Fernand de Magellan, navigateur et explorateur portugais

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Fernand de Magellan (vers 1480-1521) est un explorateur portugais du XVIe siècle. Il est le premier à avoir trouvé, au sud du Nouveau Monde (l’Amérique), un passage de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique, encore inconnu des Européens. Parvenu dans l’archipel des Philippines, il y est tué au cours d’un affrontement avec les habitants. Son expédition, sous le commandement d’un de ses hommes, Juan Sebastián Elcano, parvient cependant à regagner l’Espagne, en 1522. Le premier tour du monde par la voie des mers vient d’être réalisé, il a pris trois années. Après un peu plus d'un quart de siècle, le rêve de Christophe Colomb était devenu réalité et comme l'a dit l'historien Pierre Chaunu, « jamais le monde n'a été aussi grand qu'au lendemain du périple de Magellan ».

 

Fernand de Magellan, intrépide navigateur portugais

Au cours du XVe siècle, les navigateurs européens s’étaient mis en quête de nouvelles voies vers l’Orient. Les Portugais, qui savaient construire des vassaux capables d’effectuer de longs périples en mer, firent oeuvre de pionniers. Dès la première moitié du XVe siècle, le prince Henri le Navigateur encouragea l'exploration des côtes africaines. Bartolomé Diaz fut ainsi le premier à atteindre la pointe australe de l’Afrique. Dans la foulée, les navigateurs Vasco de Gama Et Cabral doublaient le cap de Bonne-Espérance pour rejoindre l’Inde (1498-1500) et y établirent des comptoirs à Goa et Callicut. Magellan allait quant à lui relever un défi encore plus grand, atteindre les Indes Orientales par le sud-ouest et l’océan pacifique.

Les origines de Fernão de Magalhães, en français Fernand de Magellan, sont obscures. Issu d’une famille aux multiples ramifications du nord du Portugais, on suppose qu’il naquit aux alentours de 1480. En revanche, on est certain qu’il s’embarqua en 1506 pour les Indes orientales, participant à plusieurs expéditions sur la côte orientale africaine et en Inde. En 1511, il participe à la prise de Malacca. Magellan n’ira pas plus loin, mais son ami Francisco Serrão se rendra en 1512 aux Moluques, d’où il enverra des lettres à Magellan lui décrivant ces îles lointaines où poussent les girofles.

Au service de Charles Quint

Il retourna début 1513, et combattit à Azemmour au Maroc, où il reçut une blessure à l’arrière du genou. De retour au Portugal, mécontent de sa situation, il partit en Espagne en 1517 pour proposer aux Espagnols un projet grandiose : trouver un passage au sud de l’Amérique du Sud pour atteindre les îles aux Épices qu’il supposait située dans la moitié de la sphère réservée aux Espagnols depuis le Traité de Tordesillas (1494).

Rappelons que le méridien fixé à Tordesillas passait grosso modo par les bouches de l’Amazone. Tout ce qui était à l’est de cette ligne était réservé aux explorations portugaises, tout ce qui était à l’ouest revenait aux Espagnols. De l’autre côté du monde, un anti-méridien prolongeait le Méridien, divisant le globe en deux demi-sphères d’influence. Il faut savoir aussi que toute la production mondiale de girofle et de muscade provenaient alors des deux petits archipels des Moluques et de Banda.

Il offrit alors ses services au roi d’Espagne Charles Ier, le futur Charles Quint. Pendant deux ans, en butte aux suspicions espagnoles et aux manœuvres portugaises, il prépara méthodiquement son expédition. Le 20 septembre 1519, Fernand de Magellan leva l’ancre de Sanlúcar de Barrameda, le port de Séville, avec cinq navires et 437 hommes à bord (440 après une escale aux Canaries) : la Trinidad, la Victoria, la Concepcion, le San Antonio et le Santiago. Magellan lui-même a pris place à bord de la Trinidad.

Fernand de Magellan explore le Pacifique

À la mi-décembre, il débarqua dans la baie de Rio de Janeiro. En février 1520, il explora l'estuaire du río de la Plata et le 31 mars 1520, sa flotte accosta dans le havre de San Julián, où elle resta près de six mois. Pendant cette période une mutinerie éclata et on déplora le naufrage d'un navire. Après avoir étouffé la révolte, Fernand de Magellan découvrit le 21 novembre l’entrée du détroit qui portera son nom. La traversée se fit sans encombres, si ce n’est la désertion d’un navire portant 57 hommes.

Le 28 décembre, trois navires entreprirent donc la première traversée du grand océan que Magellan nomme « Pacifique ». Il atteint les Mariannes, ou «îles des voleurs» le 6 mars 1521 et découvrit dix jours plus tard, les Philippines. Il accosta à l'île de Cebu le 7 avril. Là, il conclut une alliance avec le souverain de l'île et lui proposa de combattre les indigènes de l'île voisine de Mactan.

Magellan fut tué flèche empoisonnée le 27 avril 1521 lors de la bataille. Une embuscade fomentée par le roi de Cebu attendit ses compagnons au retour : les marins comptèrent 26 morts dans leurs rangs. Les survivants s’enfuirent précipitamment.

Un tour du monde achevé... sans Magellan 

Après la mort de Magellan, le troisième vaisseau fut brûlé, faute d’hommes pour le manœuvrer, mais les deux autres atteignirent les Moluques le 6 novembre 1521. La Trindade tenta alors un retour par le Pacifique. Ce fut un échec, le navire finit arraisonné et ses hommes faits prisonniers par les Portugais. La Victoria, commandée par un ancien mutin, le basque Juan Sebastián Elcano, acheva le périple en passant par le cap de Bonne-Espérance et arriva à Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522, soit près de trois ans après son départ. Dix-huit Européens en débarquèrent ; douze autres, retenus un temps au Cap-Vert, les rejoignirent quelques semaines après.

Si le premier voyage autour du monde frappa l’imagination, il s’avéra un échec. Le chargement d'épices rapporté en Espagne sur la Victoria ne remboursa que très partiellement les frais de l'expédition. Le passage par le détroit de Magellan sera trop long et trop difficile pour constituer une route régulière entre l'Europe et l’Asie, et l’Espagne dut renoncer aux Moluques. Néanmoins, le voyage posa les jalons du commerce entre le Nouveau Monde et l'Orient.

Mais ce n’est qu’en 1565 que López de Legazpi réussit à créer une liaison maritime entre les Philippines, que s’approprieront les Espagnols et le Mexique. 

Bibliographie

Le voyage de Magellan (1519-1521). La relation de Pigafetta & autres témoignages. Edition établie par Xavier de Castro, en collaboration avec Jocelyne Hamon et Luís Filipe Thomaz. Préface de Carmen Bernand et Xavier de Castro. Chandeigne, 1048 p. 2007 ; 2° éd., 2010. Cette édition est la première au monde à avoir rassemblé et confronté tous les témoignages directs, avec de nombreuses nouveautés et rectifications. Xavier de Castro, pseudonyme de Michel Chandeigne, est spécialiste de la cartographie et des découvertes, et l’auteur de nombreuses conférences sur ces thèmes.

- Magellan, de Stefan Zweig, biographie. Le livre de poche, 2012.

- Fernand de Magellan, de Antonio Pigafetta, biographie. Tallandier, 2005.

 

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