Enfance de Louis II de Bavière
S'il n'était pas un inconnu, le compositeur n'en était pas moins méconnu. D'aucuns voyaient pourtant en lui un génie, mais un génie dont la reconnaissance tardait. Une amitié commença, ponctuée d'échanges épistolaires sulfureux. Comme son grand-père Louis Ier qui avait eu maille à partir avec le peuple du fait de sa relation avec la courtisane Lola Montès, Louis II dut se contraindre à se séparer de Richard Wagner, les Munichois imputant les dépenses de Louis II à ce dernier. L'amitié qui avait uni les deux personnages allait se terminer. Preuve en est: le roi ne fut-il pas absent lors des obsèques de Wagner en février 1883 ?
Du roi au mécène
Dès le début de son règne, Louis II est confronté à la montée en puissance de la Prusse et de son ambitieux chancelier, Bismarck. En 1866, il soutient l'Autriche en guerre contre la Prusse. Mauvais choix, son allié Habsbourg est battu à Sadowa. Durant la guerre franco-allemande de 1870-71, il soutient mollement la Prusse victorieuse qui proclame l'Empire dans la galerie des Glaces à Versailles, ce qui a pour conséquence la fin de l'indépendance de la Bavière. Se désintéressant des affaires de l'État, Louis II se consacre alors aux arts et à la culture, et en particulier à ses projets de châteaux.
Roi mécène, comme tous les rois de la maison des Wittelsbach, Louis II de Bavière avait donc fait de Munich une capitale musicale, de même que son grand-père en avait fait une capitale artistique. Capitale musicale limitée toutefois, Bayreuth la supplantant après le départ de Wagner. C'est bien connu, lorsque l'on aime, on ne compte pas. Et les prodigalités de Louis pour ceux qu'il aimait, ne serait-ce que pour leur art, étaient importantes.
Louis II de Bavière, roi bâtisseur
Étrange fut la construction architecturale du roi Louis II. Le Bavarois commençait des nouveaux chantiers alors que les anciens n'étaient pas encore terminés. Surtout, les châteaux, comme celui d'Herrenchiemsee, copie imparfaite du Versailles Français que Louis II avait visité avec plaisir (il s'en était notamment inspiré pour reproduire une longue galerie des glaces), étaient très onéreux, ce qui contribuait à atténuer la popularité du roi.
A Neuschwanstein, dont la première pierre fut posée par l'architecte Jank en 1869, Louis II laissa un étage entièrement vide et d'aucuns ont prétendu que c'était au cas où il convolerait un jour. Bainville écrit que « Neuschwanstein commence à nous révéler la nature du désordre cérébral de Louis II ». Il a été dit que cette eplendeur d'inspiration romane et gothique aurait inspiré Walt Disney pour son logo.
Ce ne sont, de fait, dans un décor somptueux, qu'espaces gigantesques pour un seul homme. Enfin le souverain fit-il derechef montre d'un désir d'imitation de Louis XIV en bâtissant le château de Linderhof, qu'il n'hésita pas à renommer, du nom du village voisin d'Ettal, « Meitcost-Ettal », maladroit anagramme de « L'État, c'est moi », célèbre phrase apocryphe que le roi de France Louis XIV n'a évidemment jamais prononcée le 13 avril 1655.
13 juin 1886: une fin tragique
On découvrit enfin le corps du roi dans le lac de Starnberg. De même pour le corps du Dr Gudden. Ils se seraient battus dans l'eau et le roi, plus corpulent (grand – 1m90 – et gros du fait de ses excès alimentaires) que son adversaire, l'aurait tué en le noyant. Le visage du médecin était en effet recouvert de coups, sûrement donnés par le roi à l'aide de sa lorgnette qu'il avait pris l'habitude de toujours garder sur lui.
Le rapport officiel des événements a dit que le roi, après avoir tué Gudden, s'était donné la mort en se noyant à dessein. Mais l'eau n'était pas assez profonde pour cela à l'endroit où le corps du roi avait été retrouvé. Pour Bainville, le roi aurait fui et un individu, sur la berge, l'aurait abattu à distance. Il est, en définitive, un point commun de la mort et du vivant du souverain bavarois: dans l'une comme dans l'autre, le roi reste mystérieux.
Bibliographie
- BAINVILLE Jacques, Louis II de Bavière. FB Editions, 2014..
- Louis II de Bavière: Le trône et la folie, de Catherine Decours. Fayard, 2019.
- DES CARS Jean, Louis II de Bavière : Ou le roi foudroyé, Tempus, 2010.
Pour aller plus loin
- Ludwig ou le Crépuscule des dieux (1973), film de Luchino Visconti.