Dagobert Ier, dernier grand roi mérovingien
Né vers 604 et fils de Clotaire II et de Bertrude, Dagobert reçoit à dix ans de son père le royaume d’Austrasie afin de satisfaire le particularisme de l’aristocratie locale, que dominent le maire du palais, Pépin de Landen, et l’évêque de Metz, Arnoul. À la mort de son père Clotaire II (629), Dagobert est reconnu roi de Neustrie mais sans l’Aquitaine, qu’il annexe à la mort de son frère cadet Caribert, en 632. Il soumet les Bretons à l'ouest, et au sud les gascons révoltés contre la tutelle franque. Au-delà du Rhin, il rend tributaires les Thuringiens, les Alamans, les Bavarois, et fait la guerre contre les Vénètes, établis dans la vallée du Danube. Il conclut un traité de paix avec l’empereur byzantin Héraclius (631).
Seul maître du regnum Francorum, Dagobert défend les frontières menacées. Il séjourne souvent dans la ville de Clichy, aux environs de Paris, affichant un luxe digne d’un empereur romain. Il parcourt aussi les provinces en rendant la justice et se fait craindre des leudes. Il doit, à son tour, composer avec les exigences de l’aristocratie austrasienne et lui donne pour roi son fils Sigebert, alors en bas âge (634). Afin d’éviter que Sigebert ne s’approprie un jour la totalité du royaume, il attribue, de son vivant, à son troisième fils Clovis II, la Bourgogne et la Neustrie.
Le « Bon roi Dagobert »
La mauvaise réputation que vaut cette chanson au roi provient de sa date de création, pas très ancienne bien qu’antérieure à 1789, et de ses modifications : remise à la mode en 1814, au retour de la royauté, elle fut ponctuée de couplets satiriques d’actualité. Dagobert fait partie de cette nouvelle génération de Mérovingiens plus à l’aise dans les conseils que sur les champs de bataille.
Un règne sans postérité durable
Grand mangeur et buveur, grand amoureux, il était déjà pénalisé par une santé difficile à l’approche de la trentaine. En 636, ayant frôlé la mort, il convoque les principaux dignitaires du Regnum et ses deux fils, et leur adresse un discours : « Examinant donc ma conscience et les péchés de mon cœur, méditant sur les comptes que je devais rendre au souverain Roi, j’ai craint son jugement... ». Il multiplie les donations aux monastères, confie l’éducation de Clovis à Éloi et rappelle le partage de son royaume : à Sigebert l’Austrasie, l’Aquitaine et la Provence ; à Clovis la Neustrie avec le duché de Dentelin et la Bourgogne.
Deux ans plus tard, à l’approche de la mort, il se fait transporter à l’abbaye de Saint-Denis, dont il est le fondateur, demandant à y être enterré. Il charge le duc Éga d’être le régent du royaume, avec l’accord de la reine Nanthilde, puis meurt le 19 janvier 639. Après sa mort, la dynastie mérovingienne ne cesse de décliner sous les rois enfants, dits rois « fainéants », qui laissent le pouvoir aux factions et aux maires du palais.
Bibliographie
- Dagobert - Roi des Francs, de Maurice Bouvier-Ajam. Texto, 2018.
- Le roi Dagobert, de Lucien Double. Culturea, 2022.
- Vie et légendes du roi Dagobert Ier, de Grégoire De Tours. Le Mono, 2019.