Charlemagne et les femmes
Par bonheur, Charlemagne ne pouvait se passer de compagnie féminine. Il eut cinq femmes voire six et plusieurs concubines officielles qui toutes contribuèrent peu ou prou à faire de lui cet homme fort audacieux, diplomate et cultivé dont nous parlent les historiens. Toutes en effet exercèrent une influence sur sa politique, ses idées, ses mœurs, ses décisions militaires, la conduite de ses finances… Elles lui firent entreprendre par leur diplomatie et autres charmes féminins d’étonnants exploits. C’est dire si les femmes sont habiles !
Epouses et concubines de Charlemagne
A l’âge de 18ans il épouse Himiltrude en 767, jolie personne vertueuse et effacée qui l’aida à se débarrasser de sa gaucherie mis supporta tant bien que mal les ardeurs de son époux. Elle lui donnera deux enfants dont Pépin le bossu mais sera répudiée en 769 au bénéfice d’un mariage plus flatteur préparé par sa mère avec une princesse de Lombardie, Désirée, qu’il épouse en 770 pour des raisons politiques ou l’amour n’avait aucune part, Désirée étant, malgré un nom prometteur sans charme terne et laide. Charles s’empressera de la répudier pour cause de stérilité et la renverra chez son père à Pavie avec sa suite et ses effets.
C’est alors qu’il rencontre une jeune Souabe de treize ans, la gracieuse Hildegarde de Vintzgau, dont le charme et la beauté l’éblouiront. Il l’épousera en 772, conscient d’avoir enfin trouvé la compagne rêvée : fine, gaie, ardente et vigoureuse. Lui qui était encore méfiant, embarrassé et timoré dans ses décisions sera complètement transformé par cette jeune femme pleine d’entrain qui jouera un grand rôle dans sa vie (sinon le plus grand). Lorsqu’il organise sa 1e expédition contre les Saxons, Hidegarde dont il ne pouvait se passer le suivit durant toute sa campagne lui promulguant sagesse et amour. B. Haureau cîte dans Charlemagne et sa cour « la touchante simplicité d’Hildegarde et l’agrément de son commerce corrigèrent cette sauvage vivacité qui fait de bons soldats mais ne peut faire de bons rois « .
Quelques temps plus tard il épousait néanmoins la fille d’un comte franc l’altière et belle Fastrad sa quatrième épouse. Au contraire d’Hildegarde, elle devait avoir une influence déplorable sur Charles : foncièrement méchante, envieuse, cruelle, elle le poussait sans cesse à punir et persécuter tous ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. Tous les prétextes lui étaient bons pour exercer ses sournoises manigances. Elle fit ordonner des sanctions, tortures et exécutions massives. Par faiblesse devant cette femme intraitable qui d’ailleurs fut la seule à ne pas le suivre dans ses expéditions, Charlemagne commit des erreurs dont profitèrent ses ennemis. Un complot se forma mené par son propre fils Pépin le bossu destiné à supprimer Charles et Fastrad.
Ce complot échoua de très peu, tous les conjurés furent mis à mort. Quant à Pépin il fut tondu (ce qui était un signe infamant à l’époque) et jeté dans un couvent pour le reste de ses jours malgré Fastrad qui demandait sa mort. Charlemagne aurait peut-être ouvert les yeux sur les agissements de son épouse, mais celle-ci eu la bonne idée de trépasser ! Elle avait eu le temps en dix ans de lui donner deux filles et de faire beaucoup de dégâts.
L’ange et le démon
Ces deux épouses, à l’opposé l’une de l’autre, marquèrent leur temps chacune à sa façon : l’une sut se faire aimer pour son calme sa chaleur son amabilité l’autre fut haïe et redoutée pour son orgueil, sa froideur et son extrême cruauté très mérovingienne.
Aussitôt débarrassé de cette mégère, le roi se chercha une compagne plus reposante. Il la trouva en la personne de Liutgard d’Arémanie, belle jeune fille de 18 ans aux longues tresses blondes dont la douceur l’avait séduit. Il l’épouse en 794, et retrouve à son contact une nouvelle jeunesse. Il faut dire qu’il était à 59 ans doté d’une grande prestance, et passait pour le plus bel homme de son époque si bien que Liutgard en fut très amoureuse.
Pendant ces années de bonheur conjugal se succédèrent les événements qui devaient l’amener à la cérémonie du sacre de Rome. Las ! Il ne put partager ce moment extraordinaire avec sa belle épouse car celle-ci mourut sans descendance peu de temps avant. Ironie du sort, cet homme qui ne pouvait vivre sans femme fut seul sans épouse au jour de sa plus grande gloire ! A partir de ce moment, Charlemagne arrivé au faîte du pouvoir n’eut plus que de nombreuses concubines : le terme « concubine » dans les textes anciens pourrait signifier que celles-ci étaient peut-être en fait des épouses.
Toute sa vie, cet homme vigoureux qu’était Charlemagne avait fait montre d’une virilité peu commune, mais il devint avec l’âge un véritable paillard. Il ne pouvait voir une femme sans se livrer sur elle à d’impudiques extravagances! Il eut encore deux autres concubines : Régina et Adelind. Il est impossible de dénombrer toutes celles qui croisèrent sa route, ni le nombre exact des enfants issus de ses habitudes libertines !
Berthe au grand pied ne s’était pas trompée quand elle eut la prescience d’un grand destin pour son fils, mais elle n’aurait pas supposé qu’il atteindrait cette ampleur. Lorsqu’il mourut en 814 à l’âge de 72 ans, nombre de femmes durent le pleurer.
Bibliographie non exhaustive
- Charlemagne de Georges Minois, Edtions Perrin 2010.