Henri II, roi de France de France de 1547 à 1559, est surtout célèbre pour sa mort tragique à la suite d’une blessure infligée à l’oeil lors d’un tournoi. Fils du roi François Ier et de Claude de France, il épouse Catherine de Médicis, une aristocrate florentine richement dotée. Peu après son mariage, il prit pour maîtresse Diane de Poitiers qui allait exercer une grande influence sur la politique du roi, après son accession au trône en 1547. Henri II continua la guerre menée par son père contre l'empereur du Saint Empire romain germanique Charles Quint, sans plus de succès, puis tenta d'éradiquer les protestants. Trois fils de ses fils régnèrent après sa mort durant les guerres de Religion : François II, Charles IX et Henri III.
L'enfance malheureuse d'Henri II
Né à Saint-Germain-en-Laye en 1519, Henri II est le second fils de François Ier et de Claude de France. François Ier n’a guère préparé ce fils à gouverner, lui préférant longtemps son frère cadet, Charles d’Orléans, mort de la peste en 1545. Dès l’enfance, pourtant, il a été confronté à la « difficile » condition de prince. Le traité de Madrid (1526) comprend, en effet, la prise en otage des deux fils aînés de François Ier. Aussi Henri se retrouve-t-il, dès l’âge de sept ans, contraint de vivre quatre ans en détention à Villalba, puis à Villalpando en espagne. Ce séjour forcé dans des conditions détestables marquera à jamais son caractère qui demeurera austère et renfermé.
C’est à Diane de Poitiers que François Ier confie l’éducation de son fils cadet après son retour en France. La jeune femme sait gagner l’affection du prince, dont le mariage avec Catherine de Médicis en 1533 ne met pas fin à l’influence de Diane, qui deviendra la maîtresse du roi. En 1536, la mort de son frère aîné François fait d’Henri le dauphin de France. Il monte sur le trône à la mort de son père le 31 mars 1547.
Un jeune roi sous influence
Avant même son sacre à Reims, le 26 juillet 1547, il prend en main le gouvernement. Il commence par réformer les mœurs de la Cour puis, en 1548, organise une expédition en Écosse destinée à arracher la petite Marie Stuart des griffes des protestants. Henri II fiance la jeune reine d’Écosse à son fils aîné. Enfin, il envoie son favori, Charles de Brissac, prendre la mesure des intentions de Charles Quint. Aussi faible de caractère qu’il est fort et solide d’aspect, le jeune roi subit de multiples influences, souvent contradictoires : celle de Diane de Poitiers, de Catherine de Médicis, des Guise, du connétable de Montmorency.
Il s’attache les services du connétable Anne de Montmorency, tombé en disgrâce à la fin du règne précédent et réhabilité ainsi comme premier conseiller. Ce vieil homme arrogant, jaloux et partisan déclaré de la paix ne cesse de lutter contre les Guise (toujours prêts à faire la guerre), contre le cardinal de Lorraine, contre les calvinistes. Henri II se retrouve, tout au long de son règne, partagé entre les intrigues des Guise, des Montmorency et l’avis de sa chère maîtresse, Diane de Poitiers. Cela flatte son goût pour les controverses.
À l’intérieur, Henri II fonde comme organe de gouvernement les quatre secrétariats d’État qui administrent la France, divisée géographiquement. Ces fonctionnaires ont dans leurs circonscriptions des attributions militaires, financières et judiciaires. En 1551, sous prétexte de décharger les parlements, mais en réalité dans un objectif fiscal, Henri II établit les présidiaux, tribunaux qui ont la compétence judiciaire des baillis et des sénéchaux.
Cette multiplication des rouages judiciaires encourage les plaideurs, déjà très nombreux, et ne remédie pas aux lenteurs de la justice. Les révoltes fiscales, fréquentes, sont sévèrement réprimées. À la fin du règne d’Henri II, la dette publique se monte déjà à 43 millions de livres tournois.
Henri II contre l’Empire
En politique extérieure, le roi de France, par nature, s’intéresse plus volontiers aux frontières du nord et de l’est de la France qu’à l’Italie. Humilié en prison pendant son enfance par Charles Quint durant les guerres d'Italie, il profite de son avènement pour prendre sa revanche. Il lutte contre les princes allemands de la Ligue de Smalkalde. En s’alliant aux princes protestants allemands révoltés contre Charles Quint par le traité de Chambord (janvier-février 1552), le roi réussit à s’emparer des Trois-Évêchés, Metz, Toul et Verdun (1552), qui sont de langue française. François de Guise, assiégé à Metz (octobre 1552), organise la défense avec brio et sort du combat auréolé par sa victoire. Battus à renty le 13 août 1554 par François de Guise et le maréchal de Tavannes, les impériaux sont par contre victorieux en Italie l’année suivante.
De guerre lasse, Charles Quint, vieilli, accorde à Henri une trêve de cinq ans, la trêve de Vaucelles (février 1556), et abdique peu après (septembre 1556). Outre les Trois-Évêchés, la France est autorisée à garder le Piémont. Dès 1556, la trêve est rompue. La guerre reprend sur mer puis en Italie, où les Français n’engrangent que des défaites.
Boulogne est néanmoins repris par les Français en 1556. Le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, général à la solde de l’Empire, se dirige vers Saint-Quentin. Montmorency est fait prisonnier (août 1557), mais Coligny a l’intelligence de se jeter dans la place, de soutenir le siège et d’arrêter ainsi la marche du duc sur Paris.
Le roi Henri II est battu à Saint-Quentin (1557) par le roi d’Espagne Philippe II. En revanche, secondé par l’opiniâtreté de François de Guise tout juste revenu d’Italie, il reprend Calais (1558), aux mains des Anglais depuis deux siècles. Confronté aux difficultés financières et à la lutte contre les protestants, Henri II décide de mettre fin aux guerres d’Italie en signant la paix du Cateau-Cambrésis (1559).
Par ce traité, la France rend la Savoie, le Bugey, la Bresse et le Milanais. Elle garde Pignerol, le marquisat de Saluces, Metz, Toul, Verdun et Calais. Le traité stipule en outre que la sœur d’Henri II doit épouser le duc de Savoie, et Philippe II, veuf de Marie Tudor, Élisabeth, fille d’Henri II.
La fin de règne d’Henri II
Le roi a alors les mains libres pour combattre les protestants. Catholique pieux et intransigeants, Henri II les a poursuivis dès le début de son règne. En décembre, le roi décide que tous les livres imprimés en France ou à l’étranger doivent être soumis au visa de la faculté de théologie. Les protestants surpris dans l’exercice clandestin de leur culte risquent la mort. Malgré cette rigueur, le calvinisme se répand un peu partout en France et de nombreux nobles se convertissent. En juin 1559, l'édit d’Ecouen invite les tribunaux à punir de mort les protestants qui apparaissent devant eux. Les guerres de Religion commenceront un an après.
Henri II a été le dernier monarque français à participer à des tournois de joute. Au cours des fêtes données à l’occasion du mariage de sa fille Élisabeth, le roi est mortellement blessé dans un tournoi organisé non loin des Tournelles, le 30 juin 1559, après avoir été blessé à l’oeil par un coup de lance porté par Montgomery, capitaine de sa garde écossaise. Après une longue et douloureuse agonie, il meurt le 10 juillet 1559. Ayant eu dix enfants de Catherine de Médicis, il laisse le pouvoir à son fils aîné de quinze ans, François II. Deux autres de ses fils règneront sous les noms de Charles IX et d'Henri III.
Henri II, comme son père, a été un ardent défenseur des arts et sa Cour est l’une des plus brillantes d’Europe. Ronsard et la Pléiade célèbrent ses triomphes. Son tombeau ainsi que celui de sa femme se trouvent aujourd’hui à Saint-Denis.
Bibliographie
- Henri II, de Didier Le Fur. Biogvraphies Tallandier, 2009.
- Henri II : Roi gentilhomme, de Georges Bordonove. Pygmalion, 2007.