John Rabe, le juste de Nankin – Film (2011)

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Lors des tragiques évènements de Nankin (1937), un allemand, John Rabe, joua un rôle majeur en s’efforçant de protéger quelques 200 000 Chinois des exactions japonaises. Le réalisateur allemand Florian Gallenberger – oscar du meilleur court métrage en 2001 - nous livre un précieux témoignage sur la vie de cet homme, inconnu en Europe mais célébré comme un héros en Chine. Un homme qui fut également membre du parti nazi.

 

Synopsis de John Rabe

1937. Président de la filiale locale de Siemens à Nankin, John Rabe a passé presque trente années dans la capitale chinoise, il est temps pour lui de rentrer en Europe, rappelé par Berlin. Néanmoins, sa cérémonie d’adieu est interrompue par le début de l’offensive japonaise sur Nankin. Les bombardements commencent. Les occidentaux qui n’ont pas fuit la ville assiégée proposent d’instaurer une zone de sécurité avant de sauver et de protéger la population chinoise. C’est l’heure du choix pour John Rabe, fuir ou prendre la tête du comité à l’origine de ce projet.

Une autre vision du massacre de Nankin

Les événements qui eurent lieux à Nankin, alors capitale de la Chine dans la seconde moitié de l’année 1937 sont toujours aujourd’hui sujets à polémiques : une exécution systématique et de masse des soldats chinois, l’extermination et le viol de dizaines de milliers de civils chinois. La Chine parle de 300 000 morts alors que le Japon n’a pas reconnu les faits.

Sur nos écrans était projeté en 2010 le film chinois de Lu Chuan, City of life and death, traitant essentiellement des rapports entre chinois et japonais à travers la vision d’un jeune officier japonais témoin et participant de l’horreur et de la barbarie commise à Nankin. Le film de Florian Gallenberger aborde cet événement sous une autre approche : le journal de John Rabe qui sert de file conducteur au film. Il raconte ainsi le courage et l’acharnement de ces quelques occidentaux, John Rabe en tête (interprété par un excellent Ulrich Tukur) accompagné de son compatriote le docteur Georg Rosen (Daniel Brühl) mais également par le médecin américain (Steve Buscemi) ou l’institutrice française (Anne Consigny) qui instaurèrent une zone de sécurité qui permit de protéger quelques 200 000 à 250 000 chinois des exactions de l’armée impériale japonaise. Ainsi, au delà de quelques scènes romancées, c’est un véritable un film historique centré sur cette zone de sécurité, sorte de ghetto renvoyant directement à l’image de celui de Varsovie – la zone ne faisant qu’à peine plus de quatre kilomètres carrés – et sur le sauvetage des civils et soldats chinois mais également sur cet homme, devenu un héros en Chine.

Qu’est ce qu’un nazi ?

John Rabe n’est pas seulement un film historique. Il s’agit également un biopic consacré à un membre du parti nazi, autant dire un sujet des plus difficiles à aborder en Allemagne où le sentiment national demeure plus que jamais délicat alors que le massacre de Nankin reste également un sujet des plus complexes et controversés. Florian Gallenberger nous invite ainsi à nous questionner sur le nazisme et sur la signification d’être nazi en 1937 en Chine. L’une des scènes du film montre un drapeau nazi déployé par dessus des chinois afin de les protéger des bombardements de l’aviation japonaise. La croix gammée, se rapprochant peut être de la svastika orientale, devient alors l’espace d’un instant un symbole de vie et d’humanité.

Il ne s’agit pas pour autant d’un film visant à une quelconque réhabilitation du nazisme. En effet, John Rabe possède dans le film un double maléfique, son jeune successeur incarnant les valeurs que nous connaissons du nazisme et contre lequel il doit lutter pour faire imposer ses points de vue résolument humains comme en témoigne par exemple son courrier – qui restera lettre morte - à Hitler en personne afin de lui demander d’intervenir auprès des alliés japonais pour faire cesser les massacres.

Par ailleurs, le personnage de John Rabe n’est pas exempt de défauts, il est résolument raciste et ethnocentriste. Pour lui, il convient de bien « éduquer » les Chinois. Il n’en demeure pas moins un homme doué d’humanité, une humanité guère acceptable dans l’Allemagne nazie. Rapatrié en 1938 à Berlin, John Rabe tenta d’alerter les Allemands sur les événements de Nankin, photographies et vidéos à l’appui. La gestapo l’arrêta pour désobéissance et détruisit ses preuves. A la fin de la guerre, comme membre du parti nazi, John Rabe fut emprisonné par les Russes puis remis aux britanniques. Il ne fut libéré qu’en 1946 grâce à son action humanitaire. Il mourut pauvre et oublié à Berlin en 1950, ne devant sa subsistance qu’à une petite pension versée par le gouvernement chinois. En 1997, son cercueil fut transféré au mémorial du massacre de Nankin – aujourd’hui la ville de Nanjing – où des hommages lui furent rendus. Célébré comme le « Juste de Nankin », devenu l’objet d’un véritable culte, John Rabe est considéré comme l’un des personnages allemands les plus connus en Chine.

Notre avis

Grande fresque, John Rabe est un bon film historique alliant bravoure, romantisme et émotions. Supporté par d’excellents acteurs et magnifié par la prestation Ulrich Tukur, nous regretterons cependant la réalisation parfois trop académique de Florian Gallenberger qui n’égale pas au niveau de l’intensité sur le massacre de Nankin celle du film chinois City of life and death. Ce film n’en demeure pas moins l’occasion de découvrir l’action d’un homme simple et modeste, humain avant d’être nazi et devenu un héros malgré lui.

John Rabe, de Florian Gallenberger, en DVD et Bluray.

 

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