Dans les pays de culture catholique, le carnaval est à l'origine une période de festivités ayant lieu chaque année durant la période qui précède le Carême. Cette tradition ancestrale, qui a perduré à travers l’histoire. est une fête populaire où l’ordre établi est inversé, le carnaval, c’est la fête « du monde à l’envers ». La célébration du carnaval, traditionnellement marquée par des bals masqués, des défilés de chars bariolés dans les rues et des cortèges costumés, remplit plusieurs fonctions sociales et symboliques.
Origine du carnaval
Le carnaval a toujours lieu en hiver, commençant le jour de l’Epiphanie et se terminant la veille du mercredi des cendres. Mais bien souvent, et selon les pays, il est limité à environ une semaine pendant cette période. Pour fêter la fin de l’hiver et le début du printemps, le passage « de la mort à la vie », les gens oublient leurs soucis, s’amusent avant d’entamer la période du Carême. C’est une fête populaire où tous les individus se déguisent, se masquent que ce soit les grands ou le peuple pour « vivre dans la peau d’un autre le temps du carnaval ».
Les fêtes de Carnaval remontent loin dans le temps, le port de masques est attesté depuis environ 10 000 ans avant J.C. Dans l’antiquité, des fêtes avaient lieu pour célébrer la fin de l’hiver. L’ordre établi était renversé : les esclaves devenaient les maîtres, les règles de préséance sont oubliées et tout était permis. Ces fêtes duraient de un à huit jours avec défilés, mascarades, mimes. Au Moyen-âge, l’Eglise condamne le carnaval qui fut un temps aboli, mais rapidement devant l’insistance du peuple, elle le prit en compte. Le carnaval est en quelque sorte officialisé, avec la désignation d’un « Roi ».
De nos jours, toutes les villes ont leurs défilés, mais de longs mois de préparation sont nécessaires pour offrir au public le plus beau des carnavals.
Carnavals célèbres : Venise et Rio
Celui dont on parle le plus souvent est bien le carnaval de Venise où un touriste sur quatre est français. C’est le carnaval le plus raffiné, où les costumes se concurrencent dans l’élégance et la grâce. Dès 1269, le Sénat autorise la veille du Carême comme un jour de fête. Pendant la Renaissance, c’est une liberté d’expression et un moment de fusion entre les nobles et le peuple de Venise, on peut critiquer et se moquer de qui on veut, dans le rire et la joie, pendant de longs mois.
Le carnaval de Rio est bien connu avec ses Ecoles de Samba qui défilent dans un rythme endiablé, peut être le carnaval le plus coloré. Au XVIIe siècle, c’était une fête portugaise où l’on envoyait des sceaux d’eau et tout ce qu’on trouvait sous la main, sur les passants. Cette manifestation fut interdite à partir de 1904, étant jugée trop violente. Le peuple continue à s’amuser dans les rues au son de la musique alors que les classes aisées dansent dans les salons. Puis vers 1930, les écoles de Samba voient le jour et inaugurent ainsi la forme actuelle du carnaval.
D'autres carnavals dans le monde
Le carnaval de Nice est réputé pour ses chars fleuris. Les fêtes à Nice existent depuis au moins 1294 lorsque le Comte de Provence a passé à Nice « des jours joyeux de carnaval » lors de bals, mascarades, farandoles, feux de joie. Les premiers cortèges composés d’une trentaine d’équipages eurent lieu en 1830 en l’honneur des souverains du royaume de Piémont Sardaigne ; puis en février 1873, le carnaval moderne naissait avec cortèges de chars, mise en scène, ordre établi et tribunes payantes.
En Belgique, le carnaval de Binche est un des plus célèbres d’Europe, où l’on danse au rythme de sonnailles et l’on porte d’immenses plumes d’autruche. La légende voudrait que « le Gille » descende des Incas, présents en costume lors des fêtes données par Marie de Hongrie en 1549 lorsqu’elle accueillit son frère Charles Quint. Conquis par ces costumes colorés, le carnaval a perduré, mais aujourd’hui il est très réglementé : le port du costume de « Gille » est réservé au jour du Mardi-Gras, avec interdiction de sortir de la ville et porté uniquement par les hommes de familles résidant depuis au moins cinq ans dans la ville.
Celui de Bâle en Suisse est presque le plus extravagant du pays. Datant officiellement de 1835, même si on trouve des prémices au XIV è siècle, il débute à quatre heures du matin, le lundi qui suit le Mercredi des Cendres « Morgenstraich », les lumières s’éteignent et les défilés commencent au son de fifres et tambours. Au début, on défilait avec des flambeaux, puis peu à peu ils furent remplacés par des lanternes. Les cortèges se poursuivent toute la journée dans la musique, jusqu’au soir où l’on se retrouve dans les cafés à écouter des chants satiriques mettant à mal les politiques de la ville.
Celui du Canada, devenu troisième plus grand carnaval du monde, existant depuis 1894, est considéré comme une grande fête des neiges. Il est fêté régulièrement tous les ans depuis 1955, avec défilés, joutes, épreuves insolites comme la course de canot sur glace, la course de tacots ou encore les bains de neige et se clôture par un immense feu d’artifice.
Pour aller plus loin
- Histoire du carnaval de Venise : XIe-XXe siècle, de Gilles Bertrand. Pygmalion 2013.
- Aux origines de carnaval, de Anne Lombard-Jourdan. Odile Jacob, 2005.