Martin Luther (1483-1546) est un théologien allemand, à l’origine de la Réforme du christianisme qui a donné naissance à la religion protestante. Devenu prêtre en 1507, Martin Luther se consacre dès lors à l’étude des textes bibliques et tombe rapidement en désaccord avec les principaux enseignements de l’Église catholique. Rejeté par l’Église catholique, il commence la traduction de la Bible en allemand. Grâce à l’invention récente de l’imprimerie, les écrits de Martin Luther sont rapidement diffusés partout en Europe. Lorsqu’il meurt en 1546, plusieurs églises protestantes (ou luthériennes) ont été fondées dans le Nord de l’Europe.
Le contexte de la réforme de Martin Luther
La Réforme plonge ses racines dans une longue crise de l'Eglise catholique et de la conscience européenne à la fin du Moyen Age. Le déclin du prestige et de l’influence de la papauté, l'éloignement des populations à l’égard d’une religion devenue trop extérieure, l'aspiration à une redécouverte de la parole de Dieu sont autant de causes qui, parmi d'autres, expliquent la Réforme, c'est-à-dire une réaction contre les déviations de la spiritualité catholique et un effort pour revenir aux sources de la foi (les Ecritures) et à une relation plus directe avec Dieu.
Le parcours de Luther illustre bien cette époque de bouillonnement spirituel : d’origine paysanne, ce prêtre entré brutalement dans les ordres découvre avec indignation le luxe de la cour pontificale à l’occasion d'un voyage à Rome. Après une crise de conscience douloureuse, la révolte de Luther éclate en 1517, lorsqu'il rend publiques ses « 95 thèses », principalement dirigées contre les Indulgences (rémission par l'Eglise de la peine temporelle qu'un péché mérite). Luther considère que c’est la foi, et non les « bonnes œuvres », qui seule peut conduire au Salut. Ses thèses ont immédiatement un grand retentissement dans toute l'Europe, notamment auprès des humanistes.
Les fondements du protestantisme
Face à l'intransigeance des théologiens catholiques, Luther, dont les conceptions n'étaient pourtant pas irréconciliables avec la doctrine de l’Eglise, est amené à rejeter toute autorité ecclésiastique pour ne s’en remettre qu'à la Bible. Excommunié par le pape et mis au ban de l'Empire par Charles Quint (1521), il trouve refuge en Saxe auprès de Frédéric le Sage. Là, il entreprend une traduction allemande de la Bible pour permettre l'accès direct de chacun aux saintes Ecritures (cette traduction est aussi la « charte fondatrice » de la langue allemande).
Ses disciples régissent le culte : célibat des prêtres, abolition des images de saints... Inquiet des déviations induites par ses propres thèses, Luther prend, face aux mouvements populaires, le parti des princes protestants auxquels il confie la direction de l'Église nouvellement créée. Luther ne peut empêcher le conflit entre les princes protestants et l'Empereur catholique qui aboutira, en vertu du principe selon lequel un prince impose sa religion à ses sujets, au morcellement religieux de l'Allemagne, encore visible aujourd’hui.
L’œuvre de Luther pose les fondements du protestantisme. Les principes énoncés par le théologien constituent aujourd'hui encore les traits essentiels des Eglises protestantes : justification par la seule foi, primauté des Écritures, rapport directs avec Dieu à travers la Bible et la prière, ce qui implique une moindre importance des sacrements et de l'organisation ecclésiastique. Du vivant même de Luther, sa doctrine devait gagner l’Europe du Nord. Progressivement, la Réforme protestante allait arracher à l'Eglise catholique environ un tiers de l'Europe chrétienne (Europe du Nord et du Nord-Ouest).
Pour aller plus loin
- Martin Luther, bioraphie de Matthieu Arnold. Fayard, 2017.
- Luther : Ses sources, sa pensée, sa trace dans l'histoire, de Marc Lienhard. Labor et fiedes, 2016.