L’expédition de Napoléon, à l'origine de l'égyptologie
L’égyptologie commence à se développer au XIXe siècle. Depuis l’Antiquité, des voyageurs décident de faire de la civilisation égyptienne un sujet d’étude. Au Moyen Age, les pèlerins en route vers la Terre sainte visitent les lieux d’Égypte cités dans la Bible. Mais avant le XIXe siècle, leurs récits ne comportent aucune rigueur scientifique. De 1798 à 1801, les troupes de Napoléon pénètrent dans le territoire égyptien. Une commission des sciences et des arts les accompagne. Ils collaborent avec les militaires pour élaborer un ouvrage colossal, la Description de l’Égypte (1809-1822), véritable inventaire des connaissances sur l’Égypte.
La mode orientale
La découverte de la richesse des civilisations orientales crée une nouvelle mode, suivie par les écrivains et les peintres romantiques. On peut songer à ce propos aux Orientales, le recueil d’Hugo publié en 1829, ou encore à différents tableaux de Delacroix. Les voyageurs dans ces contrées lointaines se font plus nombreux, parmi lesquels figure Gustave Flaubert. En octobre 1849, il quitte l’Europe en compagnie de l’écrivain Maxime Du Camp. Pendant un peu plus d’une année, ils séjournent à Constantinople, en Grèce, en Syrie, en Palestine et en Égypte.
Les monuments antiques fascinent Flaubert qui récolte ses impressions, ses expériences, ainsi que de nombreux documents, indispensables pour ses romans orientaux. Il rentre en France au début de l’année 1851. Avant de fixer son choix sur Carthage pour Salammbô, il hésite à écrire un roman égyptien. Comme beaucoup de ses contemporains, Flaubert se passionne surtout pour l’Orient ancien. Il déplore l’européanisation des pays orientaux qui, à ses yeux, ne peut supporter que la décadence. C’est pourquoi il situe Salammbô et (1862) et Hérodias (1877) dans l’antiquité.
L’art égyptien importé en France
De nombreux objets d’art égyptiens sont importés en France, à commencer par l’obélisque de la place de la Concorde, offerte par le vice-roi Muhammad Ali à la France en 1831. Elle arrive à Paris en 1836. Provenant du temple de Louqsor, elle est couverte de hiéroglyphes qui exaltent le règne de Ramsès II (v. 1304-1236 av J.C.)
Hormis le contrôle des autorités égyptiennes, aucune réglementation ne régule l’achat des objets d’art égyptiens au XIXe siècle. Par le biais de collections privées et publiques, statutes, obélisques et autres pièces d'architecture peuvent être admirées en France. Elles font connaître les valeurs et les canons esthétiques du pays des pharaons.
Auguste Mariette, le précurseur
En 1858, il crée le Service des antiquités de l’Égypte, dont il devient le premier directeur, et fonde un musée qui deviendra le Musée égyptien du Caire. Mariette se situe à mi-chemin entre la rigueur indispensable à tout travail archéologique et la volonté de faire connaître au public les merveilles en provenance d’Egypte. Il se charge des participations égyptiennes aux expositions universelles et à la création d’Aïda.
Les expositions universelles
En 1867, notables, bourgeois et gens du peuple se précipitent à Paris, à l’occasion de l'Exposition universelle. En tout, on compte quelque sept millions de visiteurs, impatients de pouvoir se promener dans le parc égyptien. Celui-ci est composé de quatre constructions qui évoquent l’Egypte pharaonique, musulmane et moderne. Il comprend également différentes curiosités comme des crânes de momies ou des bijoux.
Aïda, le premier "péplum"
Le parc de l'exposition de 1867 suscite au sein du public l’envie d’une représentation vivante de la civilisation égyptienne. Mais Mariette déplore l’inexactitude des décors et des costumes créés. Il décide alors de mettre son érudition au service de l’art et élabore le scénario de Aïda, un opéra de Verdi commandé par Ismaïl Pacha, le vice-roi d’Egypte. Il contrôle également la confection des costumes lors de la première représentation du spectacle au Caire en 1871.
Cette fois , il se laisse emporter par son imagination et l’esthétique finit par l’emporter sur la rigueur scientifique. Mariette éprouve quelques difficultés à adapter les évènements représentés dans les temples aux exigences de la scène des opéras modernes. Il exige également que les chanteurs abandonnent leur barbe et leurs moustaches anachroniques mais se voit opposer un refus. Cette infidélité provoque les moqueries des critiques lors de la première représentation au Caire. Malgré tout, la qualité qu’il apporte complète à merveille l’évocation exotique de l’Egypte pharaonique.
Durant les décennies suivantes et jusqu’à nos jours, l’engouement du public pour l’égyptologie restera constant; En témoigne le succès récent de l'Exposition Toutânkhamon à la Villette en 2019.
Pour aller plus loin
- Auguste Mariette : Un aventurier-égyptologue, d' Amandine Marshall. Mondes antiques, 2021.
- "Du haut de ces pyramides...": L'expédition d'Egypte et la naissance de l'égyptologie (1798-1850). fage éditions, 2014.
- L'exposition universelle de 1867. BNF, 2013.