La conférence de la paix à Paris
A la conférence de la Paix qui s’ouvre à Paris en janvier 1919, seuls les grandes puissances victorieuses décident et disent le droit. Wilson, Clemenceau, Lloyd George et Orlando vont régler le destin de l’Europe, dont bien peu soupçonnent encore la fin de la suprématie. Ils se réfèrent aux Quatorze Points que le président américain Wilson a formulés un an plus tôt. Le principe essentiel de ce programme de la paix dans le monde est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais les partenaires ont de la guerre et de son règlement des conceptions différentes.
Georges Clemenceau remarque que le souhait américain de réorganiser l’Europe ne peut se réaliser sans tenir compte des contraintes historiques. Le Vieux Continent est déjà bouleversé, des États séculaires ont disparu, d’autres se sont constitués. Woodrow Wilson, fort de la puissance américaine, tient à inclure dans les traités de paix le pacte d’une Société des Nations qui doit garantir la paix, la coopération internationale et la sécurité de tous ses États membres, égaux en droit.
Cependant, le 17 juin, les Alliés purent transmettre au gouvernement allemand le texte définitif du traité.
Les clauses territoriales du traité de Versailles
Les clauses territoriales amputaient l’Allemagne du huitième de son territoire et du dixième de sa population de 1914. A l’ouest, l’Alsace-Lorraine était restituée à la France, la Belgique recevait les petits territoires d’Eupen et Malmédy, la Sarre était placée sous le contrôle de la SDN pour une durée de quinze ans, au terme desquels un plébiscite devait décider de son destin, et la France obtenait la propriété du bassin houiller.
Le principe des nationalités pose vite des problèmes lorsqu’il s’agit de changer les frontières : les traités de paix qui consacrent en 1919 ces modifications territoriales créent d’autres « minorités » mécontentes. À l’est, la création du « couloir » de Dantzig ne satisfait ni les Allemands ni la Pologne, sur laquelle les Alliés comptent pour combattre le bolchevisme. Les traités de Saint-Germain (10 septembre 1919) et de Trianon (4 juin 1920) qui entérinent le démantèlement de l'Empire austro-hongrois seront eux aussi sources de tensions nationalistes.
Clauses militaires, économiques et morales
Les clauses militaires comportaient la dissolution du grand état-major ; l’abolition du service militaire ; l’interdiction de l’artillerie lourde, de l’aviation de guerre, des chars, des sous-marins, des cuirassés ; les forces terrestres allemandes étaient limitées à 100 000 hommes, les forces navales à 16 000 hommes. Les Alliés devaient occuper pendant quinze ans la rive gauche du Rhin ainsi que les trois têtes de pont de Mayence, Coblence et Cologne ; sur la rive droite était établie une zone démilitarisée de 50 km de profondeur.
Jugée responsable du conflit, l’Allemagne doit payer réparation des dommages causés par la guerre. Mais les Alliés n’avaient pu s’entendre sur le chiffre exigé et étaient seulement convenus que le montant des réparations serait fixé avant mai 1921 ; cependant, l’Allemagne devait verser, à titre de provision, 20 milliards de marks-or. Les voies d’eau allemandes (fleuves et canaux) étaient internationalisées. L’Allemagne devait livrer une importante partie de la flotte de commerce, des machines, du matériel ferroviaire…
Les clauses morales comportaient la reconnaissance par l’Allemagne de sa responsabilité dans la guerre et la livraison de l’ex-empereur Guillaume II et d’un certain nombre de ses sujets tenus par les Alliés pour des « criminels de guerre ».
Conséquences du traité de Versailles
Au terme de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne vaincue est incapable de faire face aux exigences des vainqueurs, notifiées dans le traité de Versailles de 1919. Celui-ci, qualifié de « diktat » et d'« humiliant traité », soulève un vent de protestation qui sert la propagande nationaliste, notamment celle d'Adolf Hitler. Le régime parlementaire allemand, tenu pour responsable de cette humiliation nationale, doit bientôt céder la place à un régime autoritaire.
Le traité de Versailles était précédé du pacte constitutif de la Société des Nations. La création de la SDN ne donne cependant pas à la nouvelle organisation les pouvoirs nécessaires pour qu'elle puisse faire respecter ses décisions, ne disposant pas d'une force armée internationale. Le traité de Versailles, qui prétendait établir une paix durable en Europe, fut un échec complet. Dès sa signature, il fut attaqué, en Angleterre et aux États-Unis, pour sa dureté excessive, et préparait une nouvelle flambée des nationalismes qui devait conduire, vingt ans après sa signature, à une nouvelle guerre mondiale plus sauvage encore que la première.
Bibliographie
- Le traité de Versailles, de Jean-Jacques Becker. Que sais-je, 2019.
- Le traité de Versailles et la fin de la Première Guerre mondiale: Chronique d’une paix manquée, de Jonathan D'Haese. 50Minutes, 2015.
- Versailles 1919 - Chronique d'une fausse paix, de Patrick de Gmeline. Presse de la Cité, 2009.