jules hardouin mansartJules Hardouin-Mansart était un architecte français du XVIIe dont l'œuvre marque l'apogée du style Louis XIV. Son nom évoque les « Mansardes » de nos toits, même si ce n'est directement Hardouin-Mansart qui en soit à l'origine. On doit entre autres à ce « grand patron de l’architecture du Roi Soleil » l'achèvement du château de Versailles, sa galerie des Glaces ainsi le le Grand Trianon. Il est aussi à l’origine de bâtiments administratifs comme la façade de l’Hôtel de Ville de Lyon, de châteaux tel celui de Dampierre, d’édifices religieux comme l’église Saint Roch à Paris...

 

Vous avez dit mansardes ?

Jules Hardouin-Mansart est né en avril 1646 à Paris. Sa famille de peintres et de sculpteurs, originaire de Beauvais, s’est installée dans la capitale au temps d’Henri IV. Grâce à sa mère qui est la nièce de François Mansart (1598-1666), architecte sous Louis XIII, Jules, septième enfant, apprend la peinture, puis est recueilli par ce grand oncle qui lui inculque le métier d’architecte. Ayant pour maître Libéral Bruant, il participe à différents chantiers, comme l’hôtel de Condé à Paris et l’hôtel de Vendôme, chantier sur lequel il est présenté à Louis XIV. A la mort de cet oncle, il accole son nom au sien…et se nomme alors Jules Hardouin-Mansart ! L’inventeur des mansardes ? Non !

Le terme « mansarde » date du XVIeme siècle. Paris s’agrandissant sans cesse, le peuple toujours plus nombreux à vouloir se loger, Pierre Lescot (1515-1578), architecte du Louvre, eut l’idée de se servir des combles des maisons pour y installer des pièces d’habitation. François Mansart, l’oncle de Jules, utilisait donc très régulièrement ce procédé dans ses plans ; rapidement les ouvriers en ont fait un nom commun « les mansardes ». Son nom passe à la postérité et ne peut être oublié.

Jules Hardouin-Mansart se lie au monde de la gravure parisienne après son mariage en février 1668 avec la fille d’un officier de la prévôté de l’Hôtel de Paris. Ayant conservé les anciens clients de François Mansart, il commence à être reconnu par les grands seigneurs qui lui confient l’élévation d’hôtels particuliers dans la nouvelle ville de Versailles (Créqui, Chaulnes…).

Les premières réalisations d'Harduin Mansart

S’inspirant de Le Vau, il réalise les plans de l’Hôtel de Ville d’Arles lors d’un voyage dans le Languedoc en 1673, travaux qui seront achevés en 1676. Se faisant remarquer par le ministre Colbert, le roi lui confie sa première mission en 1675 : rénover le château du Val dans la forêt de Saint Germain. Louis XIV cherche en effet un lieu de résidence proche de Paris. Hardouin-Mansart transforme ainsi « la simple maison du Val » en petit château avec une grande terrasse où le roi pouvait se promener en trouvant le repos et la tranquillité. C’est une petite mise à l’épreuve pour l’architecte qui accomplit sa mission avec brio jusqu’en 1677. En même temps, il travaille sur le château de Clagny pour la maitresse royale Mme de Montespan. C’est ainsi qu’en décembre 1675, il est admis à l’Académie Royale d’Architecture.

dome_invalidesSon ascension est très rapide : Louvois lui confie l’Eglise Royale des Invalides en 1676 et son fameux dôme de cent un mètres de haut en même temps que l’Eglise des Soldats surnommée l’Eglise Saint Louis des Invalides. L’année suivante, il supplante François d’Orbay à Versailles et va s’occuper de ce vaste chantier jusqu’à sa mort. Louis XIV le charge de Marly en 1679, puis du château de Saint Germain en Laye en 1680, Hardouin-Mansart reste malgré tout présent sur les autres chantiers parisiens comme les hôtels de Pomponne, les châteaux de Presles et de Montmirail.

Il obtient le titre de Premier Architecte du roi en 1681, un titre qui n’est plus porté depuis 1670 à la mort de Le Vau ; il entre ensuite dans l’ordre de chevalerie du Mont-Carmel et de Saint Lazare même s’il n’y a pas tout à fait droit, n’étant pas noble…Louis XIV s’en charge aussitôt. Anobli, il prend comme symbole  une colonne surmontée d’un soleil, encadrée de 2 aigles.

Protégé par Louvois, il s’installe dans le Marais, une maison rue des Tournelles qu’il fait transformer en hôtel particulier et décorer par les artistes des Bâtiments du Roi. Devenu Inspecteur Général des Bâtiments en 1685 et pour pallier à tous les chantiers en cours, il constitue un « bureau des dessinateurs » où il initie un grand nombre de décorateurs. De ce bureau, il en sort une multitude d’esquisses, de plans et de dessins conservés de nos jours à la bibliothèque nationale de Stockholm, documents importants pour la compréhension du processus d’élévation de ces édifices.

Toujours très occupé, il conçoit les places de Vendôme en 1677 et celle des Victoires en 1686, se penche sur la maison de Saint Cyr pour Mme de Maintenon en 1686 et participe avec Coysevox à la réalisation de la grande statue équestre du roi qui sera finalement installée à Rennes, tout en laissant son empreinte dans beaucoup de châteaux comme Dampierre pour le gendre de Colbert en 1682, la chapelle du château de Chambord en 1684, Chantilly pour les Condés, l’orangerie de Sceaux en 1686.

Hardouin-Mansart : l’architecte bâtisseur

En 1688, Louis XIV le pousse à transformer Trianon. Très apprécié du roi, il est promu chevalier de Saint Michel en 1693, puis Surintendant des Bâtiments en 1699 : une position qu’aucun architecte n’avait plus atteint depuis Philibert Delorme au XVIeme siècle. Réussissant à acheter une propriété dans le Bourbonnais, il devient comte de Sagonne en 1699, mais continue à œuvrer à la reconstruction de l’Hôtel de Ville de Lyon en 1701, puis à l’Eglise Saint Roch à Paris. Devant les demandes toujours plus nombreuses, il réforme l’Académie Royale d’Architecture en créant une seconde classe, tout en protégeant l’Académie de Peinture et de Sculpture.

facade_hdv_lyonPresque adulé, il aura des portraits, des bustes réalisés l’un par son ami Coysevox et l’autre par Lean Louis Lemoyne en 1703. Ces deux hommes se montreront rivaux à cette occasion. Lemoyne cherche à prouver et à montrer la réussite de Mansart : l’architecte porte la croix de l’ordre de Saint Michel, il est coiffé d’une perruque très volumineuse et vêtu d’un magnifique jabot de dentelle sous un large manteau. Cela ressemble plus aux portraits du roi réalisés par Coysevox. Homme illustre, en 1702 une médaille en bronze est réalisée à son effigie et son buste sera exposé au musée « à toutes les gloires de la France » de Louis-Philippe.

Il meurt subitement en 1708 à Marly, est enterré à Saint Paul, laissant une immense fortune d’un million et demi de livres, comprenant une grande collection de peintures et de sculptures, mais peu d’ouvrages de bibliothèque. Coysevox lui réalise un monument funéraire en 1712.

Les plus grands chantiers

Jules Hardouin-Mansart passera l’essentiel de sa vie d’architecte à Meudon et à Versailles. Sous Louvois et sous le Grand Dauphin, il joue un rôle fondamental pour le nouveau château de Meudon entre 1698 et 1704 et les transformations l’occuperont pendant vingt huit ans !

grand_trianonA Versailles, il passera trente deux ans de sa carrière à écouter, transformer, modifier les bâtiments, les jardins, les bosquets, sans jamais se lasser, toujours avec la même énergie et l’appui du Roi. Son entrée, il l’a fait par la porte des jardins et le bosquet de la Renommée en 1676. En 1678, on lui confie la Galerie des Glaces (conçue pour exposer les chefs d’œuvre de collection royale, uniquement les sculptures antiques ou assimilées), où son art, conjugué à celui du peintre Le Brun en fera un chef d’œuvre incomparable.

C’est à ce moment là qu’il supplante François d’Orbay le successeur de Le Vau en intervenant sur l’Escalier des Ambassadeurs, le salon de Vénus, les Offices du Roi et de la Reine de chaque côté de la cour royale. Il redessine les accès au château, les ailes des Ministres en 1679-1680, ainsi que la grille de la Place d’Armes et la grille royale, la Grande et la Petite Ecuries entre 1679 et 1683 en fer à cheval dont une partie des façades est uniquement en pierre de taille, puis il conçoit l’aile du Midi en 1678 alors que l’aile du Nord ne le sera qu’en 1685.

L’Escalier de la Reine est récréé, puis le salon de l’Abondance et le Cabinet des Médailles, sans oublier le Cabinet du Billard et le cabinet des Coquilles. Chargé des Bâtiments, il entame le Grand Commun entre 1682 et 1686 suivi de l’hôtel de la Surintendance des Bâtiments du Roi entre 1688 et 1692.

A l’extérieur, il se consacre à l’Orangerie entre 1681 et 1687 et ses grands escaliers, le bâtiment du Potager du Roi, le nouveau Parterre d’Eau, le bosquet de la Colonnade entre 1684 et 1686 ainsi qu’à la modification du bassin de Latone. La transformation de l’Anti Chambre de l’Oeil de Bœuf est réalisée en 1701, ainsi que la dernière chambre du roi installée au centre du château. Pendant ses dernières années, il s’occupe de la Chapelle Royale à partir de 1698 et de l’église Notre Dame de Versailles.

Un très grand homme

versailles galerie glacesConsidéré comme l’un des plus grands architectes français mais aussi européens (le canton de Vaud en Suisse et à Turin Victor Amédée II de Savoie le réclament), traité d’« artiste courtisan, d’architecte à perruque incapable et mondain » par Saint Simon, Hardouin-Mansart fut peut être un courtisan, mais a rempli tous les rôles jusqu’à obtenir la Direction des Bâtiments (puisque surintendant).

Incarnant le classicisme français, il est à la base d’une centaine de monuments que lui ont confiés aussi bien l’Eglise que les Grands, les Princes ou le Roi. Aidé en cela par sa « famille » qui sera présente dans la conception de bâtiments jusqu’à la fin du règne de Louis XV, il a été le favori du Roi Soleil, l’homme sur qui Louis XIV passionné d’art et d’architecture a pu se reposer, un homme de grand talent et d’une énergie sans faille. 

Bibliographie

Jules Hardouin-Mansart - Le chantier infini. Ouvrage collectif. Passages, 2020.

- Jules Hardouin-Mansart, d’Alexandre Gady – professeur d’histoire de l’art moderne, université de Nantes. 2010.

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