Le vrombissement d’un moteur sur les routes bourbonnaises, à l’intérieur des hommes de la garde du Maréchal Pétain qui transfèrent des armes pour le maquis. Un coup de feu éclate, le chauffeur s’écroule sur le volant, les soldats allemands surgissent des fourrés… Bienvenue sur le tournage du documentaire « Le Choix du Destin » consacré à la Seconde Guerre mondiale et réalisé par Pierre Bonnet ! Après le tournage de séquences en Alsace, nous retrouvons ce dernier en Auvergne pour reconstituer les heures héroïques et dramatiques des résistants locaux. Il a accepté d’évoquer avec nous ce projet osé réunissant plus de 150 figurants et 300 contacts associatifs œuvrant de concert vers un but commun : assurer le devoir de mémoire auprès des jeunes générations.
« En finir maintenant avec l'image des combattants français fuyant l'ennemi »
Pierre Bonnet bonjour, l’équipe d’HPT vous avez déjà rencontré sur le tournage du court-métrage « La section perdue » où vous interveniez en tant que directeur de production et assistant-réalisateur, et c’est avec plaisir que nous vous retrouvons en tant que scénariste et réalisateur d’un nouveau projet : « Le choix du destin ». Ce documentaire se porte sur la Seconde Guerre mondiale, pouvez-vous brièvement nous présenter le scénario que vous avez choisi pour couvrir de façon continue et construite les cinq années qui séparent la débâcle de 1940 de la Libération ?
Pierre Bonnet: Le documentaire traite de façon chronologique les événements de mai 1940 à février 1945, sur le parcours des hommes, qui ont combattu dans les rangs de l'armée française ou dans la résistance.
L'introduction évoque une discussion, entre un père et son fils sur le contexte de l'invasion allemande. Le jeune "Lavandiére", s'interroge sur l'avenir du Pays et ne comprends pas pourquoi son père héros de Verdun, soutien tant le Maréchal Pétain. La débâcle de 1940 aura fait prés de 120.000 morts dans les rangs français. Il faut en finir maintenant avec l'image des combattants français fuyant l'ennemi. C'est pourquoi j'ai souhaité aborder ce thème par une reconstitution dans un fortin de la ligne Maginot, afin de montrer une image digne de nos ainés durant ces six semaines de combats.
L'invasion débute, le vote des pleins pouvoirs et l'installation du gouvernement de Pétain, différents témoins contribueront à ce documentaire. La création des réseaux de résistance dans l'Allier, notamment à St-Germain des Fossés, fut à l'initiative du Capitaine Privat ancien officier de l'armée de l'Air. Nous revivrons la création du groupe.
Puis vinrent la répression, les exactions, la déportation et les massacres en tout genre. Des témoignages forts nous permettent de ressentir les conditions du moment.
« De nombreuses et longues recherches »
Un traitement du sujet assez large donc, basé sur les événements survenus en Alsace pour la l’invasion et la Libération, et en Bourbonnais pour la résistance. Mais justement comment avez-vous reconstitué les événements passés ? Je suppose qu’il y a derrière ce scénario un long travail de recherche bibliographique, mais aussi un recourt au récit oral des survivants comme vous le dites pour les Anciens du 6ème RIC ? Est-ce suffisant pour s’approcher de la vérité ou êtes-vous contraint de romancer ?
Pierre Bonnet: Les événements passés ont fait l'objet de nombreuses et longues recherches, tant auprès de témoins (soit plus de 20 heures d'enregistrement), que de lectures historiques locales, journaux de marches de régiment. Mais aussi auprès des services de l'ONAC de l'Allier (NDLR : Office National des Anciens Combattants), des sociétés d'histoires de Kingersheim et Kembs (68) ainsi que collections privées.
Fort du recueil de ces éléments j'ai pu reconstituer au plus juste, ces moments. Peux de zone d'ombres subsistes. Toutefois, nous n'étions pas présents à ces instants, une part de fiction vient bien entendu compléter le scénario.
« Entretenir la mémoire, et la transmettre aux jeunes générations »
Tout à fait, on retrouve là tous les outils de la recherche historique pour l’histoire récente. Votre docu-fiction sera donc parsemé de témoignages, les scènes sont tournées parfois sur les lieux même des événements : on ressent une volonté forte de sauvegarder une mémoire pour en perpétuer la transmission. Vous êtes me semble-t-il assez engagé auprès du Souvenir Français, pouvez-vous nous parler de cet engagement et de la valeur que vous portez au « devoir de mémoire » ?
Pierre Bonnet: Mon engagement au sein du Souvenir Français se résume de la façon suivante:
Depuis plusieurs siècles, notre pays a traversé une multitude de conflits. Le dernier en date remonte à 70 ans. Quelle famille n’a pas été touchée par les conflits contemporains ! Les monuments aux Morts nous le rappellent. Malgré tout cela, je pense que les gens oublient vite Trop vite ! Certes pour les jeunes d’aujourd’hui la Seconde Guerre mondiale, n’est pas plus palpable que la guerre de Cent Ans.Cela s’explique dune part par la disparition de plus en plus rapide des témoins, et d’autre part par un manque dans les programmes scolaires, qui n’évoquent à mon sens, que trop rapidement ces périodes. Entretenir la mémoire, et la transmettre aux jeunes générations est donc devenu naturellement un combat de tous les jours.
Depuis 2005, j’agis au sein du Souvenir Français, par des interventions en partenariat avec des témoins de la seconde guerre mondiale auprès des scolaires, mais aussi nous animons par des expositions, des projections cinématographiques ou des voyages scolaires de mémoire.
Bien entendu, la participation aux cérémonies commémoratives reste une activité importante de notre association.
Cet état d’esprit m’a été inculqué depuis de nombreuses années dans le cercle familial, et depuis j’y ai toujours été très attaché. D’autant que mon grand père paternel est un ancien de la Première Armée Française et qu’il a combattu dans le Doubs en Alsace fin 1944, où il a d’ailleurs été blessé.
À nous donc maintenant de perpétuer la mémoire et de rendre hommage à ces combattants qu’ils soient Morts pour la France ou encore bien de ce monde.
Vous offrez donc une tribune aux anciens combattants et réactivez la mémoire des disparus, allant jusqu’au faire jouer certains d’entre eux par vos acteurs. D’ailleurs on ne peut qu’être impressionné par la qualité et la quantité de matériel dont vous disposez pour ce tournage : uniformes, armement divers et varié, équipement des armées française et allemande, mais aussi de nombreux véhicules en état de marche, des jeeps Willis, des dodges, des camions, des Half-tracks et jusqu’au char Sherman et à l’artillerie ! Vous disposez finalement de formidables moyens techniques, vous semblez faire mieux que certaines productions télévisuelles sans pourtant disposer d’autant de moyens financiers qu’elles : quel est votre secret ? Est-ce justement la force de votre engagement pour le devoir de mémoire qui vous a permis de rallier à votre cause les associations et les divers financements nécessaires ? Avez-vous trouvé un bon écho auprès des pouvoirs publics et des reconstituteurs ?
Pierre Bonnet: Effectivement, le volume et la qualité d'acteurs, de matériels, de véhicules est considérable. Nous avons à faire à de véritables professionnels de la reconstitution! C'est aussi un gage de crédibilité pour tous.
Ce projet a permis de fédérer les plus importantes associations de reconstitueurs françaises et allemandes. Sois prés de 150 figurants!!! Je dois dire que leur engagement à notre projet est sans failles et qu'ainsi grâce à leur aide et soutien nous avons pu réaliser un documentaire de qualité.
Les moyens financiers de notre association sont très modestes, une production de la sorte aurait couté plusieurs centaines de milliers d'euros. Je crois que l'engagement de tous autour de ce projet est avant tout une véritable aventure humaine inégalable, c'est prés de 300 contacts associatifs, institutionnels, médiatiques, propriétaires de biens et j'en oublie. Bref un défi relevé, qui restera longtemps gravé.
Le volet financier n'est tout de même pas neutre, mais comme vous le précisez je crois que la force de l'engagement aura été un véritable levier. Démarcher les institutionnels n'est choses faciles par les temps qui court, j'ai la chance de connaitre beaucoup d'élus et de collectivité sur le bassin Vichyssois, ils ont donc quasi tous porté leurs concours des les premières heures du projet. J'avoue avoir reçu un bon accueil, car peux nous on refusé leurs aides. Il n'est pas forcément important de rester plus d'une heure dans le bureau d'un Maire pour le convaincre! Pour certains je n'y ai passé pas plus de 10 min et l'accord de principe était donné. Là où je dirais, je suis resté plus longtemps en entretien, la réponse était "on vous tient au courant..." Je vous laisse imaginer la suite logique! Au final l'accueil des petites Municipalités, aura été plus chaleureux. Contrairement aux très grosses collectivités! Quant à l'Alsace là c'est une autre dimension, je crois ne pas avoir eu à faire de demandes officielles, les institutions n'ont contacté d'elles-mêmes! Le monde combattant, aura porté son concours lui aussi, mais là je dois dire que ce fut beaucoup plus difficile surtout dans mon Département!!!
« Toujours à la recherche de sponsors et mécènes »
Une belle aventure en sommes. À présent le tournage touche à sa fin, mais peut-être aurez-vous encore besoin de mécènes, de « sponsors », de soutiens, pour la suite du projet ? Je pense particulièrement à la promotion et à la diffusion du résultat final.
Pierre Bonnet: Notre budget est relativement serré, tout va se jouer à quelques dizaines d’euros sur la partie finale, bien entendu nous sommes toujours à la recherche de sponsors et mécènes pour finaliser le projet.
La promotion sera un point important, nous devons afficher une belle vitrine, et le meilleur rendu possible afin de diffuser le plus possible l’ouvrage.
« 1000 DVD seront proposés à la vente à compter du 2nd Semestre 2013 »
Peut-être que certains de nos lecteurs réagiront à cet appel… Vous parlez de diffusion, comment voyez-vous l’avenir de ce docu-fiction ? Des projections ? Des DVD ?
Pierre Bonnet: Concernant les diffusions, je prévois plusieurs présentations en avant première en Alsace, Allier et Gironde à compter du 2°Semestre 2013.
Des projections au profit des associations d'anciens combattants, établissements scolaires et bien entendu des communes ayant accueilli le tournage seront réalisées.
Dans un premier temps, 1000 DVD seront proposés à la vente à compter du 2nd Semestre 2013. Puis les chaines thématiques et locales seront approchées. Puis le film sera présenté à différents festivals traitant les documentaires.
Espérons que les chaines TV seront intéressées, c’est tout le mal que l’on vous souhaite. Comment doivent procéder les particuliers qui souhaiteraient acquérir un DVD, ou les mécènes qui souhaiteraient apporter leur contribution à votre projet ?
Pierre Bonnet: Simplement en me contactant par mail ou tel 04.70.58.04.49, pas de souscriptions de DVD, réservations à compter de janvier 2013 par mail à la même adresse (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) et paiement à la sortie du DVD (inclure le frais de port, aucun tarif finalisé fixé à ce jour).
Pour les mécènes, mon contact mail.
Et bien Pierre Bonnet merci, nous inviterons nos lecteurs à suivre votre projet sur la page Facebook qui lui est dédiée. Nous espérons pouvoir bientôt assister aux projections, en attendant je vous apporte tout le soutient de l’équipe HPT qui salue votre initiative. Bonne continuation à vous et à très bientôt.
Retrouvez plus de photos et toute l’actualité de ce documentaire sur la page Facebook dédiée !
Découvrez égallement le site de la production: Ladeprod.