Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Né à Montbard (aujourd’hui en Côte-d’Or), Georges Louis Leclerc entre au collège des Jésuites de Dijon en 1717, année où son père devient seigneur de Buffon et de Montbard. Il étudie le droit de 1723 à 1726, puis part pour Angers en 1728, afin d’étudier la médecine, la botanique et les mathématiques. Il passe ensuite deux années à voyager dans le sud de la France et en Italie.
Buffon passe le reste de son temps dans sa propriété où il rédige son Histoire naturelle dans une atmosphère familiale paisible. Il s’attire les critiques des universitaires de la Sorbonne en 1751. Ces dévots souhaitent la mise à l’index de son ouvrage car ses thèses vont à l’encontre de la Genèse. Il est toutefois soutenu par Madame de Pompadour.
L'Histoire naturelle, une œuvre collective et structurée
Buffon conçoit le plan de son œuvre au Jardin des plantes et invite ses collaborateurs à y travailler. Ainsi, Daubenton l’aide pour la partie sur les quadrupèdes, Guéneau de Montbéliard et l’abbé Bexon traitent des oiseaux, tandis que Faujas de Saint-Fond et Guyton de Morveau évoquent les minéraux. Trente-six volumes paraissent jusqu'en 1789. Les trois premiers volumes sont consacrés à l’Homme et à la Terre. Buffon se garde bien d’y évoquer Dieu. A ses yeux, l’homme, supérieur aux animaux, doit régner sur l’univers car il maîtrise le langage et la pensée. Il possède en outre la capacité de progresser, évolution certaine pour cet auteur optimiste.
Buffon abandonne la classification du règne animal en familles. Il met tous les animaux sur le même plan car ils lui paraissent organisés selon un même « dessein primitif ». Il suppose qu’ils descendent tous d’ancêtres communs et que leurs différences sont liées à leurs conditions de vie (climat, alimentation, etc.). Il préfigure donc les théories de Darwin sur l’évolution des espèces.
Enfin, à travers sept volumes supplémentaires, les Époques de la Nature, il complète ses théories sur la Terre. Il distingue sept étapes dans la formation de notre planète et de ses espèces. Une comète percute le Soleil et détache des masses de matières, les planètes. Ces masses se solidifient et des montagnes se créent. La température chute et les liquides, qui ne s’évaporent plus, couvrent la surface de la Terre. Les eaux se retirent et les volcans entrent en activité. Les animaux peuplent la Terre. Les continents se séparent. La puissance de l’homme relaie celle de la Nature.
Loin d’avancer des idées novatrices, Buffon a le mérite de synthétiser les théories de son temps en un système cohérent.
Les qualités scientifiques et littéraires de l'Histoire naturelle
Des époques de la Nature (1779), l’un des premiers traités de naturalisme de la Terre, comprend une description complète de ses caractéristiques minéralogiques, botaniques et zoologiques, et expose une théorie sur le refroidissement et le réchauffement de la planète. Cet ouvrage a ceci de remarquable qu’il affirme, le premier, que la Terre a une histoire, qui peut être observée par la géologie et l’étude des fossiles ; il propose, également, la première échelle des temps géologiques.
De nos jours, son œuvre apparaît dépassée d’un point de vue scientifique. Son intérêt réside principalement dans ses qualités littéraires. En tant que vulgarisateur de la botanique, il décrit les espèces avec une verve et une sensibilité appréciées de ses contemporains. Son ouvrage illustré connaît un immense succès partout en Europe, si bien qu'en 1753 Buffon entre à l'Académie française sans avoir introduit de demande.
Il met le style au service de la science. Il le conçoit comme la réunion des facultés intellectuelles. La raison structure le récit. L'âme le rend vivant et chaleureux. Parti de l'observation de bêtes vivantes, Buffon adapte son écriture à chaque modèle. Ses descriptions animales moralisantes font écho aux fables de La Fontaine. Celles des bouleversements de la Terre manifestent une prodigieuse imagination épique.
Cette œuvre grandiose occupera Buffon jusqu’à sa mort en 1788. Sa place au sein de la communauté intellectuelle et politique française lui vaut, en 1773, d’être fait comte de Buffon par le roi Louis XV. Pour l’écrivain et critique littéraire Charles Augustin Sainte-Beuve, il fait partie des « quatre grands hommes du XVIIIe siècle », aux côtés de Rousseau, Voltaire et Montesquieu.
Pour aller plus loin
- Histoire naturelle de Buffon, de Georges-Louis Leclerc Buffon. Place des victoires, 2020.
- Buffon, de Jacques Roger. Fayard, 1989.