Le musée Guimet, de la fondation à Lyon au transfert à Paris
Fondé à Lyon en 1879 par l’industriel orientalisant Émile Guimet (1836-1918) afin de promouvoir les religions et les civilisations d’Orient, le musée est transféré à Paris après qu’Émile Guimet a légué, en 1885, ses collections à l’État et fait construire, pour les accueillir, un bâtiment à l’angle de la rue Boissière et de l’avenue d’Iéna (dans le XVIe arrondissement). Conçu par l’architecte Charles Terrier, le musée est inauguré en 1889 en présence du président de la République, Sadi Carnot. Il est rattaché à la Direction des musées de France en 1927, année à partir de laquelle est entrepris — jusqu’en 1931 — le transfert au musée Guimet des œuvres du musée d’Ethnographie indochinoise du Trocadéro.
La restructuration de 1996
En 1996, sous l’égide de la Direction des musées de France, un programme de rénovation du musée est lancé et confié aux architectes français Henri et Bruno Gaudin. Entièrement refondu après quatre ans de travaux titanesques, le musée est rouvert au public en janvier 2001. Les collections (quelque 3 500 pièces exposées, sur les 45 000 que détient au total le musée) s’ordonnent sur cinq niveaux de façon didactique et raisonnée, selon un parcours géographique et un ordre chronologique.
Dès l’accueil, à proximité d’un escalier monumental à double branche qui constitue l’épine dorsale du bâtiment, le visiteur fait face à un naga géant (gardien de temple). Composé de trente et un blocs de grès et pesant treize tonnes, il s’agit du remontage de l’ancienne balustrade sud (Chaussée des Géants) de l’allée est du Preah Khan d’Angkor. Démontée en 1873-1874 par le découvreur du site, le lieutenant de vaisseau Louis Delaporte, cette pièce n’avait jamais été exhibée depuis son exposition au palais du Trocadéro, dans le cadre de l’Exposition universelle de 1878.
Un musée dédié aux arts asiatiques
L’accès aux collections d’Asie du Sud-Est (dont le musée détient 4 700 pièces environ), installées au rez-de-chaussée, s’effectue à l’entour de la grande verrière dédiée à la statuaire khmère, où trône en arrière-plan un fronton du sanctuaire de Banteay Srei (vers 967), offert en 1936 par l’École française d’Extrême-Orient (ÉFEO). Articulé autour de la collection d’art khmer et du Champa (cœur du musée et plus grand ensemble muséographique d’art khmer au monde, après celui du Musée national de Phnom Penh) « est mis en regard » (Henri Gaudin) tout un panorama de pièces issues des diverses écoles d’art thaï (Sukhothaï, Ayuthya, etc.), de pièces laotiennes, d’œuvres birmanes post-Pagan, de céramiques et de bronzes archaïques du Viêt Nam, de terres cuites, bronzes, statues en pierre volcanique de Java ou de Sumatra.
Les collections tibétaines, chinoises et japonaises
La section du premier étage rassemble un ensemble exceptionnel de peintures à la gouache, tankas et bronzes népalais et tibétains, fonds enrichi en 1989 grâce à la donation par Lionel Fournier de sa collection d’art himalayen.
Sont également exposés à cet étage des œuvres gandhara (issues des quelque cent pièces du fonds Alfred-Foucher en provenance du Louvre), des ivoires indiens, des verres soufflés gréco-romains et des laques chinois du trésor de Begram (découvert en 1937 en Afghanistan par Ria et Joseph Hackin, directeur du musée de 1923 à 1941), ainsi qu’une partie des collections chinoises du musée, de la période néolithique à la dynastie Ming : jarres du Yangshao ; bronzes archaïques et jades Shang et Zhou ; terres cuites Han (chevaux Sichuan et dames de cour) ; évocation de la route de la Soie sous la dynastie des Tang dans une salle dédiée à la donation faite en 1995 par le collectionneur belge Jacques Polain), statuaire Wei, Song, Yuan et Ming.
Le deuxième étage abrite l’art du Japon — ensemble de poteries en argile de la période de Jomon et de la période de Yayoi, peintures et statues de la période de Nara (710-794), arts graphiques de la période d’Edo (1603-1868) — ainsi que la plus importante collection d’art coréen en dehors du continent asiatique (fonds Charles Varat), dont des céladons de l’époque Koryo (918-1392). À cet étage et à l’étage supérieur (troisième étage) est à nouveau représenté l’empire du Milieu avec des peintures bouddhiques chinoises et une très belle collection de céramiques Song, Yuan, Ming et Qing (présentées dans des vitrines d’études). Le haut de la rotonde (« rotonde aux laques »), au quatrième étage, présente un bel ensemble de paravents chinois des XVIIe et XVIIIe siècles.
Une annexe du musée Guimet, installée depuis 1968 dans l’ancien hôtel particulier d’Alfred Heidelbach, abrite des pièces illustrant le Panthéon bouddhique japonais, réunies par Émile Guimet en 1876, ainsi que trente-trois chefs-d’œuvre (peintures et sculptures) de la Chine bouddhique. Au cœur des galeries est également aménagé un jardin japonais.
Le musée Guimet, centre de recherches et d'études
À la fois musée, centre de recherches et d’études et fonds d’archives photographiques, le musée Guimet est en relation constante avec les archéologues et les chercheurs ; il publie régulièrement la revue Arts asiatiques. Il est le siège d’associations rassemblant amateurs et spécialistes comme la French Asian Society (association pour le rayonnement des arts asiatiques) ou l’Association des amis d’Angkor. Plusieurs salles sont dédiées aux expositions temporaires, au rez-de-jardin (où ont été aussi aménagés les réserves du musée et un auditorium) et au rez-de-chaussée, étage où est également installée une bibliothèque spécialisée.
Accès au musée Guimet
Musée national des Arts asiatiques Guimet
6, place d’Iéna
75016 Paris
Renseignements au 01 56 52 53 00
Horaires d'ouvertures
Tous les jours sauf le mardi, de 10 h 00 à 18 h 00
Fermeture de la caisse à 17 h 15
Fermeture des salles à 17h45.
Pour aller plus loin
- Musée national des arts asiatiques, Musée Guimet (Paris). 2001.
- Le site du musée Guimet.