L’année 2011-2012 voit la confirmation d’une nouvelle exigence : les lauréats aux concours de l’enseignement (Capes, CRPE et agrégation) devront justifier du C2i2e et du CLES2 pour être nommés fonctionnaires stagiaires ! Des certifications loin d’être des formalités, en particulier pour le CLES2, et qui posent un grand nombre de problèmes, aux préparateurs comme aux candidats...
Qu’est-ce que le C2i2e ?
C’est un certificat d’informatique spécialisé dans les métiers de l’enseignement. Le but est d’avoir des professeurs capables d’enseigner dans la société de l’information, sachant ainsi utiliser les TIC (technologies de l’information et de la communication). Le certificat est donc dans la même logique que le B2i.
Tous les renseignements sur le site du C2i2e.
Qu’est-ce que le CLES2 ?
Le certificat de Compétences en Langues de l’Enseignement Supérieur est, plus encore que le C2i, dans une optique européenne. Il vise à évaluer cinq compétences : la compréhension de l'oral, la compréhension de l'écrit, la production écrite, la production orale et l'interaction orale.
Tous les renseignements sur le site du CLES.
Les problèmes que cela pose
Ils sont très nombreux. Décidée à la va-vite courant mai 2010, la mise en place de ces certificats a finalement été repoussée d’un an, pour entrer en vigueur aujourd’hui (en 2011/2012). Une précipitation, un manque de concertation et disons-le une irresponsabilité à l’image de toute la réforme de la formation des enseignants, aussi connue sous le nom de mastérisation. Comment, en effet, imaginer que les universités et les IUFM rattachés auraient pu mettre en place en quelques mois (dont juillet et août) la formation pour deux certificats aussi lourds, et ce pour l’ensemble des candidats (ou même les seuls admissibles) aux concours de l’enseignement. Sans parler de faire passer les examens…
Les problèmes ne sont pas pour autant entièrement réglés cette année. Les étudiants sont très mal informés de ces exigences, et surtout des moyens pour les satisfaire. Les offres de formation existent, mais sont très inégalement réparties sur le territoire, et pas gratuites pour l’essentiel, surtout quand elles ne sont pas intégrées à des masters enseignement. C’est le cas spécialement pour certaines langues. Quand, par exemple, l’italien n’est pas proposé par les formateurs au sein d’une fac qui prépare aux concours, l’étudiant doit se débrouiller de son côté pour se préparer et passer l’examen durant l’année.
Le travail à fournir est également loin d’être anecdotique, surtout pour le CLES2. La plupart des candidats aux concours de l’enseignement ne font plus beaucoup de langue depuis le bac. On peut s’en plaindre, mais cela n’explique pas la raison pour laquelle, en connaissance de cause, on exige ce niveau pour qu’ils puissent être fonctionnaires stagiaires. Car c’est le principal scandale : préparer ces certificats est du travail supplémentaire alors qu’il faut déjà préparer des concours difficiles et valider le master enseignement ! Ces certificats sont de véritables épreuves de concours supplémentaires puisque leur non-obtention (ou même d’un seul d’entre eux) signifie de fait la non-obtention du concours passé, puisque le lauréat ne pourra pas être stagiaire et conserver le bénéfice de son concours le temps de (re)passer les certificats en question. Si l’on considère les difficultés de ces derniers, et surtout celles pour les préparer et les passer, l’égalité de traitement pour les concours est définitivement abolie. Ce qu’avait déjà commencé la mastérisation…
Le but ?
On se le demande. L’harmonisation européenne n’explique pas tout. En soi, le C2i2e n’est pas un scandale car l’informatique et le net sont partout. Mais le CLES2 ? Quel intérêt d’avoir des professeurs de toute matière et niveau qui soient quasiment bilingues ?
Surtout, pourquoi exiger la validation de ces certificats pour obtenir le concours, et ne pas plutôt les faire passer l’année de « stage » (même si, dans les faits, elle n’existe plus en tant que telle) comme c’était le cas du C2i2e déjà ? Ou même une fois titularisés, dans le cadre d’une formation, puisqu’on veut rendre obligatoire la formation continue des enseignants…
Si l’on se place dans le contexte de la mastérisation, de la réduction du nombre de postes, mais aussi de l’écroulement du nombre de candidat aux concours (poussant certains jurys à ne pas remplir tous les postes offerts !), on peut se demander si cette exigence n’est pas une pierre de plus dans la volonté d’arriver à la fin des concours et au découragement des candidats à l’enseignement…