Bibliothèques du Moyen-âge à la Renaissance
Les bibliothèques existantes sont d'abord celles de l'Eglise qui proposaient la Bible, les livres liturgiques ainsi que des manuscrits antiques. Un peu plus tard, les universités et les collèges se munissent de bibliothèques. Les lecteurs érudits ont accès à des manuscrits très souvent anciens, difficiles à lire, précieux et couteux. Entreposés à plat, ils sont attachés à un pupitre par des chaines. Peu à peu, les rois et princes s'intéressent eux aussi aux livres et commencent à se constituer des bibliothèques. La première bibliothèque nationale est celle de Charles V, appelée « librairie ».
La « librairie » de Charles V, considérée comme bibliothèque du roi, va se transmettre de monarque en monarque. En fonction des pertes ou des destructions, chacun la reconstituera. A la demande de François Ier, la bibliothèque du roi reçoit un exemplaire de chaque livre imprimé, augmentant ainsi le nombre d'ouvrages et va être progressivement ouverte à un public prestigieux.
Du Grand Siècle à la Révolution française
Au XVIIe siècle, Gabriel Naudé attaché au cardinal en tant que premier bibliothécaire de la Mazarine, fait paraitre un « advis pour dresser une bibliothèque » en 1627. Il insiste sur l'orientation des bâtiments, la température des salles et l'éclairage. La bibliothèque va devoir s'agrandir. Composée d'une salle sous forme de galerie, elle peut être doublée ou quadruplée en fonction des besoins, par des galeries transversales, comme celle du collège de Clermont (futur collège Louis-le-Grand) ou encore celle de la Trinité à Lyon, longue de 50m munie d'une galerie perpendiculaire.
Afin d'augmenter la capacité de rangement des volumes, on joue alors sur la hauteur. La bibliothèque de la Trinité est un exemple type : large de 11m, elle a une hauteur de 13m. A mi hauteur, sont donc installées des galeries au mur. Cette solution, déjà utilisée en Italie depuis bientôt 50 ans, ne l'est en France qu'en 1650 à la bibliothèque Mazarine puis dans les collèges des régions de France. A côté de la galerie, il existe d'autres salles permettant de conserver des cartes, des médailles, des monnaies, ainsi que les réserves servant au fonctionnement de la bibliothèque.
Pour terminer, il est de bon ton de peindre le plafond ainsi que la coupole reliant les galeries.
A la fin du XVIIIe siècle, les bibliothèques évoluent très rapidement. Le nombre et la qualité des ouvrages augmentent considérablement, suite à la confiscation des biens de l'Eglise, des nobles qui ont émigré et des universités et collèges. Devenues bibliothèques de la nation, puis se nommant bibliothèques impériales, elles prendront plus tard le nom de bibliothèques municipales, très souvent installées dans les mairies.
La bibliothèque Mazarine : la plus grande d'Europe
Comme nous l'avons vu plus haut, les bibliothèques de grands personnages portent leurs armoiries, aussi bien sur les bâtiments, dans les salles que sur les livres. Voici un exemple de bibliothèque privée qui deviendra nationale, grâce au propriétaire.
Après la Fronde, lorsque le cardinal a perdu une partie de ses livres, il fait déménager sa bibliothèque et l'inclus au Collège des Quatre-Nations dans son testament de 1661, afin que rien ne disparaisse à sa mort. Bibliothèque privée la plus riche d'Europe, grâce à des acquisitions de fonds de librairies et de collections entières, des prospections à l'étranger et l'intervention de diplomates, elle contenait environ 40 000 volumes au milieu du XVIIe siècle.
Pour aller plus loin
- Histoire des bibliothèques, D'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, de Frédéric Barbier. Armand Colin, 2021.
- Le Pouvoir des bibliothèques : La Mémoire des livres en Occident. Albin Michel, 1996.