Le musée de Lectoure
La visite commence par tout un ensemble de pièces de fouille préhistoriques, du biface aux bois de rennes travaillé. Les vitrines, bien que vieillottes, sont richement dotée, par rapport à ce que le caractère modeste de la ville et du musée en lui même laissent improprement présager. Mais c’est la suite qui nous intéresse le plus ici ; la salle suivante est dédiée à l’époque gauloise. On peut notamment y admirer deux têtes sculptées par les Celtes de la région. Dans des styles différents, elles sont un témoignage rare car les représentations anthropomorphes sont assez rares chez les Gaulois. Elles prennent place à coté d’objets de la vie courante, comme des poteries, mais aussi, plus étonnant une passoire.
Mais c’est en pénétrant dans les salles consacrées à la civilisation gallo-romaine que les plus belles surprises nous attendent. En effet, Lectoure abritait un important lieu de culte à Jupiter et Cybèle et un très grand nombre d’inscriptions consacrant des sacrifices sanglants nous sont parvenus. Des particuliers offraient ce type d’offrandes à l’occasion de fêtes religieuses. Le prêtre sacrifiait alors un animal, dans le cas présent un taureau (taurobole) ou un bélier (cariobole) et répandait son sang. Lectoure possède ainsi pas moins de 20 autels, daté des IIe et IIIe siècle ap. J.-C., pour la plupart réalisés en marbre pyrénéen. A leur coté on peut voir une statue probablement de Jupiter, ainsi qu’une représentation du dieu Mithra. Mais le culte païen n’était pas le seul représenté, et des sarcophages d’une belle qualité nous sont parvenus. L’un d’entre eux est magnifiquement décoré d’écailles de poisson et de rameaux de vignes, symbole à l’époque du christianisme.
La villa de Séviac
L’intérêt que revêt ce petit musée présage le meilleur pour notre courte présentation de quelques lieux représentatifs de la vie quotidienne dans le Gers d’il y a près de 2000 ans. En poussant vers l’Ouest, après Condom, on peut se rendre à la villa de Séviac. Ancienne demeure d’un aristocrate local, c’est un brillant témoignage du génie architectural romain. Le site mis en valeur nous permet tout d’abord de découvrir le système de chauffage des habitations cossues des romains, à savoir le système d’hypocauste ; un foyer était entretenu par des esclaves et diffusait dans le sol et les murs, la chaleur. En effet les dalles étaient posées sur des sortes de petits piliers aménageant ainsi un espace qui permettait de diffuser l’air chaud. Il pouvait remonter dans les murs grâce à des canalisations aménagées.
L’habitation possède des thermes (établissement de propreté et de bien être souvent public ) privées où l’on pouvait bien évidemment bénéficier d’une eau tiède, froide ou chaude. Le luxe de l’habitions se remarque également dans les mosaïques qui sont nombreuses et bien préservées. Elles sont pour la plupart décorées de motifs géométriques et se permettent avec aisance des techniques en trompe-l’œil. Les décors fragiles sont protégés par des toitures et parfois aussi du sable, quand le travail de restauration n’est pas assez abouti pour le montrer au public sans risque. Le parcours balisé est clair et nous amène à pénétrer dans un domaine très riche où l’histoire est également en marche.
L’accès est gratuit et on découvre dans trois petites salles de très belles pièces, comme un buste d’époque romaine représentant peut être le maitre du domaine. Il y a aussi plusieurs mosaïques mises en exposition et donc sauvées des outrages du temps. L’époque mérovingienne est également présente car on peut voir le fer d’une francisque, petite hache de lancer utilisée par les guerriers francs. Une colonne en pierre de la même époque apparait aussi dans une des vitrines et signale ainsi une forme de copie par les nouveaux arrivants des pratiques gallo-romaines. De nombreux petits objets sont également présentés, comme des statuettes, des clous, des éléments de métier à tisser, des fragments de décors en marbre, des morceaux de canalisation, des clefs, des fils à plomb, des bagues, des cuillères, des fibules, des plaques de ceinture, de la poterie…
Mais encore une fois, ces découvertes sont associées à du matériel paléolithique comme des silex taillés, des bois de cerfs transformés en outils… Trois reproductions d’animaux de l’époque grandeur nature sont également proposées au visiteur, donnant une idée de la faune locale de l’ère tertiaire. Le Gers est donc aussi très riche en ce qui concerne la préhistoire.
Le musée d’Eauze
Ce trésor daté du IIIe siècle, s’inscrit dans une histoire particulière de l’Empire romain; à cette époque des bandes barbares font des raids sur les frontières et parfois pénètrent en profondeur sur les terres de Rome en pillant le pays. Ils rentraient alors sur leur territoire chargés de butin. Les populations civiles apeurées cachaient souvent de vraies fortunes sous terre plus à cause d’une psychose qu’à cause d’un danger immédiat. Dans le cas présent, la somme enterrée aurait pu servir à acheter un petit domaine d’exploitation agricole. Ce musée est donc décevant par le manque de diversité de son exposition et la débauche de visuel mise en œuvre. Par contre si vous appréciez les pièces romaines n’hésitez surtout pas.
C’est sur cet avis mitigé que nous laissons ce court voyage dans le Gers romain, en espérant vous avoir donné envie de parcourir les sentiers antiques de la province gallo-romaine. Il apparait donc que les meilleurs adresses restent celles qui sont les moins en vue, mais qui recèlent une richesse bien plus grande que celle du musée d’Eauze.
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