La campagne de Russie (1812)

Histoire de France | Révolution et Empire

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La campagne de Russie est une guerre menée par Napoléon Ier contre l'Empire russe de mai à décembre 1812.  L'empereur y perdit plusieurs cetaines de milliers d'hommes et ce sera le début de la fin pour l’Empire français. La retraite sera marquée par de nombreuses scènes d’atrocités où la barbarie des cosaques le dispute aux conditions climatiques déplorables imposées par le « général Hiver ». La campagne de Russie est l’un des épisodes les plus dramatiques de toute l’épopée des guerres napoléoniennes. La tragédie a profondément marqué les esprits, au point que la Bérézina est devenue une expression courante pour parler d’une situation calamiteuse.

  

Pourquoi la campagne de Russie ?

On entend parfois que la campagne de Russie fut un acte d’hibris de la part de Napoléon qui, au sommet de sa gloire et de sa puissance, serait allé tout perdre dans une expédition trop osée. Cette affirmation mérite d’être battue en brèche puisque premièrement Napoléon n’est pas alors en situation facile et que par conséquent l’invasion de la Russie n’a rien d’un caprice personnel.

En effet en 1811 Napoléon, bien qu’à la tête de la première puissance européenne (pour ne pas dire mondiale), rencontre quelques difficultés. D’un point de vue symbolique premièrement la situation avec la papauté s’est envenimée, mais pire, d’un point de vue militaire l’armée impériale est complètement embourbée en Espagne où elle fait face à la guérilla et aux Anglais. Les meilleures troupes sont donc contraintes de rester dans la péninsule et les pertes constantes pèsent sur l’opinion publique. Les défaites subies par les généraux français ont mis fin au mythe d’invincibilité de l’armée impériale et les monarchies européennes ont retrouvé l’espoir de mettre à terre l’Empire. En 1809, quand l’Autriche a déclaré la guerre à la France, l’allié russe est resté de glace. Ce n’est que par ses propres moyens que Napoléon a fait taire les velléités autrichiennes.

L’alliance russe n’en avait donc plus que le nom. Le Tsar n’avait pas soutenu la France, prenant de plus en plus ses distances avec la France depuis l’entrevue d’Erfurt en 1808 où Talleyrand avait pris soin d’éveiller en lui l’idée de devenir le nouveau libérateur de l’Europe en mettant l’Aigle à terre. En attendant, le Tzar reste dans une passivité qui exacerbe Napoléon, l’alliance ne sert plus à rien : militairement, nous l’avons vu, mais aussi économiquement. En effet le but de l’alliance était d’élargir le blocus continental destiné à étrangler l’économie britannique : il n’est pas respecté par la Russie.

Napoléon espérait également des échanges franco-russes florissants, c’est une désillusion : les longues distances font que les échanges sont faibles, cantonnés à des produits de luxe. Or justement le Tzar impose des tarifs douaniers dissuasifs sur ce type de produits. Désillusions militaires, économiques, mais aussi lignagères puisque le Tzar refuse la main de sa sœur à Napoléon, obligeant se dernier à se reporter sur Marie-Louise d’Autriche.

D’ailleurs le Tzar aussi est très déçu de Napoléon, il lui semble net que les engagements de Tilsit ne furent que des mots. Alexandre est las d’attendre une campagne toujours repoussée contre la Turquie, il n’en peut plus du frein que met Napoléon à ses ambitions sur Constantinople. Il ne supporte guère non plus cette Pologne quasiment ressuscitée sous influence française sous le nom de Duché de Varsovie, là, juste à ses portes. Enfin depuis l’annexion de l’Oldenbourg la France contrôlait la mer Baltique, artère du commerce russe… Un commerce russe d’ailleurs bien mal en point depuis le blocus continental, avec une balance commerciale toujours favorable à la France. 
 

En 1811 Napoléon sent que le Tzar va passer de la résistance passive à la résistance armée : des rumeurs de réarmement courent. Le maréchal Davout stationné en Pologne l’informe d’important mouvement de troupes russes à l’Est. Les choses se confirment et Napoléon se persuade que la Pologne est menacée, il envoie des troupes pour renforcer l’éventuelle future ligne de front. De son côté le Tzar Alexandre reste hésitant, il fini par renoncer à ses préparatifs d’attaque pour adopter une stratégie défensive.

La marche à la guerre

Les intentions belliqueuses de la Russie étant dévoilées, le respect du blocus continental étant pour Napoléon une priorité, il prépare son armée d’invasion. Pendant que les ambassadeurs font trainer les négociations à Saint-Pétersbourg Napoléon fixe une levée de 120.000 hommes pour 1812. Le cabinet de topographie du bureau de la guerre est chargé de réaliser les cartes nécessaires à la future campagne. Dès janvier 1812 des armées impériales postées dans toute l’Europe convergent vers l’Allemagne pendant que Davout et ses 150.000 hommes protègent la frontière polonaise.

La Prusse hésite quant à la marche à suivre, ce n’est pas l’envie qui manque de suivre les Russes mais il faudrait pour cela que l’Autriche fasse de même, la victoire serait plus certaine. Or l’Autriche battue en 1809 n’est pas encore en mesure d’opposer une véritable résistance à l’armée française. Finalement la Prusse se résigne à laisser passer l’armée impériale sur son territoire et à lui fournir la moitié environ de ses propres troupes, soit près de 20.000 hommes. L’Autriche fait de même, fournissant 30.000 hommes avec la promesse de s’emparer des régions roumaines. Finalement la Prusse et l’Autriche trouvent quelques intérêts à cette poussée vers l’Est, l’Autriche concèderait mène à donner la Galicie aux Prussiens si elle peut s’emparer de l’Illyrie.

La Suède par contre reste très froide envers Napoléon. L’aristocratie lui est hostile et bien que Français le roi Bernadotte ne soutient plus que les intérêts de son propre pays. Le blocus continental n’est plus respecté, Napoléon occupe la Poméranie suédoise et Bernadotte rejoint les rangs des ennemis de sa Patrie de naissance. La Russie obtient bien entendu l’adhésion du Royaume-Uni, mais aussi la neutralité des Turcs qu’ils viennent de battre. Malgré l’immensité de son empire le Tzar Alexandre est handicapé par l’absence de conscription, il ne peut aligner que deux armées, l’une aux ordres de Barclay de Tolly (120.000 hommes) et l’autre sous le commandement de Bagration (40.000 hommes).

Le 8 avril le Tzar adresse un ultimatum à Napoléon, lui ordonnant d’évacuer la Prusse et toutes les terres au-delà de l’Elbe. Avant même d’attendre la réponse Alexandre prend le commandement de son armée à Vilna. Napoléon a préparé sa campagne, il ne peut plus faire marche arrière et prend personnellement le commandement de l’armée.

Le début de la campagne de Russie

Le 16 mai Napoléon est à Dresde où il s’entoure de ses alliés : l’empereur d’Autriche François, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume et le roi de Bavière. Dans un enthousiasme révolutionnaire qui étonne Napoléon chante « Le chant du départ » ! Le 24 juin l’armée napoléonienne franchi le Niémen et pénètre en territoire russe, la nuit même le cheval de Napoléon effrayé par un lièvre désarçonne son cavalier. Certain y virent un funeste présage.

Napoléon marche en tête avec une armée de 250.000 hommes en majorité français, il est épaulé sur ses flancs par l’armée de son beau-fils Eugène de Beauharnais (90.000 soldats venant d’Italie et du Sud de l’Allemagne) et celle du roi de Westphalie, son frère Jérôme Bonaparte (70.000 Allemands et Polonais). Rien ne semble arrêter l’armée de Napoléon, mais l’ennemi se dérobe sans cesse. Le 28 juin Vilna est prise mais Jérôme ne parvient pas à empêcher Bagration de se replier, le ton monte au sein du commandement français et Jérôme retourne chez lui…
 

Au fur et à mesure que l’armée française s’enfonce dans l’immensité russe elle s’affaiblit. En effet Napoléon est toujours contraint de laisser des petits contingents en arrière pour assurer la sécurité de ses lignes de ravitaillement. Un ravitaillement qui d’ailleurs est de moins en moins efficace tandis qu’on s’éloigne de la frontière. A cela s’ajoute le phénomène quasiment naturel qui fait que toute armée en marche s’amenuise du fait des désertions et des maladies (typhus, dysenterie…).

Or l’armée d’invasion souffre, non pas du froid en ce début de campagne, mais de la chaleur des jours qui contraste trop avec la fraicheur des nuits. Le ravitaillement est mauvais, pour soulager la France Napoléon avait prévu de se servir sur la Prusse et la Pologne, mais la population hostile de la première et les mauvaises récoltes de la seconde rendent ce plan boiteux. L’armée perd 5 à 6.000 hommes par jour ! Tous les exténués ne parviennent pas jusqu’aux hôpitaux et de nombreux corps en putréfaction polluent l’air le long des chemins.

Le choc des Titans

L’armée russe n’a jamais cessé de reculer, non pas par perspicacité stratégique comme on le dit parfois mais bien par peur de l’affrontement, c’est du moins ce que souligne Jean Tulard. Au contraire Marie-Pierre Rey souligne que les ordres de replis furent imprimés avant même l’invasion, justifiant ainsi une préméditation stratégique. Les deux ne sont pas incompatibles, l’état-major avait certainement prévu cette option et les généraux sur le terrain ont certainement jugé de toute façon trop risqué de faire face à Napoléon. Ils se retirent donc, brulant derrière eux les stocks de ravitaillement non transportables. Le 17 Août les Russes cherchent à défendre Smolensk : la ville incendiée tombe aux mains des Français et les Russes reprennent leur fuite effrénée. Arrivé à Moscou cependant il apparait hors de question de continuer à reculer.

Le maréchal russe Koutouzov, qui a remplacé Bagration, regarde avec un œil de vautour cette proie qui s’affaiblie d’elle-même. Le 7 septembre 1812 il a disposé ses troupes en position défensive, bien décidé à défendre Moscou. La stratégie russe consiste à positionner un nombre considérable de soldats (110.000) sur un front de 8Km en s'appuyant sur un réseau de redoutes s'appuyant mutuellement par leurs canons et offrant de formidables ancrages défensifs avec des buttes de terre, des fossés, des résaux de pieux pour empaller les chevaux et des lignes de pièges à loups... Le but est simple : contraindre Napoléon à une guerre d’usure où il ne pourra pas déployer son génie tactique et sera contraint d’envoyer ses hommes à la boucherie sur un système défensif sophistiqué. L'emploi de la tactique de la terre brûlée fera le reste.
 
A l'aube 1227 pièces d’artillerie vomissent l’enfer (en moyenne 3 coups de canon à la seconde et 430 coups de fusil à la minute), la bataille est extrêmement violente et indécise, notamment autour de la Grande Redoute des Russes qui n’est finalement emportée que par une épique charge de cuirassiers commandée par Caulaincourt, qui trouve la mort à cette occasion. Napoléon hésite à faire donner sa Garde, il décide finalement à la garder intact et perd peut-être l'occasion d'écraser l'armée russe. Au soir les Russes ont perdus 45.000 hommes (tués et blessés), ils abandonnent également un millier de prisonniers et une vingtaine de canons. Les Français comptent plus de 6.540 tués et 21.450 blessés.
 
La nuit venue les soldats exténués bivouaquent à même le champ de bataille où s’entassent les cadavres et les camarades agonisant mêlés à plus de 15.000 chevaux fauchés dans la bataille. Koutouzov profite de ce répit pour se replier en désordre et parvient à faire passer sa farouche résistance pour une victoire qui restera dans l’histoire russe sous le nom de Borodino, nom d’un village sur le champ de bataille. Côté français la bataille porte le nom de Moskova (du nom de la rivière) et la victoire ne peut pas être remise en cause puisque Napoléon fait son entrée dans Moscou le 14. 
 
Napoléon entre dans le Kremlin, il est certain que la fin de la campagne est proche. C’est en prenant Berlin et Vienne qu’il avait négocié la paix avec la Prusse et l’Autriche, il doit en être de même pour la Russie. On a parfois dit qu’il aurait dû alors abolir le servage pour se rallier les paysans, mais cela aurait été s’engager à redistribuer des terres et à entrer dans une lutte à mort avec les armées du Tzar tandis qu’il était bien loin de ses bases de ravitaillement (un courrier mettait quinze jours pour aller de Moscou à Paris). Non, Napoléon est un homme de la guerre éclair, il envahit et négocie, il n’a aucun intérêt à rester ici, Moscou n’est qu’une halte et une monnaie d’échange.

L’innommable

Moscou, la ville sainte a été évacuée de sa population. Soudain un incendie se déclare, puis un autre, toute la ville s’embrase ! On se jette vers les pompes à eau : elles ont disparues ! Partout des incendiaires libérés des prisons par le gouverneur Rostopchine sur ordre du général Koutouzov mettent le feu à la cité. Attisées par un vent violent les flammes se propagent inexorablement au milieu des bâtiments majoritairement en bois. La chaleur envahie les rues, les flammèches brûlent les peaux, certains soldats profitent de l’état de panique pour piller la ville : en ce jour l’enfer était à Moscou. Impuissant, Napoléon regarde sa conquête partir en fumée. L’incendie ne cesse que le 21, faute de combustible… Les incendiaires arrêtés sont exécutés.

Napoléon cependant ne perd pas espoir, il attend une réponse du Tzar, un début de négociation, une volonté de paix… Rien ne vient. Craignant d’être coincé en Russie il se résigne à ordonner la retraite. Le 19 octobre l’armée française a quitté Moscou en ruines, elle laisse derrière elle 700 malades et blessés que le général de cosaque Ilowaiski confiera à des paysans qui les massacreront pour se partager les uniformes.

La retraite de Russie

La retraite est l’événement le plus connu de la malheureuse campagne de Russie, les soldats sont contraints de rebrousser chemins et ont énormément de mal à s’approvisionner dans un pays où la population est hostile et où les cosaques mettent en œuvre le principe de la terre brûlée. Comble de leurs malheurs l’hiver s’abat soudainement sur la Russie avec des températures négatives atteignant les -25 voire les -30 degrés. Après un mois d’octobre exceptionnellement doux les Français ne s’attendaient pas à se retrouver ainsi jeté dans l’enfer blanc.

En uniforme d’été les soldats sont pris aux dépourvus et s’adaptent tant bien que mal avec ce qu’ils trouvent en route. La colonne s’étire, encombrée par le butin amassé et tiré dans diverses voitures. Des voitures qui finiront toutes sur les bords des routes quand les chevaux succomberont à leur tour du froid et de la faim. Le froid colle les lèvres, gèle les membres, celui qui s’assoupie jamais ne se réveille. Les cosaques achèvent ceux qui restent en arrière ou s’éloigne un tant soit peut de la colonne principale.

Les cosaques massacrent, capturent certains moujiks sont prêt à payer pour avoir un Français entre leurs mains pour le simple plaisir de l’empaler ou de le jeter dans un chaudron d’eau bouillante. La faim tenaille les ventres faisant naitre les cohésions les plus sublimes comme l’égoïsme le plus malsain. La viande de cheval est un mets recherché, ceux mort depuis longtemps, congelés, sont difficiles à débiter, même à la hache. Mais dès qu’ils trébuchent on se rue sur ceux encore vivant ! Au milieu des soldats affamés les prisonniers russes sont encore moins bien lotis, on note même dans leurs rangs des actes de cannibalisme. Des soldats, des prisonniers, mais on trouve aussi quelques femmes dans ce flot humain : des femmes d’officier, des vivandières, des comédiennes, des femmes de mauvaise vie…

A Smolensk, ville incendiée lors de la conquête, Napoléon avait prévu des vivres, mais la désorganisation de l’approvisionnement fait qu’ils sont insuffisants et ne profitent pour ainsi dire qu’à la Garde, arrivée la première. Le 6 novembre 1812 Napoléon apprend une terrible nouvelle. Le bruit du désastre militaire est arrivé jusqu’à Paris et le général Malet à failli renverser le régime. Ce dernier a organisé un coup d’état en annonçant la mort de l’Empereur et en ralliant diverses compagnies de la capitale sur la simple présentation d’un faux ordre du Sénat. Ainsi soutenu il a fait libéré quelques compagnons de prison et parvient même à leurrer le premier régiment de la Garde Impériale à qui il ordonne de bloquer les entrées de Paris. Il fait emprisonner Savary et le préfet de police, il ne lui reste qu’à convaincre le général Hullin, commandant en chef de la place de Paris, pour tenir la capitale.

Mais alors que le jour se lève la supercherie est démasquée par Hullin et son état-major, Malet est enfin arrêté. Napoléon est ulcéré par cette nouvelle, ce n’est pas tant l’audace de Malet qui le met hors de lui mais plutôt l’incompétence de ses ministres qui se sont laissés surprendre et le comportement des officiers qui suivirent un pseudo-ordre du Sénat sans même penser à se rallier à son fil, l’Aiglon. Conscient du danger que fait régner les rumeurs de sa mort, désireux de régler ces défaillances politiques, persuadé que le seul moyen de reprendre l’initiative militaire est de lever une nouvelle armée en France pour contre attaquer, Napoléon décide de quitter son armée pour Paris. Il avance avec ses hommes, sous la pression des Russes qui tentent de lui bloquer la route, de l’arrêter, et se voient opposer une farouche résistance comme à Krasnoë où Ney parvient à sauver l’arrière-garde. Face au danger des raids cosaques on réunit à Doubrowna 600 cavaliers qui ont encore leur monture pour former autour de l’Empereur cette garde rapprochée qu’on appela « l’escadron sacré ».

La campagne de Russie tourne à la Bérézina

Arrivée à la Bérézina l’armée se retrouve coincée face à un fleuve charriant d’énormes blocs de glace. Pour l’armée russe le moment de l’hallali semble venu mais grâce au sacrifice de ses pontonniers qui font merveille dans les eaux glacées l’armée française parvient à s’échapper avec 50.000 combattants. Ce n’est pourtant qu’au prix de scènes d’horreur, une arrière-garde retenant l’ennemi tandis que sur les ponts on se piétine, on se bouscule, et au moindre faux pas on disparait à jamais dans le tumulte des eaux gelées.

Il confie le commandement à son beau-frère Murat et part pour Paris en traineau, seulement accompagné de Caulaincourt, Duroc, Mouton et quelques autres. Pour ce voyage du 7 au 18 décembre 1812 Napoléon porte autour du coup une petite fiole de poison, tragique alternative à la capture. L’escapade se terminera dans une vulgaire voiture de poste, à Meaux l’Empereur et ses compagnons durent faire crédit pour payer les frais de route, n’ayant à eux tous que 80 francs en poche…

Incapable de gérer cette armée en déroute Murat confie à son tour le commandement au maréchal Ney qui déploie une énergie colossale pour sauver ce qui peut l’être. Le 8 décembre les lambeaux de l’armée française sont bousculés par Koutouzov à Vilna et le 12 ils repassent le Niémen. On estime les pertes de l’armée napoléonienne à plus de 390.000 morts, prisonniers et déserteurs compris.

Le 31 décembre 1812 les Prussiens se sentant en position de force changent de camps. Dès lors les alliés de Napoléon se retournent un à un contre lui, tous espérant avoir leur part du gâteau pour avoir participé à la marche victorieuse de l’armée russe. Bien qu’après ce retournement d’alliance la situation de Napoléon semble désespérée il parvient néanmoins à organiser une farouche résistance grâce à une nouvelle armée levée dans l’urgence. L’année 1813 est marquée par la campagne d’Allemagne où bien qu’en infériorité numérique Napoléon parvient à vaincre à plusieurs reprises les coalisés.

Tant est si bien que la consigne devient de ne pas attaquer l’armée française quand Napoléon commande mais seulement quand on se trouve face à l’un de ses généraux… Napoléon a beau être un génie, il ne peut pas être partout à la fois… L’aventure se termine en 1814 avec la campagne de France où Napoléon offre un spectacle éblouissant de qualités stratégiques, glorieux chant du cygne jusqu’à l’abdication. 

Pour aller plus loin

- Boudon Jacques-Olivier, Napoléon et la campagne de Russie: 1812, EXHD, 2021

- Marie-Pierre Rey, 1812 : Histoire de la campagne de Russie. Champs Histoire, 2021.

- GARNIER Jacques, Atlas Napoléon. 126 cartes sur la vie et les campagnes napoléoniennes, Napoléon 1er Edition, 2006.

- REY Marie-Pierre, L’effroyable tragédie. Une nouvelle histoire de la campagne de Russie, Flammarion, 2012.

 

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