Hugues Capet, roi de France et fondateur de dynastie

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Hugues Ier Capet, duc puis roi de France de 987 à 996, est le fondateur de la dynastie des Capétiens. Après la mort inopinée du roi carolingien Louis V le Fainéant en 987, il obtient son élection comme roi des Francs grâce à la place décisive que sa famille a occupée au sein de l’administration et de la cour du royaume. Aux yeux des grands, élire un roi puissant est aussi un gage de protection face aux éventuelles convoitises des États voisins concurrents. Dès lors, le 3 juillet 987, Hugues Capet reçoit l'onction royale à Noyon, lors d’une cérémonie religieuse qui vise à conforter le nouveau souverain dans sa fonction. La jeune dynastie peut désormais compter sur une autorité et une légitimité d’origine divine.

 

Les origines d’Hugues Capet

Le père de Hugues Capet, le duc de France et comte de Paris Hugues le Grand, appartient à l’une des familles de féodaux les plus actives, celle des Robertiens, dont de glorieux représentants ont déjà été élevés à la dignité royale. À l’origine, les racines régionales de cette illustre maison sont à localiser en Anjou. Mais très vite, grâce à un sens politique accru, Hugues fait en sorte de valoriser la réussite familiale, au point que ses propres possessions, d’abord comprises entre la Seine et la Meuse, se voient ensuite complétées, après 943, par la Bourgogne. Familier ou allié des derniers souverains carolingiens, tels l’empereur Otton Ier, les rois Louis IV d’Outremer et Lothaire, Hugues le Grand a exercé, outre des prérogatives locales importantes, une influence considérable sur les institutions de l’État central. C’est pourquoi certains historiens en font parfois le vrai fondateur de la future dynastie des Capétiens.

Surnommé le « faiseur de rois », Hugues intervient en personne à de multiples reprises lors de l’élection ou du maintien en place de plusieurs monarques. L’accession à la royauté n’étant plus héréditaire dès la fin de l’époque carolingienne, seuls les grands barons et les principaux prélats de Francia occidentalis sont amenés à élire leur souverain, au prix de tractations et de concessions parfois lourdes de conséquences pour l’autonomie et le pouvoir de décision du futur roi.

À la fin de sa vie, la domination du duc de France et comte de Paris est telle que le roi Lothaire, ne faisant que confirmer certaines dispositions successorales, est contraint d’assister, impuissant, à la répartition des territoires d’Hugues entre ses différents fils. L’aîné, le futur Hugues Ier Capet, reçoit le duché de France, alors que le cadet, Eudes, se voit accorder le duché de Bourgogne.

Un trône à conquérir, une couronne à défendre

 Hugues Capet a réussi à s’imposer grâce à une alliance avec le monachisme. Il dispose d’abbayes riches en terres. Lié à Cluny par une très ancienne tradition familiale, Hugues est très influencé par l’esprit de cette abbaye dès sa jeunesse. L’un de ses premiers actes « royaux » est de protéger les monastères et leurs biens, et il gouverne avec les conseils d’Adalbéron, archevêque de Reims, son fidèle jusqu’à sa mort (989). 

Lorsque Lothaire disparaît en 986, Hugues ne cherche pas encore à disputer la couronne au fils du roi carolingien défunt, Louis V, associé au pouvoir depuis 979. Ce dernier meurt accidentellement dès 987, il ne reste plus qu’un Carolingien, le frère de Lothaire, Charles, duc de Basse-Lorraine, qui est très impopulaire.

Devant l’Assemblée réunie à Senlis puis à Noyon pour désigner le nouveau roi, l’intervention de l’archevêque est décisive. Hugues Capet est proclamé roi le 1er juin 987 et, le 3 juillet, Adalbéron le sacre à Reims. Mais Charles de Basse-Lorraine réussit à s’emparer de Laon (988) et, bientôt, la mort d’Adalbéron prive Hugues Capet de son plus solide appui. Ce dernier donne comme successeur au fidèle prélat Arnoul, qui avait livré Laon à Charles de Lorraine.

L’évêque de Laon, Ascelin, s’arrange pour faire tomber Charles de Lorraine, sa femme et ses deux fils aux mains du roi (991). Reste Arnoul. Hugues Capet tente de se débarrasser de lui en le faisant déposer par un concile. Mais il se heurte à l’opposition du pape.

Le règne d’Hugues Capet

Dès la première année de son règne, il assure l’avenir de sa dynastie : quelques mois après son élection, il associe à la royauté son fils aîné, Robert (30 décembre 987). Le pouvoir royal, exercé en commun, devient tout à la fois indivisible et héréditaire. Le royaume est partagé en une quinzaine de grandes principautés territoriales, gouvernées par des dynasties héréditaires qui échappent totalement à l’action royale. Le roi est sous la dépendance étroite de l’aristocratie qui l’a élu et de l’Église qui l’a sacré.

Le domaine royal est constitué par les pays qu’il possède personnellement au moment de son élection : Ile-de-France et Orléanais, pays d’Aisne et Oise, Compiègne, Reims et Laon. Une fois roi, il l’accroît en annexant Senlis et Dreux, par suite de l’extinction des dynasties locales. Il est l’«oint du seigneur», ce qui lui confère une force morale, un prestige religieux qui le rendent supérieur à tous les grands. Sans pouvoir prétendre à une politique ambitieuse, il réussit par sa modération à maintenir les positions de la royauté en face des grands vassaux et permet à sa dynastie de se perpétuer.

Il faudra du temps et de la patience aux capétiens pour consolider et agrandir le domaine royal, et ainsi affermir leur autorité. Au cours du XIIe siècle la suzeraineté royale finira par s’imposer à tous les seigneurs du royaume, tirant une force particulière du sacre et du soutien de l’Eglise. Le destin du royaume sera indissociablement lié à celui la dynastie capétienne pour huit siècle.

Le premier des capétiens

Hugues Ier Capet, d’abord duc de France et de bourgogne, suzerain des ducs de Normandie et d’Aquitaine, devient donc le premier roi de la nouvelle dynastie française des capétiens. Pourtant, à l’époque de son élection puis de son sacre et de son couronnement, personne ne peut prévoir que la nouvelle lignée dynastique demeurera jusqu’en 1792 à la tête de la maison royale française.

Au XIIe siècle, lorsqu’il faut dénommer cette dynastie définitivement implantée sur le trône de France, on choisit de l’appeler “capétienne”, en s’inspirant d’un surnom qui dès le XIe siècle avait qualifié le duc Hugues le Grand. Mais ce n’est qu’au XIIe siècle que le roi Hugues Ier, à la suite de son père, reçut à son tour le surnom de Capet, probablement parce que respectant l’usage de ses ancêtres, il était abbé laïc de Tours où un fragment de la cape de Saint Martin était conservé. C’est ce même surnom qui par dérision est accordé à Louis XVI après sa destitution.

L’arrivée au pouvoir de la jeune dynastie serait probablement passée inaperçu si les premiers monarques n’avaient pas eu l’intelligence d’associer leur fils aîné au trône durant leur propre règne. Grâce à cette corégence, une réelle continuité monarchique peut se mettre en place au sein de la famille robertienne devenue souveraine. Les premiers rois capétiens font élire et couronner leurs fils héritier de leur vivant, de sorte que dès 1174, l’hérédité se substitue finalement à l’élection. Dans ce contexte de stabilité et de continuité dynastique, la paix et l’abondance peuvent s’installer durablement. Les campagnes, les villes et les monastères se développent, alors que les échanges commerciaux s’intensifient.

Bibliographie

Hugues Capet : Le Fondateur, de Georges Bordonove. Pygmalion, 2011.

Hugues Capet : Naissance d'une dynastie. Biographie historique d'Yves Sassier. fayard, 1987.

Les Capétiens : Histoire et dictionnaire (987-1328). Ouvrage collectif, Robert laffont, 1999.

 

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