L’explosion de l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine le 26 avril 1986 constitua le plus grave accident de l’histoire de l’énergie nucléaire et civile et mit en évidence les insuffisances de la technologie soviétique dans ce domaine. La catastrophe a causé environ 15.000 morts et entraîné le déplacement de 165.000 personnes. Le nuage radioactif provoqué par l’explosion se répand sur l’Europe de l’Est atteignant aussi plusieurs pays occidentaux. Depuis, la radioactivité reste très importante non seulement sur le site même de la centrale mais également en Biélorussie, notamment, premier pays balayé par le nuage radioactif et dont près du quart des terres sont contaminées.
L’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl
Le 26 avril 1986, l’un des quatre réacteurs de la centrale de Tchernobyl, située en Ukraine, explose. La déflagration, qui a lieu alors que le système de refroidissement hydraulique est éteint, détruit l'enveloppe de protection du réacteur, irradiant la centrale et ses environs — une quantité de radioactivité projetée dans l’atmosphère équivalente, selon certaines estimations, à celle qu’aurait libérée une centaine de bombes de type Hiroshima.
Le nuage radioactif a avant tout touché l'Ukraine et la Biélorussie, mais s’est aussi déplacé, en plusieurs branches, vers le nord et vers l’ouest, atteignant la Finlande, la Scandinavie, la Pologne, l'Allemagne, la France et l'Italie. La quantité de retombées radioactives au sol présente une grande hétérogénéité selon les régions, dépendant en particulier des précipitations. En effet, l’eau de pluie, en tombant, lessive le nuage et apporte au sol des quantités très importantes d’éléments radioactifs. En France, les régions les plus touchées se trouvent à l’est du pays ; il s’agit notamment des Vosges, du Jura, des Alpes et de la Corse.
En dépit de la gravité de l’accident, les trois autres réacteurs de la centrale sont remis en route en 1987. En 1991, les autorités ukrainiennes promettent la fermeture définitive du site, mais demandent aux pays occidentaux une aide financière pour réaliser les travaux, dont le coût s'élèverait à 3 milliards de dollars. La centrale de Tchernobyl a finalement été fermée le 15 décembre 2000.
Les conséquences humaines de l’accident
Les rapports officiels soviétiques font état, quelque temps après l’accident, de quelque 18 000 personnes hospitalisées, dont 240 gravement irradiées, 28 décès subséquents. Mais on peut estimer à une centaine de milliers le nombre de victimes ayant reçu des doses de radioactivité déclenchant des problèmes de santé à vie. À partir du lendemain de la catastrophe, cent trente-cinq mille personnes sont évacuées, principalement dans un périmètre de 30 km autour de la centrale, qui est devenu zone interdite. Mais, après l’accident, plus de 600 000 personnes (militaires, ingénieurs, médecins) interviennent sur le site ; 260 sont mortes, mais le suivi des autres est très difficile, car ces hommes sont aujourd’hui disséminés dans divers pays de l’ex-URSS.
Les experts estiment que les effets néfastes de la catastrophe de Tchernobyl s’étaleront sur plusieurs dizaines d’années, mais les conséquences en termes de santé publique sont difficiles à établir. Toutefois, il s’avère que le taux de cancers de la thyroïde a considérablement augmenté dans les régions entourant la centrale (en Ukraine, en Russie et en Biélorussie), de même que le nombre de malformations congénitales à la naissance.
Les conséquences environnementales de Tchernobyl
Là encore, les véritables conséquences de l’accident sont difficiles à définir. En 1986, des milliers de rennes ont dû être abattus en Laponie, pour avoir consommé des lichens contaminés (ces organismes concentrent en effet les éléments radioactifs). Mais, comme dans le cas des conséquences sur la santé humaine, les effets des retombées du nuage de Tchernobyl vont se poursuivre durant des dizaines d’années.
Certains êtres vivants concentrent particulièrement la radioactivité, en particulier le gibier et les champignons. En 1999, on a ainsi pu récolter, à 45 km de la centrale, des champignons présentant des taux de radioactivité (en particulier de césium 137) plus de 300 fois supérieurs aux taux autorisés en Europe (600 becquerels par kilo) — plus loin, entre 50 et 140 km de là, les champignons présentent un taux de radioactivité de 7 à 25 fois supérieur à ces 600 bq/kg. On observe également, à l’intérieur du périmètre interdit, un taux de mutations chez divers animaux beaucoup plus élevé que le taux naturel.
Une étude publiée dans la revue Nature en octobre 1997 révèle que parmi la descendance des hirondelles nichant près de Tchernobyl, 13% sont albinos — une anomalie normalement très rare — et, parmi les oisillons issus de des hirondelles concernées, 85% d’oiseaux eux-mêmes albinos. Ces résultats font également état d’un taux de mutations, dans les lignées cellulaires aboutissant aux cellules sexuelles, de deux à dix fois supérieur à la normale.
La France protégée ?
En France, la controverse s'installe après les déclarations rassurantes des autorités qui laissent supposer “que le nuage radioactif s’est arrêté à la frontière” et qu’il n’y a pas de danger pour la santé. Si ses analyses ont démontré que les quantités de radioactivité présentes dans l'air étaient infimes, des prélèvements sont faits régulièrement dans les régions où les retombées ont été importantes. Quinze ans après l’accident, on en trouve encore des traces importantes, en particulier dans les « zones d’accumulation », au fond des vallées, là où parviennent les eaux de ruissellement (c’est en particulier le cas en certains points des vallées du Mercantour).
Un quart de siècle après Tchernobyl, la catastrophe de Fukushima, consécutive au tremblement de terre et au tsunami qui ont frappé le Japon en mars 2011, sera un brutal rappel de la vulnérabilité de l’humanité vis-à-vis de l’énergie nucléaire.
Pour aller plus loin
- Tchernobyl, retour sur un désastre, de Galia Ackerman. Folio, 2007.
- Tchernobyl : Anatomie d'un nuage, inventaire provisoire des dégâts physiques et moraux consécutifs à la catastrophe du 26 avril 1986.
- Chernobyl, série Tv de Johan Renck. HBO, 2019.