Henri IV, promoteur de tolérance
Les guerres de religion divisaient la France depuis 1562. En 1572, les catholiques jugent l’édit de Beaulieu-lès-Loches (1576) trop favorable aux protestants. Henri III réhabilite les victimes des massacres de la Saint-Barthélemy et permet aux huguenots d’organiser leur culte dans certaines villes. En 1576, les catholiques forment alors la Ligue pour rétablir l’ordre dans le royaume de France. Ils s’opposent dans un premier temps à Henri III qui se rétracte en 1577. Après la mort du roi le 2 août 1589, les ligueurs soutiennent Charles de Bourbon contre Henri de Navarre, successeur désigné par Henri III. Mais ce dernier s’impose grâce à ses succès militaires. En 1593, sous les conseils de sa maîtresse, Gabrielle d’Estrées, il abjure le protestantisme.
Édit de Nantes : entre concessions et restrictions
En 1598, les protestants ne représentent qu’une petite partie de la population française. Ils appartiennent surtout aux élites de certaines régions comme l’Aquitaine, le Languedoc, la Normandie ou le Val de Loire. Néanmoins, ils exercent des pressions politiques et militaires importantes. Avec l’édit de Nantes, ils obtiennent quelques privilèges, mais leur religion ne se développe pas pour autant. Minoritaires, ils doivent accepter de nombreux compromis. Après quarante ans de lutte, les négociations prennent plusieurs mois. Cela explique la complexité du texte, composé de 95 articles auxquels sont joints 3 autres documents.
Le texte prévoit également le rétablissement de la religion catholique dans l'entièreté du royaume et la restitution des biens volés au clergé. Les catholiques obtiennent de nombreuse-compensations, surtout dans les villes où ils restent puissants. Ainsi, à Dijon. à Toulouse, à Beauvais ou à Châlons aucun temple ne peut être bâti. Dans ces mêmes villes, la prédication, l’ouverture d’écoles ou la publication d’ouvrages restent strictement interdites aux protestants, alors que les catholiques jouissent de ces privilèges dans tout le royaume. Outre ces restrictions, l’application de l'édit est soumise à la volonté royale. C’est pourquoi les libertés des protestants s’atténuent après le règne de Henri IV. Ainsi, le texte même freine le développement de la nouvelle religion en France.
La révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV
L'édit de Nantes, édit de tolérance, créa une situation profondément originale, en instituant un État dual, à la fois catholique et protestant. Les protestants formèrent une sorte d'État dans l'État, au grand mécontentement des catholiques. L'édit ne fut jamais totalement appliqué, même sous le règne d'Henri IV. Par l'édit de grâce d'Alès, en 1629, le cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII, abrogea ses clauses politiques. La persécution des huguenots reprit sous le règne de Louis XIV, qui craignait de voir ses sujets protestants, nombreux dans l'Ouest et le Midi, devenir les alliés d'une puissance étrangère (Provinces-Unies ou Angleterre) et souhaitait rétablir l'unité de l'Église de France.
Pour aller plus loin
- L'édit de Nantes et sa révocation, de Janine Garrisson. Points Histoire, 1987.
- L'édit de Nantes, de Bernard Cottret. Tempus, 2016.