A l'origine de la bataille de Marathon : la rivalité gréco-perse
Dans la seconde moitié du VIe siècle avant notre ère, l'Empire perse (du grec « Persis », désignant à l'origine la région située au sud de l'Iran) s'étend des frontières occidentales de l’Inde jusqu'à l'Egypte, englobant l'Asie mineure, la Mésopotamie et la Syrie-Phénicie. L'empire est alors gouverné par l'empereur Darius Ier (521-486 av. J.-C.), troisième souverain de la dynastie des Achéménides fondée par Cyrus le Grand en 559 av. J.-C. Les Grecs, bien que désunis par la rivalité entre les grandes cités, sont le seul peuple voisin encore insoumis, à l’exception des cités grecques situées en Asie mineure.
C'est dans cette région qu'en 499 av. J.-C., la révolte des îles grecques d'Ionie (encouragée par la récente défaite de Darius devant les nomades scythes), durement réprimée, met le feu aux poudres.
Les Athéniens, que la cité de Milet avait appelés au secours, soutiennent la révolte des Ioniens. Ils envoient 20 bateaux qui débarquent en Asie mineure, tandis que la ville d'Érétrie en envoie cinq. Forts de ce soutien, les Ioniens s'en prennent par surprise à la ville perse de Sardes, capitale de la province de Satrapie, qu'ils incendient. Les Perses interviennent, battant les Ioniens à Ephèse, reprenant Chypre et détruisant le port de Milet en 494 av. J.-C. La destruction de Sardes a fait naître chez Darius une telle rancune qu’avant chacun de ses repas, un serviteur doit désormais lui répéter « Roi, souviens-toi des Athéniens »…
La première guerre médique
Mais alors que les Perses sont mis en difficulté par les Thraces, la flotte perse est prise par une tempête au large du mont Athos. 20 000 hommes sont noyés et 300 navires détruits, soit presque toute la flotte. Face à ce désastre, l'offensive perse est abandonnée, bien que Mardonios ait réussi à assujettir la Thrace et la Macédoine.
Mais celui que l’on appelle le « Roi des rois » ne s’avoue pas pour autant vaincu. En 491 av. J.-C., Darius envoie des ambassadeurs chargés de demander « la terre et l'eau », c'est-à-dire leur soumission et leur allégeance, au souverain perse. Athènes, Platées et Sparte ayant refusé, Darius décide de lancer à nouveau une expédition militaire et lève une nouvelle flotte.
L'invasion perse
Au début du mois de septembre 490 av. J.-C., celle-ci traverse la mer Egée et navigue jusqu'à l'île d'Eubée afin de prendre la ville d'Erétrie, qui avait participé à la révolte des Ioniens. La ville est détruite sans pitié et ses habitants sont réduits en esclavage. Une fois ce forfait accompli, la flotte perse prend la direction de l’Attique et parvient à débarquer dans la baie de Marathon afin de se venger d’Athènes.
Les Perses comptent environ 20 000 hommes, sous les ordres du général mède Datis et du général Artaphène, neveu de Darius. De leur côté, les Grecs n'ont réuni qu'une armée de 10 000 hommes, menée par le stratège Miltiade et essentiellement composée d’Athéniens. Ces derniers n'ont trouvé pour les soutenir que Platées, située en Béotie, qui leur envoie un millier d’hommes. Connaissant la redoutable réputation des Perses, Sparte a invoqué les fêtes en l'honneur du dieu Apollon pour s'abstenir de participer aux combats sans avoir l’air de refuser officiellement.
La bataille de Marathon
Les deux belligérants se rencontrent à une quarantaine de kilomètres au nord-est d’Athènes, dans la plaine de Marathon, longue de 10 kilomètres et profonde de 3 kilomètres. Miltiade a immédiatement positionné des hommes sur les hauteurs environnantes pour empêcher les Perses de s'avancer en direction d'Athènes.
Les deux armées ne s'affrontent pas immédiatement. Elles prennent le temps de s'observer, pour tenter de deviner leurs intentions mutuelles et positionner leurs troupes le plus favorablement possible. Le général Datis est persuadé que Sparte va bientôt envoyer des renforts aux Athéniens. Le chef perse décide alors d’attaquer à la fois par terre et par mer, et fait rembarquer une partie de ses troupes pour contourner l’Attique en direction du port d’Athènes, Phalère. Le but est d’attaquer la cité affaiblie par l'absence des combattants restés à Marathon pour affronter le reste de l’armée perse.
En effet, les Perses ignorent que les Athéniens n'ont pas placé leurs principales forces au centre, mais sur leurs ailes, de façon à envelopper l'ennemi par les côtés : les ailes comprennent huit rangs d'hoplites, tandis que le centre n’en a que quatre.
Comme l'a prévu Miltiade, les Perses sont pris au dépourvu par la puissance de l'attaque des ailes grecques. Ils n’ont pas le temps de faire intervenir leur cavalerie ni leurs archers, alors que se rabattent autour d'eux les phalanges grecques. Complètement dépassés, les Perses placés sur les ailes préfèrent abandonner la bataille et les Grecs, les laissant fuir, se retournent contre les Perses placés au centre, qui sont encerclés. Contrairement aux hoplites, les Perses ne sont pas protégés par une cuirasse et sont mis en déroute. Ils s'enfuient alors en direction de leurs vaisseaux, poursuivis par les Grecs. La bataille de Marathon, qui s'achève vers 9 heures du matin, a duré trois heures.
Mais les Perses, bien que lourdement battus à Marathon, ne désarment pas et les rescapés de la bataille partent rejoindre les effectifs déjà envoyés en direction de Phalère.
La course vers Athènes, à l’origine du marathon
La légende raconte qu’à l’issue de la bataille, un soldat athénien aurait été chargé d’informer le plus vite possible Athènes de la victoire remportée à Marathon. Le messager, Philippidès, aurait alors couru 42 kilomètres en quatre heures sans s’arrêter et serait mort d’épuisement à l’arrivée, juste après avoir transmis son message. En mémoire de cet exploit, les Jeux olympiques modernes organisent une course de 42,195 kilomètres baptisée « marathon ».
Une victoire décisive
Pour la première fois, le puissant empire de Darius est vaincu, et d'une façon particulièrement humiliante puisque les Perses, bien que deux fois plus nombreux que leurs adversaires, ont perdu environ 6 400 hommes, contre 192 victimes du côté athénien. C'est la fin de la première guerre médique. Les combattants morts au cours de la bataille ont été ensevelis dans la plaine de Marathon et l’on peut aujourd'hui encore y trouver le tumulus sous lequel ils reposent, faisant probablement de ce lieu le plus ancien des cimetières militaires.
La victoire de Marathon, bien que peu spectaculaire, anéantit la réputation d'invincibilité des Perses et donne aux Athéniens un prestige considérable, renforçant leur attachement à la liberté de leur cité et à leur rôle de citoyens. Elle met aussi en avant la supériorité des hoplites, jusqu’à ce que survienne une nouvelle victoire, navale cette fois, des Grecs sur les Perses à Salamine, en 480 av. J.-C. Celle-ci distingue la puissance maritime athénienne au détriment de sa puissance terrestre.
Bibliographie
- La bataille de Marathon, de Patrice Brun. Larousse, 2009.
- La bataille de Marathon: l'épisode mythique de la fin de la première guerre médique, de Delphine Dumont. 50Minutes, 2013.
- Les Guerres médiques : 499-449 av. J.-C., de Peter Green. Texto, 2012.