Membres fondateurs de l’OTAN et dispositions du traité
L’Alliance atlantique fut conclue en 1949 entre douze pays : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. Elle reçut ensuite l’adhésion de la Grèce et de la Turquie (févr. 1952) et, après la signature des accords de Paris (23 oct. 1954), de la République fédérale d’Allemagne.
La zone couverte par le traité était ainsi définie par l’article 6 : « ...une attaque contre le territoire de l’une des parties en Europe ou en Amérique du Nord, contre les départements français d’Algérie (mention supprimée en janvier 1963, à la suite de l’indépendance de l’Algérie), contre le territoire de la Turquie ou contre les îles placées sous la juridiction de l’une des parties dans la région de l’Atlantique Nord, au nord du tropique du Cancer ».
L’Alliance atlantique se présentait, non seulement comme une alliance militaire défensive animée par les mêmes concepts stratégiques, mais encore comme un effort pour créer une communauté de pays animés des mêmes idéaux politiques.
Le commandement militaire intégré de l'OTAN
Trois commandements suprêmes furent créés : le commandement en Europe, le commandement de l'Atlantique et le commandement de la zone de la Manche. Nommé en décembre 1950 commandant suprême en Europe. Eisenhower établit son quartier général (le SHAPE, Suprême Headquarters Allied Powers Europe) à Rocquencourt, près de Versailles. Le siège du Conseil atlantique fut fixé à Paris. Reposant d’abord essentiellement sur la puissance américaine, l’OTAN se renforça, au cours des années 1950, par le développement des armées d’Europe occidentale, qui reçurent une aide financière importante des États-Unis. En réponse à l’OTAN, l’URSS mit sur pied l’organisation du pacte de Varsovie (1955).
En juin 1974, les quinze pays membres de l’Alliance adoptèrent une « déclaration atlantique » qui constatait que le traité de 1949 avait fourni la base de leur sécurité en rendant possible la détente et qu’il avait consacré la solidarité de destin des pays membres ; ceux-ci affirmaient que la présence des forces nord-américaines en Europe restait indispensable. Le 31 mai 1982, l’Espagne, nouvellement gouvernée par des socialistes, était admise dans l’organisation.
Elargissement et évolution de l’Alliance atlantique
En 1984, l’équilibre des forces armées classique paraissait en faveur du pacte de Varsovie. L’installation, à partir de 1977, de missiles soviétiques SS 20 à trois têtes nucléaires capables d’atteindre toute l’Europe occidentale a amené l’OTAN, à partir de 1983, à installer en Europe occidentale ses fusées Pershing II. L’accord à propos de ces euromissiles, négocié en déc. 1987, et ses conséquences positives sur l’ensemble des rapports entre l’Est et l’Ouest ont contraint l’Alliance à une révision stratégique. Elle devait tenir compte des aspirations paneuropéennes de la plupart des pays communistes, de l’URSS en premier lieu. Mais l’effondrement de cette dernière conduisit à remettre en cause la fonction même de l’OTAN.
L’éclatement du bloc soviétique fut suivi d’une période de réflexion sur la finalité de l’organisation. Tandis que l’UEO, mise en sommeil depuis les années 1960 apparaissait comme un possible pilier européen de l’Alliance, la question d’un éventuel élargissement de l’Alliance aux anciens pays de l’Est suscitait une vive opposition de la part de Moscou. La Russie, redoutant d’être isolée du reste de l’Europe par une extension de l’OTAN dont elle serait exclue si vit proposer en janvier 1994 un “partenariat pour la paix” au contours flous, mais ouvert à tous les pays européens.
Lors du sommet de Prague (novembre 2002), l’OTAN invite sept pays à engager des pourparlers d’adhésion avec l’Alliance : la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Les pays membres s’accordent également sur un nouveau concept militaire de défense contre le terrorisme. L’adhésion des sept nouveaux pays membres est effective le 29 mars 2004. Le sommet de Riga (novembre 2006) voit échouer la volonté des États-Unis de transformer l’OTAN en une organisation plus politique, dotée d’une mission globale à l’échelle mondiale, dans un contexte marqué par les difficultés de l’Alliance en Afghanistan.
Alors que l'on célébrait en 2019 ses 70 ans, la raison d'être de l'OTAN est l'objet de débats, dans un monde de plus en plus multipolaire, alors que les Etats-Unis se désengagent de plus en plus des organisations internationales et que de graves dissensions opposent parfois les membres de l'Alliance.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en Février 2022 a considérablement relancé la vigueur de l'OTAN, et de nombreux pays comme la Suède, la Finlande ou la Géorgie ont fait acte de candidature pour rentrer dans l'Alliance atlantique.
Pour aller plus loin
- Histoire de l'Otan, de Charles Zorgbibe. Complexe, 2002.
- L'OTAN au XXIe siècle: La transformation d'un héritage, d'Olivier Kempf. Editions du Rocher, 2019.
- Histoire des relations internationales : De 1945 à nos jours, de Jean-Baptiste Duroselle et André Kaspi. Armand Colin, 2009.