Roi de France de 1515 à 1547, François Ier est passé à la postérité grâce à la bataille de Marignan, remportée par le "roi-chevalier" en 1515. Fondateur de la dynastie des Valois, grand amateur de femmes et de chasse, grand prince de la Renaissance française et protecteur des arts et des lettres, son règne a profondément marqué le XVIe siècle. L'influence des nobles diminue au bénéfice du monarque, et en 1539, grâce à l’ordonnance de Villers-Cotterêts, le français devient la langue des actes officiels. Pourtant, de ce grand jeune homme de deux mètres dont il n’avait pas une bonne opinion, son prédécesseur Louis XII dira : « ce gros garçon gâchera tout ». Et de fait, François Ier plongera à plusieurs reprises le royaume dans une situation très périlleuse.
François d'Angoulême, futur François Ier
Né le 12 septembre 1494 à Cognac, François d'Angoulême est un prince de sang, cousin germain du roi de France Louis XII. Il est élevé par sa mère Louise de savoie, qui le confie aux bons soins du maréchal de Gié. Si le prince se montre studieux et assez appliqué, seuls les exercices militaires et physiques l'attirent. Excellent cavalier, il s'avère habile à la lutte et aux courses, qu'il domine de sa grande taille. Dans l'ombre, sa mère, qui a reporté sur son fils toutes ses ambitions, le prépare à l'exercice du pouvoir. François n'est pourtant pas destiné à la Couronne.
Pourtant en 1506, Louis XII n'a toujours pas d'héritier mâle. Inquiet pour sa succession, le roi se résoud à organiser les fiançailles de sa fille Claude de France avec François d'Angoulème. Nommé commandant en chef de l'armée de Guyenne, le jeune prince assiste au conseil du roi et le suit de partout en première place. Après la mort de Louis XII, François Ier devient roi et est sacré à Reims le 25 janvier 1515. Le 15 février il entre solennellement à Paris, à la tête d’un somptueux cortège, se prêtant de bonnes grâces aux réjouissances qu’on lui avait préparées.
Début de règne de François Ier
Aussitôt monté sur le trône, il distribua ses largesses, d'abord à sa mère le 4 février 1515, en érigeant en duché le comté d’Angoulême, auquel il ajouta l’Anjou, les comtés du Maine et de Beaufort, ensuite à sa sœur Marguerite en lui attribuant les revenus du duché de Berry, enfin à ses camarades d’enfance et d’adolescence tels que Bonnivet et Robert La Marck. Puis il mit en place son gouvernement et organisa sa cour, en octroyant à Louise le titre de Madame et la nommant régente chaque fois que ses déplacements l’exigeraient. Celle-ci poussa en avant son homme de confiance, qui devait être l’âme du nouveau régime et l’artisan du pouvoir absolu, un juriste auvergnat nommé Antoine Duprat.
Pour renflouer le Trésor, les grands corps furent confirmés dans leurs offices moyennant finances et de nouvelles charges furent crées. Quant à la Cour, notion encore imprécise à cette époque et importée d’Italie, elle se constitua de grands seigneurs et de leurs épouses qui suivirent le roi dans ses déplacements, en particulier lors des solennelles entrées dans les villes du royaume. La jeune Claude, timide, effacée et déjà enceinte, n’y parut guère : en août 1515, elle mettait au monde une petite fille appelée... Louise.
Préparé aux sciences militaires et à son métier de roi, le jeune François Ier brûlait de faire ses preuves. Quel terrain était plus propice pour se battre que le Milanais, sur lequel, comme son prédécesseur, il se jugeait des droits et dont il connaissait l’admirable culture ?
Le mirage italien
Riche et splendide depuis les débuts de la Renaissance, la péninsule italique est convoitée par les puissances européennes, notamment les rois de France. Aussi, depuis le règne de Charles VIII, la France est-elle en conflit ouvert avec le pape et les principautés italiennes, coalisés avec des princes européens dans une Sainte Ligue. En 1499, Louis XII conquiert le Milanais, mais doit le restituer après la défaite de Novare (6 juin 1513). S'étant attribué les droits de sa femme Claude sur le duché, François Ier cherche, à son tour, à le rattacher au domaine royal.
Après s'être garanti la neutralité d'Henri VIII d'Angleterre et l'appui des Vénitiens, le jeune roi lance une expédition dès 1515. La supériorité de l'artillerie française lui assure la victoire de Marignan sur les mercenaires suisses, alliés du duc de Milan. Ce succès militaire procure à François Ier, roi de vingt ans, adoubé chevalier sur le champ de bataille par le seigneur de Bayard, une immense popularité et une flatteuse réputation de bravoure.
Les ennemis de la veille doivent alors négocier avec le roi de France: le pape Léon X traite avec François Ier à Bologne, les Suisses signent une paix perpétuelle -qui permet à la France de lever dorénavant des troupes de mercenaires- et Charles Ier d'Espagne (futur Charles Quint) reconnaît à la France le Milanais contre le maintien de ses droits sur le royaume de Naples.
La rivalité avec Charles Quint
Candidat en 1519 au trône du Saint Empire romain germanique, François Ier se voit préférer par les Électeurs impériaux le roi Charles d'Espagne, qui, grâce à l'or des Fugger gagé sur les mines du Nouveau Monde, bénéficie d'une puissance bien supérieure à celle du roi de France. Les visées expansionnistes de Charles Quint («Toujours plus oultre», toujours plus loin) mettent le souverain de France en danger: petit-fils de Charles le Téméraire, Charles cherche à annexer la Bourgogne; empereur du Saint Empire, il réclame la suzeraineté sur les anciennes possessions du Dauphiné et de Provence.
Dès lors, encerclé de toutes parts par un souverain qui règne à la fois sur l'Espagne, les Flandres, l'Empire et une grande partie de l'Italie, François Ier n'a de cesse de se ménager des alliances avec les princes étrangers. Cependant, après la coûteuse et inutile entrevue du camp du Drap d'or (juin 1520), où il ne réussit pas à obtenir le soutien d'Henri VIII d'Angleterre, il se trouve acculé à la guerre avec l'empereur.
Dans le cadre des guerres d'Italie, les hostilités entre les deux souverains débutent en 1521. Très vite, les opérations tournent à la défaveur de la France: la défaite à La Bicoque (1522), où Bayard trouve la mort, livre le Milanais aux impériaux. L'année suivante, le connétable de Bourbon, grand commandant de l'armée royale, trahit son souverain, entre au service de Charles Quint et tente vainement une invasion de la Provence.
Enfin, en 1525, à l'issue du désastre de Pavie, le roi lui-même est capturé par les troupes de l'empereur; comme le roi l'écrit lui-même à sa mère: «De toutes choses, ne m'est demeuré que l'honneur et la vie sauve.» Durant son emprisonnement, Louise de Savoie assure la régence dans de dramatiques conditions qui ne sont pas sans rappeler la captivité de Jean II le Bon durant la guerre de Cent Ans.
Retenu à Madrid, François Ier doit signer le 14 janvier 1526 le traité de Madrid qui cède le Milanais et la Bourgogne à l'Empire, laissant en garantie ses fils le dauphin François et le prince Henri, futur Henri II. Il n'hésite pourtant pas à s'affranchir de ses engagements dès sa libération, relançant ainsi la guerre. Après l'alliance contractée à Cognac par François Ier, le pape, Venise et le duc Sforza de Milan (mai 1526), les troupes impériales mettent la Ville éternelle à sac (1527), et le pape doit signer un traité humiliant avec Charles Quint.
C'est pourquoi, afin de limiter les opérations belliqueuses sur l'Europe septentrionale, Louise de Savoie et Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint, s'accordent lors du traité de Cambrai, dit "Paix des Dames" (1529): confirmation de la possession française de la Bourgogne contre l'abandon des prétentions italiennes; l'année suivante, le mariage de François Ier, veuf depuis 1524, avec la sœur de l'empereur, Éléonore de Habsbourg, elle-même veuve de Manuel Ier, roi de Portugal, la paix des dames semble confirmer cette embellie.
Des nouvelles alliances
Cependant, conscient de la fragilité de cet apaisement, François Ier s'emploie à conclure de nouvelles alliances et offre en 1531, au grand scandale de l'Europe catholique, son soutien à la ligue de Smalkalde, formée contre Charles Quint par les princes luthériens allemands. D'autre part, il signe en 1535 un traité avec Soliman le Magnifique, comme lui désireux d'affaiblir la puissance des Habsbourgs; la guerre reprend alors dès l'année suivante lorsque l'empereur envahit la Provence. Repoussé par le duc Anne de Montmorency, qui obtient la charge de connétable en 1537, Charles Quint est contraint de signer une trêve de dix ans à Aigues-Mortes (1538).
Mais, comme la politique diplomatique de Montmorency pour l'obtention du duché de Milan reste vaine, François le congédie et relance le conflit dès 1542. Face à la coalition anglo-germanique, les troupes françaises reprennent Nice avec l'appui des Turcs en 1543; l'année suivante, le roi est victorieux à la bataille de Cérisoles.
Cependant, menacé d'une invasion du royaume du fait de son alliance avec des «infidèles», il signe le traité de Crépy avec Charles Quint (1544), puis celui d'Ardres avec Henri VIII (1546). Mettant un terme à une guerre ruineuse qui n'a pas réussi à ébranler l'équilibre de l'empire des Habsbourgs, ces accords consacrent l'abandon par la France de la Savoie, et la perte de l'Artois et de la Flandre.
François Ier, prince de la Renaissance
Ces multiples expéditions mettent très vite le souverain français en contact avec la Renaissance italienne. François Ier, marqué par le raffinement de son éducation, est très sensible à ce renouveau qu'il cherche à introduire en son royaume.
Il se fait alors le protecteur des intellectuels, notamment des humanistes du cénacle de Meaux, qui reçoivent déjà toute la sympathie de Marguerite d'Angoulême. Le théologien humaniste Lefèvre d'Étaples devient le précepteur des enfants du roi; l'érudit Guillaume Budé reçoit la charge de créer une bibliothèque royale à Fontainebleau, ancêtre de la Bibliothèque nationale; puis, en 1530, il se doit d'organiser un collège trilingue, futur Collège de France, au sein duquel les lecteurs royaux enseignent le grec, l'hébreu et le latin. À la cour, le monarque accueille des poètes comme Mellin de Saint-Gelais ou Marot, auquel il donne des charges officielles.
De même, le roi attire en France de grands artistes italiens ou étrangers, tels Jean Clouet (peintre officiel du roi de 1516 à sa mort), Fiorentino Rosso (qui remplace le premier de 1530 à sa mort), le Primatice (peintre, décorateur et architecte arrivé en France en 1531) ou Benvenuto Cellini (sculpteur invité de 1540 à 1545). Par cette politique d'invitation, François Ier inaugure le mécénat royal, repris par ses successeurs, notamment Louis XIV.
Mais c'est sans doute en accueillant Léonard de Vinci dès 1516 que François accomplit cette volonté d'adapter à la France l'art de la Renaissance. Après avoir installé l'artiste florentin au château du Clos-Lucé en Touraine, il lui commande de multiples œuvres dont le projet de construction du château de Chambord.
Grand bâtisseur, le roi fait également édifier les résidences royales de Saint-Germain, de Villers-Cotterêts et de Madrid (à Neuilly). Il fait redécorer le château de Fontainebleau (Rosso pour la galerie royale, le Primatice pour, notamment, la salle de bal) et le château de Blois (construction de l'escalier à claire-voie) dans le style italien. C'est sous son règne que l'école de Fontainebleau trouve son plein épanouissement.
Également influencé par les goûts italiens dans l'art du paraître, François Ier développe considérablement la cour du roi. Centre de la vie fastueuse et mondaine, elle se déplace au gré des plaisirs du roi dans les somptueux châteaux. Le roi y multiplie les fêtes, les concerts et les compositions théâtrales inspirées de la culture italienne, tout en conservant les traditionnelles cérémonies du Moyen Âge (entrées royales dans les villes, tournois et chasse).
Amateur de plaisirs, il entretient de nombreuses liaisons dont les plus marquantes restent la comtesse de Chateaubriand puis la duchesse d'Étampes. En attirant ainsi la noblesse, en multipliant les gages et faveurs, le souverain obtient un meilleur contrôle de cet ordre traditionnellement turbulent.
L'argent, le nerf de la guerre
À son retour de captivité en Espagne, François Ier avait repris d’une main ferme les rênes du royaume et, l’argent décidant des guerres, il jugea indispensable de disposer à sa convenance de ressources financières, clé de toute politique. Le problème financier s'était posé à tous les Valois. Traditionnellement, le trésor royal disposait de deux sortes de ressources : des revenus ordinaires, provenant du domaine privé du roi, et des revenus extraordinaires, qui, d’exceptionnels, ne tardèrent pas à devenir ordinaires et constituèrent bientôt les neuf dixièmes des ressources (aides sur le vin ou sur les animaux à pieds fourchus, péages, gabelle sur le sel et, enfin, le plus mal supporté de tous, la taille avec ses augmentations, ses «crues» levées au fur et à mesure des besoins). La taille ne frappait pas également les sujets du roi, car en étaient exonérés les nobles, les ecclésiastiques, la plupart des officiers du roi et les gens des villes.
Mal assise, arbitraire, la taille pouvait varier selon les « généralités » où opéraient trésoriers et généraux des Finances. De sorte que le trésor ne connaissait jamais exactement ses recettes. Il se contentait de signifier ses exigences, avec mission pour les trésoriers ou leurs receveurs et collecteurs de se débrouiller avec les contribuables au niveau des paroisses.
Les trésoriers et « généraux » étaient en quelque sorte les grands maîtres des finances. Ils appartenaient le plus souvent aux familles de banque et ils fournissaient ou prêtaient au roi au fur et à mesure de ses besoins. Les Beaune, les Briconnet, les Berthelot détenaient ainsi une énorme puissance comme créanciers du roi, car, malgré toutes sortes d’expédients, création ou vente d’offices, emprunts aux villes, la Couronne devait finalement s’en remettre à eux.
Le plus éminent personnage de cette oligarchie était un riche marchand, Jacques de Beaune de Semblançay que Francois Ier avait nommé « général » et dont il avait fait en quelque sorte un surintendant des Finances. Mais, dès 1521, si habile fût-il, Semblançay parvenait de moins en moins facilement à faire face aux sollicitations croissantes du roi qui devait payer ses soldats. Il put envoyer encore 360 000 livres à l’armée d’Italie, mais il refusa d’éponger le déficit suivant. «Les bourses sont closes», écrivit-il au roi.
Poussé par Louise, Francois se crut berné et il entama contre son financier un premier procès en 1524, procès qui tourna à l’avantage de Semblançay et le lava des accusations. Mais le roi de France n’entendit pas en rester là.
En 1527, il le fit à nouveau arrêter et il constitua la commission de « la Tour carrée » composée de membres entièrement à son service. Le procès dura plusieurs mois et son issue fut tragique : convaincu de fraude, Semblançay fut pendu le 12 août 1527 au gibet de Montfaucon, tandis que Marot composait en son honneur une épigramme demeurée célèbre... Semblancay ne fut pas seul à payer le prix de sa puissance. Bohier, Berthelot, Ruzé, Poncher furent à leur tour condamnés à des amendes énormes, mais rarement à la peine capitale. Après s’être affranchi de la tutelle du parlement, François venait de se libérer de l’oligarchie financière. Restait à entreprendre une réforme générale.
La consolidation de la monarchie
Grand et élégant, intelligent et calculateur, bien que souvent impulsif et superficiel, doté d'une prestance remarquée par tous les mémorialistes de son temps, François Ier est un souverain majestueux, ayant une haute idée de sa fonction. L’absolutisme connaît un progrès incontestable par le renforcement de la centralisation administrative, le développement de la vie de Cour - c’est François Ier qui forge la formule « car tel est notre plaisir » et l’expression imposée « Sa Majesté ».
Le roi gouverne personnellement, bien qu’assisté d’un Conseil (dit Conseil privé ou Conseil d’État), qui se compose de la famille royale, des princes du sang, de grands officiers et de quelques vieux serviteurs. Les membres du Conseil privé n’ont part au gouvernement que s’ils sont admis au Conseil des affaires, petit cénacle très fermé où dominent le roi et l’un de ses conseillers.
Dominé par des préoccupations guerrières, le règne de François Ier est caractérisé par un renforcement de l'autorité royale, préfigurant l'absolutisme: la confiscation des biens du connétable de Bourbon (1523), la réunion définitive de la Bretagne au royaume (1532), l'affirmation de la justice royale face à la justice seigneuriale, l'interdiction faite aux parlements d'user de leur droit de remontrance -ne leur laissant que le droit d'enregistrement- l'envoi d'intendants dans les provinces, l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) -imposant, entre autres, de rédiger les actes judiciaires et notariés en français et non plus en latin-, sont autant d'affirmations d'une volonté d'unification et de centralisation, dont les grands conseillers du roi, le duc de Montmorency, le seigneur de Bonnivet (v.1488-1525) et l'amiral Philippe de Chabot (v.1480-1543) se font les fidèles interprètes.
Parallèlement, la fondation du port du Havre par Bonnivet (1517), les encouragements apportés à l'explorateur Jacques Cartier marquent le souci du pouvoir d'ouvrir le royaume sur l'extérieur et de participer à l'expansion coloniale.
Alors que le coût des guerres contraint sans cesse à trouver de nouveaux expédients, la politique suivie en matière financière apparaît moins cohérente. Aucun système fiscal cohérent n’est mis en place et, pour satisfaire ses gros besoins d’argent (versé pour gagner à sa cause les princes allemands lors de sa candidature à l’Empire et pour son mécénat), il pressure ses sujets. La taille passe, entre 1517 et 1543, de 2 400 000 à 4 600 000 livres.
Si la création du Trésor de l'Épargne (1523) permet d'améliorer la collecte et le rendement de l'impôt, l'urgence commande souvent de contracter de lourds emprunts, d'avoir recours à des ventes massives d'offices, de favoriser l'inflation et de multiplier les titres (comme les rentes sur l'Hôtel de Ville, création du chancelier Antoine Duprat en 1522) qui grèvent de manière permanente le budget de l'État. Cette superposition de mesures provisoires, aussitôt pérennisées, demeure l'une des constantes du système fiscal français jusqu'à la Révolution française.
François Ier, chef religieux
Dès le début de son règne, François Ier veut affirmer sa souveraineté sur les trois ordres : la noblesse, le tiers état mais également le clergé. En 1516, il rencontre le pape Léon X et obtient, avec la signature d'un concordat, le droit de nommer les évêques en son royaume. Ce concordat de Bologne lui assure, malgré le pouvoir de confirmation reconnu au pape, le contrôle de l'épiscopat français. A cette époque, beaucoup de gens parmi le clergé et dans le monde de la pensée avaient pris conscience de la nécessité d’une réforme de l’Eglise.
L’ignorance, la concussion, le relâchement des mœurs caractérisaient bien souvent les prêtres qui parfois ne savaient même plus réciter le credo. La papauté se relevait difficilement de l’abaissement moral ou était tombé son magistère, les évêques cherchaient des bénéfices et le trafic des indulgences fut le prétexte choisi par Luther pour mettre le feu aux poudres et lancer la Réforme.
En matière religieuse, le roi montre, dans un premier temps tout au moins, une certaine tolérance vis-à-vis des protestants; proche des humanistes de Meaux - animés par l'évêque Guillaume Briçonnet, directeur spirituel de Marguerite d'Angoulême -, le roi œuvre en leur faveur lorsqu'ils sont soupçonnés de luthéranisme par la Sorbonne. Dans les années 1530, de par sa volonté de rapprochement politique avec les luthériens allemands, il étouffe les différents scandales religieux.
Mais, après l'affaire des Placards (octobre 1534), le roi prend conscience de l'ampleur du mouvement et permet au Parlement de déclencher une vague de persécutions, que l'édit de Coucy suspend par diplomatie (juillet 1535). Renforcée par l'édit de Fontainebleau de 1540, la persécution reprend bientôt avec comme terrible illustration le massacre de plusieurs centaines de Vaudois en Provence, en avril 1545. En définitive, même s'il a protégé ponctuellement quelques proches ou intellectuels, François Ier est resté durant tout son règne fidèle à Rome. L'affaire des Placards révéla pour la première fois que le protestantisme avait, en France, trouvé une véritable implantation. Son statut allait être la grande question posée à la monarchie française durant un siècle.
Miné par la syphilis, François Ier meurt le 31 mars 1547 en son château de Rambouillet. Le dauphin François étant décédé en 1536, son deuxième fils, âgé de 28 ans, accède au trône sous le nom d' Henri II.
Bibliographie
- François Ier : Un roi entre deux mondes, de Cédric Michon. Belin, 2018.
- François Ier, de Didier Le Fur. Perrin, 2015.
- François Ier, de Pascal Brioist. PUF, 2020.