Jean Moulin, jeune préfet et républicain
Jean Moulin est né à Béziers le 20 juin 1899 et est issu d'une famille d'universitaires de tradition socialiste. Il entra dans l'administration du ministère de l'Intérieur et devint en 1930 le plus jeune sous-préfet de France. Chef du cabinet de Pierre Cot, ministre de l'Air du gouvernement du Front populaire, il fit partie de ceux qui tentèrent de venir en aide aux républicains espagnols pendant la guerre civile. Politiquement proche du parti Radical, il partage l'engagement antifasciste et anti munichois des « Jeunes-Turcs » du parti (Cot, Mendès France, Zay). Culte du service de l’État, jacobinisme, attachement viscéral à la République et antifascisme sont, à la veille de la guerre, les traits dominants de la pensée politique de Jean Moulin.
L'unificateur de la Résistance
Persuadé que la résistance représente une force indéniable,mais mal organisée, Jean moulin rêve d'en devenir le fédérateur. Il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941 et lui rend compte de l'état de la Résistance française. De Gaulle lui confit la mission de réaliser l'unité de tous les mouvements en zone libre. Parachuté en Provence dans la nuit du 31 décembre 1941 au 1er janvier 1942, Jean Moulin accomplit, en un an et demi, une tâche considérable: placé à la tête d'une véritable administration, supervisant un service des parachutages, un bureau d'information et de presse (confié à Georges Bidault), un comité général d'étude (chargé de préparer la réforme de la France après la libération du territoire) ainsi qu'un organisme chargé du noyautage des administrations publiques (NAP), il réussit, tout en changeant en permanence de lieux et d'identité, à remplir la mission qui lui avait été confiée.
Au prix de conflits souvent très vifs, notamment avec Henri Frenay, le fondateur de Combat, très soucieux de son indépendance, il parvint à imposer la fusion des trois grands mouvements (Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur) dans les Mouvements unis de résistance (MUR), tout en obtenant que leurs éléments militaires forment une Armée secrète soumise aux seules instructions du général de Gaulle.
Arrestation et mort de Jean Moulin
Cependant, dès le 9 juin suivant, une trahison permit à la Gestapo d'arrêter à Paris le général Delestraint, chef de l'Armée secrète. Le 21 juin 1943, lors d'une réunion à Caluire, près de Lyon, Jean Moulin fut à son tour arrêté par la Gestapo de Lyon, conduite par Klaus Barbie, sans doute à la suite d'une dénonciation au sujet de laquelle témoins de l'époque et historiens ont avancé de nombreuses hypothèses, notament celle d'une trahison de René Hardy.
«Le visage de la France»
Le 19 décembre 1964, ses cendres furent transférées au Panthéon. Par ce jour glacial, André Malraux évoqua dans un discours resté célèbre la personnalité de ce «roi supplicié des ombres» dont la «pauvre face informe du dernier jour […] était le visage de la France». Le ministre de la culture, en présence du Président de Gaulle, rend hommage à l'homme qui a été l'unificateur de la résistance française et qui n'entre pas seul au Panthéon...
Il entre "Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé...avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard...avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres."
Parfois contesté, notamment par ceux qui, à l'instar d'Henri Frenay, le soupçonnèrent de collusion avec les communistes, et l'accusèrent d'avoir compromis l'esprit de la Résistance en y réintroduisant les partis politiques traditionnels, Jean Moulin reste, par l'ampleur de son action, l'une des personnalités les plus marquantes de cette période. Jean Moulin va donner son nom à quantité de rues ou de lycées en France.
Bibliographie
- Jean Moulin. La République des catacombes, de Daniel Cordier. Gallimard, 1999.
- Jean Moulin : Le politique, le rebelle, le résistant, biographie de Jean-Pierre Azéma. Tempus, 2006.
- Vies Et Morts de Jean Moulin, de Pierre Péan. Pluriel, 2013.