grands appartements se synthétisait avec celui des jardins.
Le Parterre d' eaux musicales fut décoré avec 24 statues représentant les 4 éléments : terre, air, eau, feu ; les 4 saisons : printemps, été, automne, hiver ; les 4 parties du monde : Europe, Afrique, Asie, Amérique ; les 4 poèmes : pastoral, satyrique, héroïque, lyrique ; les 4 heures du jour : point du jour, heure du midi, le soir, la nuit ; les 4 enlèvements : Borée enlevant Orithye, Saturne enlevant Cybèle, Pluton enlevant Proserpine, Neptune enlevant Coronis.
En 1676, le bassin des Sapins au nord du château, est conçu sur l’axe nord-sud, et en 1678 la Pièce d’Eau des Suisses, dans une région marécageuse au sud du château, d’une superficie de 15 hectares, la plus vaste après le Grand Canal.
Les Bosquets
Pour agrandir les jardins, Le Nôtre ajouta ou agrandit 10 bosquets : en 1670 : bosquet du Marais, bassin rectangulaire, roseau en métal sur les bords, cygne à chaque coin, un arbre en fer au centre ; 1671 : bosquet du Théâtre d’Eau, ile du Roi et Miroir d’Eau, bosquet des Trois-Fontaines ; 1672 : bosquet de l’Arc de Triomphe remanié en 1676 avec un décor rappelant les victoires militaires ; 1675 : bosquet de la Renommée ou des Dômes, bosquet de l’Encelade (un Titan condamné à vivre sous l’Etna) ; 1678 : bosquet des Sources ; 1680 : nouveau bosquet : la Galerie des Antiques : galerie à ciel ouvert, avec des statues antiques, 20 statues sur socles, chacune séparée par 3 jets d’eau ; 1681 – 1683 : la Salle de Bal : construite dans une partie isolée des jardins, avec cascade ; et enfin 1684 – 1685 : la Colonnade fut installée sur l’ancien Bosquet des Sources : péristyle de 32 arcs avec 28 fontaines, statue actuelle Enlèvement de Proserpine.
Louis XIV demanda également de nouveaux aménagements concernant les bosquets : 1680 : Tapis Vert : pelouse entre le bassin de Latone et le bassin d’Apollon ; 1684 : le Parterre d’Eau est remanié, avec des statues de bronze représentant les fleuves de France ; 1684 : l’Orangerie de Le Vau est détruite remplacée par la configuration actuelle : Orangerie, Escalier de Cent Marches et Pièce d’Eau des Suisses, Parterre du Midi ; 1685 – 1686 : le Parterre du Nord est remanié, de nouveaux réservoirs plus grands sont installés vers le nord de l’Aile des Nobles ; entre 1704 et 1709 : des bosquets furent remaniés, renommés, suggérant l’austérité qui marqua les dernières années du règne de Louis XIV, tel le bosquet du Marais, du Théâtre d’Eau remanié en l’Ile aux Enfants.
Histoire du Chateau de Versailles après la mort de Louis XIV
En 1715, à la mort de Louis XIV, le nouveau roi n’est qu’un enfant, son tuteur Philippe d’Orléans quitte Versailles le 9 septembre pour s’installer dans sa résidence du Palais Royal. Pendant cette régence, le duc de Noailles proposa de raser le château ! Mais bien heureusement, il n’eut pas d’appuis suffisants…
En 1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visite Versailles et réside au Grand Trianon.
Quelques années plus tard, en 1722, Louis XV, 22 ans, se réinstalle à Versailles dans les appartements de Louis XIV. Il est soucieux de faire respecter les traditions de l’époque, mais le château ne retrouva plus le lustre des années Louis XIV. Louis XV n’affectionnant pas particulièrement Versailles, lorsqu’il y était, il se réfugiait dans les Petits Appartements, ou au Trianon, à Marly, Compiègne ou Fontainebleau.
Il fit quand même quelques transformations : démolition de l’appartement des Bains et l’escalier des Ambassadeurs ; construction du salon d’Hercule, de l’opéra et du Petit Trianon ; transformation des appartements du Roi, de la Reine et des princes, afin que cela soit plus conforme aux goûts de l’époque et plus confortables, (travaux faits par Gabriel) ; décoration de la grande salle ou salon d’Hercule, avec les parois recouvertes de marbres choisis par Louis XIV, la nouveauté résidait dans le plafond compartimenté d’aucun cadre sculpté. Le salon d’Hercule reliait les appartements du Roi au vestibule de la chapelle.
En 1729, début des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la Reine, qui se termineront en 1735. Le salon d’Hercule fut en travaux de 1729 à 1736. Il se trouve à l’emplacement de l’ancienne chapelle. La décoration du plafond représente l’Apothéose d’Hercule, le mur du fond décoré par une immense toile de Véronèse offerte à Louis XIV en 1664. L’inauguration eut lieu en 1739 lors d’un bal donné à l’occasion de la fille aînée de Louis XV. Ce salon servit aux grandes occasions : mariage du duc de Chartres en 1769, naissance du Dauphin en 1782.
De 1738 à 1760, l’appartement des Collectionneurs de Louis XIV furent constamment remanié. Puis le Bassin de Neptune fut achevé en 1741. En 1750, Louis XV introduisit un nouveau type de pièces : la salle à manger des retours de chasse, et la même année dans le secteur qu’occupe actuellement le Hameau de la Reine, Louis XV fit construire et entretenir des jardins botaniques.
En 1752, le roi fait procéder à la destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la Petite Galerie et du cabinet des Médailles. Ces deux « témoins » de Louis XIV furent détruits pour la création de l’appartement destiné à l’ainée des Filles de France : Madame Adélaïde. Louis XV entama ensuite en 1755 la seconde transformation des lieux : l’ancien Cabinet du Roi ou du Conseil et le Cabinet des Thermes ou des Perruques furent réunis pour créer le Grand Salon du Conseil. Au second étage, se développaient les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du château, aucune dorure ne colorait les boiseries. Des couleurs vives et variées égayaient les statues. L’élément essentiel de cet appartement était une petite galerie éclairée sur la cour de marbre.
De 1758 à 1770, il y eut la construction de l’Opéra Royal, à l’extrémité de l’Aile Nord du château. La première salle de spectacle crée fut rapidement trop petite, Madame de Pompadour faisant partie d’une troupe de comédiens, les petits théâtres étaient insuffisant pour les spectateurs. L’Opéra Royal fut donc inauguré lors du mariage de son petit fils avec l’archiduchesse Marie Antoinette en mai 1770.
Gabriel effectua de multiples travaux afin de loger toutes les princesses, car au fil des années toutes ces dames changeaient d’appartements, passant de l’Aile du Midi à l’Aile du Nord, au rez-de-chaussée du Corps central, ainsi l’Appartement des Bains, l’Escalier des Ambassadeurs et le cloisonnement de la Galerie Basse ont disparu. Louis Philippe détruira ces appartements, mais quelques boiseries restent et témoignent du luxe de l’époque.
Selon la tradition instaurée par Louis XIV, le dauphin et son épouse entrent en possession des 2 appartements du rez-de-chaussée, situés sous l’appartement de la Reine et sous une partie de la Galerie des Glaces. Au 19è siècle, tout fut ravagé, seules la chambre du dauphin et la bibliothèque furent conservées.
De 1761 à 1769, le petit Trianon est construit par Gabriel ; la même année la princesse Adélaïde déménage et son appartement est réuni à celui de Louis XV, les deux pièces principales formant la Chambre du Roi.
En 1772, Gabriel débuta les travaux de son « Grand Projet » : reconstruction des façades côté ville, les travaux ne furent jamais achevés, seule l’Aile Louis XV fut terminée. A l’intérieur, les travaux sur le « Grand Degré » seront achevés en 1785.
A la fin de l’ancien Régime, le palais sera la résidence royale la plus luxueuse de toute l’Europe.
Sous Louis XVI, la vie à Versailles déclinait de jours en jours, la famille royale et les courtisans fuyaient. Le château se révéla être un gouffre financier. Une rénovation profonde des bâtiments devenait urgente en raison de l’absence de commodités : salle de bains, chauffage dans les appartements. Le projet fut ajourné jusqu’à la Révolution. Marie Antoinette imposa d’importantes dépenses pour l’aménagement du Petit Trianon. Les grandes fêtes à Versailles n’eurent plus lieu, sauf celle de l’Assomption le 15 août où tous les courtisans devaient être présents ; c’est au cours de la cérémonie de 1785, que le roi fit arrêter le Cardinal de Rohan, compromis dans l’affaire du Collier de la Reine.
En 1774 et 1775, inspiré par les Philosophes, Louis XVI fit replanter totalement les jardins, des arbres et arbustes datant de Louis XIV furent abattus pour transformer les jardins français de Le Nôtre en jardins à l’Anglaise. Mais la topologie du domaine ne favorisait pas les jardins à l’Anglaise : ces jardins sont caractérisés par des formes irrégulières. Les jardins furent donc replantés à la Française. Louis XVI fit supprimer les palissades formant des murs pour les remplacer par des tilleuls ou des marronniers. Il fit construire la grotte des Bains d’Apollon, grotte en rocaille.
En 1778, Louis XVI ordonna la destruction du Labyrinthe de Louis XIV. A la place, fut crée un arboretum avec des exemplaires exotiques. Ce sera dans cette partie de jardin qu’aura lieu l’épisode du Collier de la Reine, compromettant Marie Antoinette.
Lors de son avènement, Louis XVI fit construire et aménagée une pièce pour lui : la Bibliothèque. La décoration est confiée à Gabriel, les sculptures à Rousseau, deux globes terrestre et céleste complètent le décor en 1777. C’est dans cette bibliothèque que Louis XVI décide l’arrestation du grand aumônier, après avoir été conseillé par le baron de Breteuil et le Garde des Sceaux Miromesnil. En 1783, le Cabinet doré reprend sa première destination : Louis XIV y abritait ses collections, Louis XV y exposait sa vaisselle en or, mais Madame Adélaïde rattacha cette pièce à ses appartements et en fit son cabinet de Musique. Louis XVI y exposa à nouveau ses collections, ce cabinet deviendra le Cabinet des Papillons.
Versailles a vu l’apogée des Bourbons, mais aussi la chute : les Etats Généraux de 1789 se tinrent à Versailles.
Versailles dans le tumulte de la Révolution
En octobre 1789, le peuple de Paris, conduit par les femmes, marche sur Versailles, les grilles du château sont fermées, une fusillade éclate, le peuple pénètre malgré tout dans le château et ramène la famille royale à Paris. Le château ne retrouvera jamais ses fastes. La ville de Versailles se dépeuple : de 51 000 habitants, elle passera à 39 000 en 1791. Le mobilier du château est transporté dans des gardes meubles. Le magnifique bureau de Louis XV sera affecté au Ministère de la Marine.
Début 1791, les tableaux, les glaces et les emblèmes royaux sont décrochés des murs, les œuvres d’art envoyées au Louvre, devenu Musée Central des Arts en 1792 : « Versailles fut déroyalisé », la bâtisse échappa à une vulgaire démolition. Les livres et les médailles allèrent à la Bibliothèque municipale de la ville de Versailles.
Puis en 1792, sur ordre de la Convention, certains arbres furent abattus, certaines parties du Grand Parc vendues. Le Directeur des Jardins Botaniques fit pression sur le gouvernement révolutionnaire afin de sauvegarder les jardins. Il y réussit à condition que les parterres puissent être plantés de potagers et les vergers transformés en espaces publics. Ces plans ne virent jamais le jour, mais les jardins furent ouverts à tous, il n’était pas rare de voir des gens occupés à faire leur lessive dans les fontaines et étaler le linge sur les arbustes. La résidence royale fut transformée en cité des arts : l’appartement de Mesdames, au rez-de-chaussée de l’aile nord se transforma en Musée d’histoire Naturelle, l’aile des Ministres accueillit l’Ecole Centrale de Seine et Oise, le salon d’Hercule fut transformé en école du modèle vivant, future école des Beaux Arts, la salle de l’Opéra en conservatoire de musique.
En 1793, la Convention vend à l’encan le mobilier du château : 17 180 lots étalés sur les années 1793 à 1796, les plus belles pièces partent en Angleterre, meublant le Palais de Buckingham ou le Château de Windsor.
Napoléon songea un temps à transformer le château et en faire son palais impérial. Il disait : « ce qui est grand est beau », il estimait pourtant Versailles trop petit, il ne s’y sent pas à l’aise. Il déclara un jour à l’architecte Fontaine : « pourquoi la Révolution qui a tant détruit, n’a-t-elle pas démoli le château de Versailles ! je n’aurais pas aujourd’hui un tort de Louis XIV sur les bras, un vieux château mal fait, un favori sans mérite à rendre supportable ». Il refusa Versailles en tant que Palais Impérial, et évita les dépenses supplémentaires, en ne faisant que les restaurations nécessaires. Trianon le séduisait davantage, il y fit quelques travaux et le remeubla dès 1805. Mais il procéda à l’abattage catastrophique des arbres du bosquet de l’Arc de Triomphe et celui des Trois-Fontaines. Suite à l’érosion de la terre, il a fallu replanter de nouveaux arbres.
En 1815, Philippe Antoine de Noailles, prince de Poix devient gouverneur de la Maison Royale de Versailles et de Trianon.
Louis XVIII songea à réinvestir Versailles. Mais devant l’aspect financier et moral (un retour de la royauté à Versailles serait considéré comme une provocation) il abandonna ce projet. En 1817, il marqua « son passage » en ordonnant la transformation des deux bosquets : celui de l’ile du Roi et le Miroir d’eau en jardin à l’Anglaise pour former le Jardin du Roi.
Versailles depuis le XIXe siècle
Ce n’est que grâce à Louis Philippe Ier, roi des Français, que Versailles sera définitivement sauver de la ruine et de toutes autres menaces possibles. Il décide donc de l’offrir aux français. En 1833, il décrète la transformation du château en musée en confiant cette tâche à son ministre le comte de Montalivet. Le musée célèbrera les conquêtes militaires depuis Clovis à l’Ancien Régime, de la Révolution Française à l’Empire et à la Restauration. Les travaux de restauration seront payés sur la cassette personnelle du roi et s’élèveront à plus de 23 millions de Francs. Il fit également restaurer le Grand Trianon pour son usage personnel. La Galerie des Batailles a été spécialement conçue pour Louis Philippe : 120 m de long sur 13 m de large, dans l’Aile du Midi, ornée de 32 tableaux célébrant les batailles militaires glorieuses, de la Bataille de Tolbiac à celle de Wagram.
L’inauguration du Musée dont la dédicace est : « à toutes les gloires de la France » a lieu en juin 1837. Ce sera la principale source de l’histoire de France avec plus de 6 000 peintures et 3 000 sculptures. Le roi des français avait érigé l’unité de la nation en programme politique. L’Histoire était convoquée pour en faire la constante démonstration.
Lors de l’inauguration, un banquet de 1 500 couverts fut préparé dans la galerie des Glaces et les salons des grands appartements, puis fut joué le Misanthrope, enfin une promenade aux flambeaux divertit les visiteurs jusqu’à 2 heures du matin.
Citons les mots de Victor Hugo à cette occasion : « ce que le roi Louis Philippe a fait à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c’est avoir été grand comme roi et impartial comme philosophe, c’est avoir fait un monument national d’un monument monarchique, c’est avoir mis une idée immense dans un immense édifice, c’est avoir installé le présent dans le passé, 1789 vis – vis de 1688, l’empereur chez le roi, napoléon chez Louis XIV, en un mot c’est avoir donné à ce livre magnifique qu’on appelle l’histoire de France cette magnifique reliure qu’on appelle Versailles ».
En 1860, une bonne partie des vieux arbres de l’époque de Louis XVI fut abattue et remplacée. La replantation ne commença qu’en 1883 pour cause de guerre franco-allemande et chute du Second Empire.
Napoléon III fit quelques travaux, mais se garda de reprendre les projets extravagants de son oncle. Lors de l’exposition Universelle de 1867, des meubles prestigieux furent réintégrés dans le Patrimoine du château, grâce à l’impératrice Eugénie qui vouait un culte à Marie Antoinette.
Pendant la guerre de 1870, lors du siège de Paris, le château devient le quartier général de l’armée prussienne. L’empire Allemand fut proclamé dans la Galerie des Glaces en janvier 1871. Durant la Commune, Thiers et son gouvernement s’y réfugièrent et y restèrent jusqu’en 1879. Versailles retrouvait son rôle de place de gouvernement, la population qui était de 40 000 habitants passa à 150 000.
Le château servit également pour l’élection des présidents de la IIIe et de la IVe République. Le traité de paix, dit Traité de Versailles mettant fin à la Première Guerre Mondiale y fut signé en juin 1919.
De nos jours, Versailles est un palais national à la disposition de la Présidence de la République, accueillant les chefs d’Etats Étrangers, lieu de réunion du Congrès du Parlement.
Quelle est la superficie du Château de Versailles ?
La superficie du Château de Versailles est d'environ 63 154 m², à laquelle il faut ajouter les 815 ha du parc attenant, ce qui en fait le plus grand château du monde devant celui de Windsor. De nombreux monuments et bâtiments s'y trouvent, comme par exemple le Petit et le Grand Trianon, mais également l'immense jardin créé par Le Nôtre ainsi que le Grand Canal et la pièce d'eau des Suisses.
Quel est le nombre de chambres au Château de Versailles ?
Le château contient 2300 pièces. L'on y trouve également 67 escaliers, 352 cheminées, 2153 fenêtres, plus d'une centaine de pendules, et la fameuse galerie des Glaces est composée de 357 miroirs !
Sources
- Histoire de Versailles de Jean François Solnon. Tempus, 2003.
- C’était Versailles d’Alain Decaux. Tempus, 2007.
- Visiter Versailles de Béatrix Saule – Conservateur en chef.
- Le Jardinier de Versailles d’Alain Baraton.