Ludwig van Beethoven (1770-1827) est un compositeur allemand et l’un des plus grands génies de toute l’histoire de la musique occidentale. Placé à la jonction de deux époques aux tendances totalement opposées, Beethoven, contemporain de Haydn et de Mozart, exprime dans ses premières compositions la perfection classique mais à la fin de sa vie, il concourt à l'achèvement d'un art qui va bouleverser toutes les habitudes musicales. Son répertoire est riche et varié : il a en effet écrit des sonates pour piano, de la musique de chambre, des messes, un opéra, etc. Mais ce sont surtout ses symphonies qui ont marqué l’histoire de la musique, notamment la célèbre Neuvième Symphonie (composée en 1824). Beethoven inaugurera, dans l'histoire de la musique, l'ère du romantisme qui sera incontestablement celle de la suprématie allemande.
Enfance et début de carrière de Ludwig van Beethoven
Ludwig van Beethoven nait à Bonn le quinze décembre 1770, d'une famille originaire du Brabant en Belgique. Son père, Johan van beethoven, musicien à la cour du prince électeur de Bonn, avait un penchant pour l'alcool, tandis que sa mère, douce et effacée, était pour lui comme une amie attentionnée. Précoce, l'enfant s'intéresse à la musique et son père l'initie au clavecin et à l'orgue parfois tard dans la nuit en espérant faire de lui, à l'image de Mozart, un petit prodige.
En 1778, alors qu'il a sept ans et demi, Ludwig effectue son premier concert public à Cologne, au cours duquel son père le fait passer pour un enfant de six ans (ce fait faussera pour lui pendant longtemps la connaissance de son âge réel). Initié à la composition et à l'orgue auprès de musiciens renommés tel que Christian Gottlob Neef (qui prit conscience des capacités extraordinaires de Ludwig) il étudiera également les philosophes anciens et modernes. Dès l’âge de onze ans, Beethoven entre comme musicien à la cour de cologne, où il reçoit l’enseignement de Christian Gottlob Neefe (1748-1798). Tout en poursuivant sa formation, Beethoven s’intègre progressivement à la vie musicale et culturelle de Bonn, ayant son petit cénacle d’élèves et fréquentant les poètes et philosophes du temps.
Établissement à Vienne : les années héroïques
La première œuvre de Beetoven voit le jour au cours de sa douzième année, en 1782 : neuf variations en do mineur pour piano. En 1784, recommandé par Neff, il est nommé organiste à la cour du prince Maximilien Franz, ce qui lui permet de sortir du milieu de son père et de sa famille et de se créer un nouveau réseau relationnel. Peu après, le décès de sa mère en 1787 et la déchéance de son père alcoolique le placent devant la responsabilité de chef de famille auprès de ses deux jeunes frères, rôle qu'il assumera courageusement toute sa vie.
Avec l'aide de Maximilien il s'établira à vienne pour parfaire son éducation musicale. C'est là qu'il rencontre Mozart, travaille avec Haydn, étudie le contrepoint avec Labreschaberger et la composition vocale avec Salieri. Il s’installe alors définitivement dans la capitale autrichienne et à partir de 1795, acquiert une certaine notoriété, notamment dans les milieux aristocratiques, grâce à ses concerts publics et ses improvisations au piano. Il compose alors beaucoup pour cet instrument : des sonates et — marquant la quintessence de son style — des concertos. Sa Première Symphonie n’est jouée qu’en 1800. La même année, il achève la série des six Quatuors à cordes opus 18. C’est dans ces genres réputés difficiles (où Haydn s’est particulièrement illustré) que Beethoven assure la relève.
Les œuvres composées par la suite (dans les premières années du XIXe siècle) reflètent la parfaite assimilation par Beethoven du style classique viennois, qu’il va conduire vers de nouveaux horizons.Avec la Symphonie n° 3 (dite Héroïque), entamée en 1803, créée en privé en 1804 et en public en 1805, commence alors pour Beethoven une période qualifiée de « décennie héroïque ». S’achevant avec la Symphonie n° 8 (1812), cette période est, en effet, la plus féconde de son œuvre. Elle apportera au compositeur gloire et reconnaissance auprès de ses contemporains et lui procurera une certaine aisance financière.
Fêté par l'aristocratie Viennoise qui reconnais son talent,(il y compte des amis et des protecteurs fidèles dont l'archiduc Rodolphe), son impulsivité le portera souvent à se fâcher avec les uns ou les autres, seul son talent excusera son comportement excessif. En 1814, au congrès de Vienne souverains et princes le traitent comme une ''gloire Européenne''. Aimant par dessus tout sa liberté, Beethoven est l'un des premiers artistes indépendants n'appartenant à aucune chapelle princière.
Portrait de Beethoven
Beethoven était de petite taille, au visage osseux, au front large, le nez court, la mâchoire saillante, le menton inégal, sa démarche rapide devint brusque plus tard par le fait de son handicap. « Il allait droit devant lui dans le silence de ses rêves ». Sa mise, d'abord soignée, se négligera avec le temps.
Il se présente telle une magnifique stature d'homme en laquelle une volonté indomptable équilibre une rare puissance d'aimer et de souffrir. Ses amours multiples et tumultueuses porteront la ''marque''de son caractère absolu et tourmenté. Nature très généreuse, il se passionne pour son idéal de justice et de charité, de liberté et d'héroïsme auxquelles il mêle ses plus hautes aspirations: l'Amour! amour de Dieu et amour des hommes. Cette double aspiration anime ses œuvres capitales: « La messe solennelle » , la cinquième et la neuvième symphonie.
Impulsif et passionné, il traverse des sentiments opposés, passant de la tristesse à la gaieté, de la colère à la douleur, du découragement à la résignation.
Le drame de la surdité
Dès 1802, Beethoven exprime sa révolte face au drame qui le frappe : la surdité le gagne insidieusement terrible fatalité pour un musicien! Mais la musique le rappelle à la vie, il se jette dans la composition d'œuvres grandioses,d'exceptionnelles sonates pour piano (notamment ''la tempête'' et la ''chasse'' la deuxième et la troisième symphonie, oubliant un peu son handicap grandissant.
Vers 1805, il compose plusieurs symphonies, « l'ouverture de Coriolan », « la pastorale »et la célèbre « lettre pour Elise ».Prenant quelques élèves jeunes et belles, il en tombera parfois amoureux. Devenu totalement sourd vers 1818, Beethoven ne communique plus avec l’extérieur qu’au moyen de ses Carnets de conversation (en très grande partie conservés, ils constituent, avec les esquisses qu’il a laissées pour un grand nombre d’œuvres, une source précieuse de renseignements).
Il aura pour protecteurs son amie la comtesse Anna Marie Erdödie, l'archiduc Rodolphe,le prince Lobkowitz et le prince Kinski, qui lui versent une rente annuelle lui permettant de vivre sans contrainte à Vienne. Des pièces pour théâtre, messes, et œuvres instrumentales pour piano, sonates (dont la sonate au clair de lune) seront crées entre 1796 et 1822.
Rencontre avec Goethe et Rossini
C'est en juillet 1822 que Beethoven rencontre Goethe, les deux grands hommes s'admirent, mais ne se comprennent pas, néanmoins le musicien mettra en musique plusieurs poèmes de Goethe et gardera le regret de cette incompréhension. Il rencontre également Rossini qui fait un triomphe à Vienne, mais là aussi la surdité de Beethoven et la barrière de la langue ne permettra aucun échange constructif entre les deux compositeurs.
Une maladie, contractée en 1826 à la suite d'un refroidissement se rajoutera aux autres maux dont il souffrit tout au long de sa vie. Complètement sourd et affaibli, il s'éteindra le 26 mars 1827, entouré de ses plus proches amis alors qu'une tempête fait rage au dehors, comme un dernier hommage de la nature au grand homme qu'il fut. Lors de la cérémonie funèbre, plusieurs milliers de personnes accompagnèrent Ludwig van Beethoven à sa dernière demeure. Il fut enterré au cimetière de Währing.
Les œuvres de Ludwig van Beethoven
Beethoven a composé neuf symphonies, sept concertos (dont cinq pour piano), seize quatuors à cordes (auxquels il faut ajouter la Grande Fugue, composée en 1825), trente-deux sonates pour piano, dix pour piano et violon, cinq pour piano et violoncelle, un opéra (Fidelio), deux messes, plusieurs ouvertures, des musiques de scène (dont celle pour Egmont de Goethe, en 1809-1810), un ballet (les Créatures de Prométhée, 1800-1801), de nombreuses séries de variations pour piano (dont les 33 Variations pour piano sur un thème de Diabelli, 1819-1819) et un grand nombre de lieder.
On dit généralement de son œuvre que, faisant éclater les canons du « style classique » (représenté par Haydn et Mozart), elle tend tout entière à l’exaltation du moi et de la sensibilité personnelle (qui jusqu’alors n’avait pas sa place en musique), ce qui lui vaudra le qualificatif de « romantique ». En réalité, notamment par son côté tribun et son idéalisme, Beethoven apparaît beaucoup plus comme un vrai fils de la Révolution française, et l’on ne trouve donc pas trace dans son œuvre de ce repliement sur soi et de cette propension impudique à la confession intime et directe si caractéristiques d’une partie de la génération romantique de 1830.
Les œuvres de la dernière période de la vie de Beethoven se définissent toutes par leur caractère exemplaire qui feront l’admiration unanime des compositeurs des générations suivantes : en particulier la Neuvième Symphonie et la Missa solemnis (1824), qui sont le reflet de la vision personnelle qu’a Beethoven d’une humanité idéalisée, et qui font référence à son culte de l’Être suprême. Le style tardif de Beethoven se manifeste également dans les trois dernières Sonates pour piano opus 109 à 111 (1820-1822) et dans les cinq derniers Quatuors à cordes (1824-1826), jugés dans un premier temps injouables et inaudibles avant d’être considérés comme faisant partie des sommets de l’esprit et du génie humains.
La postérité de Beethoven
Un des legs de Beethoven est d’avoir contribué à modifier l’image sociale du compositeur : jadis considéré comme un artisan œuvrant au service de l’Église ou sous l’aile protectrice de quelque aristocrate mécène — rôle qu’à leurs débuts Haydn et Mozart avaient accepté d’assez bon gré —, le compositeur apparaît désormais (du moins en principe) comme un artiste indépendant vivant de sa production, devenu une sorte de grand prêtre laïque. Quant à l’influence musicale de Beethoven, elle est paradoxalement à la fois immense — rares, en effet, sont (au XIXe siècle et au début du XXe siècle) les compositeurs qui ne se sont pas réclamés d’une façon ou d’une autre de son héritage — et assez limitée, en raison du caractère strictement inimitable de son style très personnel.
Nul artiste plus que Beethoven n'a orienté l'art musical vers de nouvelles destinées. Classique dans ses premières œuvres, il traduit dans les dernières ses états d'âme, ses sentiments, leur donnant une portée universelle. Profondeur de la pensée, richesse du style, couleur du développement symphonique s'unissent pour des œuvres fortes, puissantes, qui atteignent à la grandeur et à la perfection.
On a voulu faire de Beethoven le ''type'' ''du révolté, de l'artiste- prophète, de l'artiste-messie, mais on peut le considérer simplement comme un très grand musicien, un génie et une grande âme. Musicien charnière, on peut dire à coup sûr qu'il fut le dernier des classiques et le premier des romantiques.
Bibliographie
- Beeethoven, de Bernard Fauconnier. Folio biographies, 2010.
- Beethoven, de Elisabeth Brisson. Ellipses, 2016.