La langue de la Nation
Au Moyen Age, la France connaît une multitude de dialectes, qui varient considérablement d'une région à l'autre. Le français n'est alors qu'un parler parmi d'autres. Une grande partie de la population parle cette langue vulgaire (ou vernaculaire), tandis que le latin est la langue de l'Eglise, des clercs, des savants et de l'enseignement. Même si cette coexistence se prolonge jusqu'au XVIe siècle, le français va connaître un développement progressif pour peu à peu rayonner.
C'est l'ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier en août 1539, qui précise que pour qu'il y ait compréhension des arrêts de justice, ceux-ci doivent être écrits clairement en langage maternel français afin d'éviter «ambiguïté et incertitude». Ainsi, la vie publique devient indissociable de l'emploi scrupuleux du «langage maternel français». C'est cette même exigence qui conduit à la création de l'Académie française en 1635 par Richelieu. Sa fonction est de travailler, «avec tout le soin et toute la diligence possibles, à donner des règles certaines à notre langue».
Une orthographe complexe
L'orthographe doit être simplifiée pour que tout le monde puisse apprendre à lire. Vers 1650, on commence à supprimer des consonnes muettes à l'intérieur des mots (<< poictrine », « cognoissance », «escrire »), En 1667, soulagement général, les imprimeurs distinguent enfin le «i » du «j », le « u » du «v». C'est le point de départ d'une série de réformes qui s'opèrent en continu durant cent cinquante ans. Les évolutions sont naturelles, sans aucune polémique. La graphie la plus simple s'impose grâce à l' influence des maîtres d'école, qui veulent réussir l'enseignement de la lecture.
La grande réforme de l'orthographe (1835)
En 1835, l'orthographe française connaît sa dernière grande réforme en créant le français moderne avec, entre autres, le passage des formes en «oi » et en «ai» dans de nombreux mots et conjugaisons (je connois /]e connais) et la transformation du pluriel des mots en «-nt », passant de «-ns» à «nts» (des enfans/ des enfants). Les modifications ne se limitent pas à ces deux grands changements. L'uniformité de la prononciation depuis un siècle permet de régulariser en grande partie l'emploi des accents et de supprimer beaucoup de lettres effacées dans la prononciation.
Pour aller plus loin
- Histoire de la langue française, de Mireille Huchon. Poche, 2002.
- Introduction à l'histoire de la langue française, de Michèle Perret. Armand Colin, avril 2016.