Fernand de Magellan, intrépide navigateur portugais
Au cours du XVe siècle, les navigateurs européens s’étaient mis en quête de nouvelles voies vers l’Orient. Les Portugais, qui savaient construire des vassaux capables d’effectuer de longs périples en mer, firent oeuvre de pionniers. Dès la première moitié du XVe siècle, le prince Henri le Navigateur encouragea l'exploration des côtes africaines. Bartolomé Diaz fut ainsi le premier à atteindre la pointe australe de l’Afrique. Dans la foulée, les navigateurs Vasco de Gama Et Cabral doublaient le cap de Bonne-Espérance pour rejoindre l’Inde (1498-1500) et y établirent des comptoirs à Goa et Callicut. Magellan allait quant à lui relever un défi encore plus grand, atteindre les Indes Orientales par le sud-ouest et l’océan pacifique.
Au service de Charles Quint
Il retourna début 1513, et combattit à Azemmour au Maroc, où il reçut une blessure à l’arrière du genou. De retour au Portugal, mécontent de sa situation, il partit en Espagne en 1517 pour proposer aux Espagnols un projet grandiose : trouver un passage au sud de l’Amérique du Sud pour atteindre les îles aux Épices qu’il supposait située dans la moitié de la sphère réservée aux Espagnols depuis le Traité de Tordesillas (1494).
Rappelons que le méridien fixé à Tordesillas passait grosso modo par les bouches de l’Amazone. Tout ce qui était à l’est de cette ligne était réservé aux explorations portugaises, tout ce qui était à l’ouest revenait aux Espagnols. De l’autre côté du monde, un anti-méridien prolongeait le Méridien, divisant le globe en deux demi-sphères d’influence. Il faut savoir aussi que toute la production mondiale de girofle et de muscade provenaient alors des deux petits archipels des Moluques et de Banda.
Fernand de Magellan explore le Pacifique
À la mi-décembre, il débarqua dans la baie de Rio de Janeiro. En février 1520, il explora l'estuaire du río de la Plata et le 31 mars 1520, sa flotte accosta dans le havre de San Julián, où elle resta près de six mois. Pendant cette période une mutinerie éclata et on déplora le naufrage d'un navire. Après avoir étouffé la révolte, Fernand de Magellan découvrit le 21 novembre l’entrée du détroit qui portera son nom. La traversée se fit sans encombres, si ce n’est la désertion d’un navire portant 57 hommes.
Le 28 décembre, trois navires entreprirent donc la première traversée du grand océan que Magellan nomme « Pacifique ». Il atteint les Mariannes, ou «îles des voleurs» le 6 mars 1521 et découvrit dix jours plus tard, les Philippines. Il accosta à l'île de Cebu le 7 avril. Là, il conclut une alliance avec le souverain de l'île et lui proposa de combattre les indigènes de l'île voisine de Mactan.
Magellan fut tué flèche empoisonnée le 27 avril 1521 lors de la bataille. Une embuscade fomentée par le roi de Cebu attendit ses compagnons au retour : les marins comptèrent 26 morts dans leurs rangs. Les survivants s’enfuirent précipitamment.
Un tour du monde achevé... sans Magellan
Après la mort de Magellan, le troisième vaisseau fut brûlé, faute d’hommes pour le manœuvrer, mais les deux autres atteignirent les Moluques le 6 novembre 1521. La Trindade tenta alors un retour par le Pacifique. Ce fut un échec, le navire finit arraisonné et ses hommes faits prisonniers par les Portugais. La Victoria, commandée par un ancien mutin, le basque Juan Sebastián Elcano, acheva le périple en passant par le cap de Bonne-Espérance et arriva à Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522, soit près de trois ans après son départ. Dix-huit Européens en débarquèrent ; douze autres, retenus un temps au Cap-Vert, les rejoignirent quelques semaines après.
Mais ce n’est qu’en 1565 que López de Legazpi réussit à créer une liaison maritime entre les Philippines, que s’approprieront les Espagnols et le Mexique.
Bibliographie
- Le voyage de Magellan (1519-1521). La relation de Pigafetta & autres témoignages. Edition établie par Xavier de Castro, en collaboration avec Jocelyne Hamon et Luís Filipe Thomaz. Préface de Carmen Bernand et Xavier de Castro. Chandeigne, 1048 p. 2007 ; 2° éd., 2010. Cette édition est la première au monde à avoir rassemblé et confronté tous les témoignages directs, avec de nombreuses nouveautés et rectifications. Xavier de Castro, pseudonyme de Michel Chandeigne, est spécialiste de la cartographie et des découvertes, et l’auteur de nombreuses conférences sur ces thèmes.
- Magellan, de Stefan Zweig, biographie. Le livre de poche, 2012.
- Fernand de Magellan, de Antonio Pigafetta, biographie. Tallandier, 2005.