Le choix de s'opposer à l'Allemagne nazie
Une résistance à l’envahisseur est apparue dans de nombreux pays occupés par l’Allemagne — notamment en France, en Pologne, en Yougoslavie, en Grèce, en Belgique — mais aussi en Italie contre le régime fasciste de Benito Mussolini. En France, cette lutte clandestine a été menée à la fois contre l’occupant allemand et contre le gouvernement français installé à Vichy (collaborant avec l’Allemagne).
Dans les pays envahis par l’Allemagne nazie, chaque individu réagit différemment à cette occupation en fonction de sa personnalité, de son passé, de ses convictions, parfois aussi en fonction de ses rencontres. Alors que la majorité des populations occupées cherche simplement à passer cette épreuve en vivant discrètement, certains se mettent à collaborer avec les vainqueurs (ce sont les collaborateurs) et d’autres décident de poursuivre la lutte contre l’ennemi (ce sont les résistants).
Les résistants sont ainsi des hommes et des femmes de tous les âges et de tous les milieux qui font le choix du refus, de la désobéissance et de la résistance à l’Allemagne nazie. Et c’est souvent simplement en discutant entre proches (amis, voisins, collègues) qui partagent les mêmes opinions, que se créent les premiers réseaux de résistance.
En France, la résistance s’organise
Peu à peu, les FFL et la résistance intérieure entrent en contact et travaillent ensemble. En 1942, Jean Moulin réunit ces mouvements pour former les Mouvements unis de résistance, dont la branche militaire est l'Armée secrète. Puis, en 1943, le général de Gaulle est reconnu comme chef de la résistance intérieure, unifiée au sein du Conseil National de la Résistance (le CNR). Enfin, en 1944 sont créées les Forces françaises de l'intérieure (les FFI) qui réunissent toutes les forces armées sous le commandement du général de Gaulle.
Les formes et moyens de résister
On distingue deux formes de résistance : la résistance passive (une petite action contre l’occupant, comme mentir à un policier) et la résistance active. Celle-ci (la Résistance, avec une majuscule) s’adonne à différents types d’activités : le renseignement pour préparer les actions armées, la propagande pour recruter de nouveaux résistants et faire circuler l’information, l’action armée et les actes de sabotage.
Distribuer un tract, diffuser les informations entendues sur Radio-Londres, imprimer ou distribuer des journaux clandestins, cacher des Juifs, héberger des aviateurs anglais, mais aussi aider quelqu’un à passer la ligne de démarcation (la frontière qui sépare, en France, la zone occupée de la zone libre) ou les frontières espagnole et suisse, dessiner sur un mur une croix de Lorraine (le symbole du général de Gaulle), aller manifester le jour de la fête nationale (le 14 juillet), sont des actes de résistance, tout autant que faire de faux papiers, cacher des armes, diffuser des renseignements militaires, faire sauter un train ou une usine qui collabore avec les Allemands, et saboter du matériel allemand.
Les résistants reçoivent des armes parachutées par des aviateurs anglais, mais doivent aussi en trouver par leurs propres moyens : par exemple en attaquant des dépôts d’armes et de munitions (des Allemands ou de l’armée française dissoute), ou en attaquant des policiers français pour leur prendre leur arme de service. Au printemps 1944, avant le « Jour J », des parachutages alliés permettent d’armer environ 120 000 hommes.
Les moyens de communication de la résistance
Ceux qui ont la chance d’avoir un poste de radio écoutent les émissions en langue française de Radio-Londres (notamment Les Français parlent aux Français) et en parlent ensuite autour d’eux. La BBC (la radio anglaise) les informe sur le conflit dans le monde, mais aussi sur ce qui se passe en France. C’est également elle qui donne des consignes aux différents réseaux de résistants, par le biais de messages codés.
Début juin 1944, dans les jours qui précèdent le débarquement des Alliés en Normandie (6 juin), ce sont des centaines de messages codés qui sont diffusés, toute la journée, sur les ondes de la BBC, la radio londonienne écoutée par les résistants français. Chacun s'adresse à un réseau particulier et a une signification très précise : « Messieurs, faites vos jeux » est un ordre de sabotage lancé le 5 juin 1944 (la veille du débarquement des Alliés en Normandie).
« Les carottes sont cuites », « Les dés sont sur la table » ou « Les sanglots longs des violons de l'automne » annoncent, chacun à un réseau de résistants, le débarquement imminent des Alliés, mais évidemment ni la date, ni le lieu.
Le quotidien perilleux des résistants
Une partie de la Résistance est formée d’hommes et de femmes qui entrent dans la clandestinité. Ils forment des maquis, qui sont de véritables armées cachées dans les forêts et les montagnes. Un maquis peut rassembler plusieurs centaines d’hommes, encadrés par une hiérarchie militaire. Une grande partie des maquis est constituée par les hommes réfractaires au STO (le Service du travail obligatoire, qui impose aux Français valides de partir travailler en Allemagne) et par ceux qui sont recherchés par les Allemands ou par la police française.
D’autres résistants restent dans leur ville ou leur région pour mener leurs actions sous une fausse identité, avec de faux papiers (obtenus parfois grâce à la complicité de fonctionnaires de mairie). Ils se choisissent un pseudonyme de combattant : par exemple, les membres du réseau de Jean Moulin ne le connaissent que sous le nom de « Max ».
Pour la seule France, on estime que sur les quelque 200 000 résistants actifs durant ces quatre années (1940-1944), plus de 60 000 sont morts lors des combats, en déportation ou exécutés. En 1958, un mémorial de la Résistance française a été édifié sur le mont Valérien (à Suresnes, à l'ouest de Paris) pour honorer la mémoire des 4 500 résistants exécutés à cet endroit par les nazis, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour aller plus loin
- Histoire de la Résistance 1940-1945, d' Olivier Wieviorka. Tempus, 2018.
- La Lutte clandestine en France: Une histoire de la Résistance 1940-1944. Collectif. Points, 2022.
- Histoire de la Résistance en France, de Jean-François Muracciole. Que-sais-je, 2020.