Sorti en 2012, le film « Cheval de Guerre » nous plonge au cœur de la Première Guerre Mondiale pour suivre le destin de Joey, demi-sang employé sur la ligne de front, et Albert son jeune propriétaire perdu dans l’enfer des tranchées qui garde espoir de retrouver son fidèle compagnon. Sur un fond historique Steven Spielberg (réalisateur) relit l’ouvrage de Michael Morpurgo et nous offre une fresque romanesque de qualité adaptée à un large public pour satisfaire les amateurs hippiques de tout poil.
Le synopsis de Cheval de guerre
« Cheval de guerre » est l’histoire d’Albert, jeune homme d’une famille démunie de métayers anglais, et de Joey, magnifique demi-sang acheté sur un coup de tête par le père du jeune homme, ancien combattant de la guerre des Boers et quelque peu alcoolique. Malgré tous les efforts d’Albert pour dresser l’animal et le rendre utile à la ferme en tant qu’animal de trait son père démuni finit par vendre l’animal à l’armée britannique alors qu’éclate la Première Guerre Mondiale.
D’abord utilisé comme monture dans la cavalerie Joey traverse toute la grande guerre, changeant régulièrement de mains, tantôt propriété des Britanniques, tantôt celle des Allemands pour tracter ambulances et artillerie, parfois récupéré par des déserteurs ou des civils… L’histoire de Joey est avant tout une succession de déboires et d’amitiés liées avec ses divers propriétaires. Mais au sommet de toutes ces amitiés une prédomine évidemment, celle de celui qui l’a dressé, celle d’Albert. Albert qui en 1918 se retrouve à son tour sur le front français avec une obsession : retrouver son cheval.
Un beau film, mais des carences de réalisme
A n’en pas douter « Cheval de guerre » est un beau film, beau par ses images et beau par son message : une exaltation de l’amitié au-delà même de l’humanité. La beauté des images est saisissante, les crépuscules sont dans des tons ocre orangé saturés éblouissants, mais ce qui est gagné en beauté est quelques peu perdu en réalisme… D’ailleurs, le réalisme n’est certainement pas l’élément à rechercher en priorité dans ce film qui n’est pas à proprement parlé un film historique mais un roman sur fond historique. Ainsi le scénario lui-même peut paraitre assez invraisemblable et l’on a du mal à croire qu’un fermier envoyé sur le front en 1918 puisse ainsi retrouver son cheval employé sur le front depuis 1914… Il y aurait là une dose hors norme de chance, pour ne pas dire une dose de cheval…
D’autres scènes peuvent aussi laisser sceptiques, que ce soit un tank anglais repoussant les Allemands de façon tout à fait isolée (scène prétexte à un très beau face à face entre l’animal et la machine), ou encore la scène de charge de cavalerie avec un bivouac allemand défendu par une dizaine de mitrailleuses… Sans aucun servant fixes et pointées vers les tentes du bivouac…
On notera aussi que les scènes de batailles restent toujours très « propres », il y a certes de nombreux morts mais toujours quasiment sans une goutte de sang et sans la moindre mutilation, on sent là une volonté de faire un film tout public pour ne pas se priver des jeunes amoureux de chevaux. On note aussi la quasi absence de scènes de cascades hippiques qui pourraient choquer ces amateurs de chevaux (aurait-on peur qu’ils prennent le mors aux dents ?), ce qui semble manquer dans la scène où la cavalerie britannique est prise sous le feu des mitrailleuses allemandes.
Nous précisons néanmoins « quasi absence » car il y a tout de même une chute de cheval spectaculaire, prélude à une scène de fraternisation germano-britannique que nous laissons le spectateur découvrir par lui-même. Néanmoins, si la guerre n’est pas montrée dans ses atrocités un soin tout particulier est fait sur les décors et le militaria avec un souci du détail et de l’exactitude dans le matériel utilisé et les uniformes (sur ce point Spielberg semble très à cheval). Le scénario du film, qui s’échelonne sur toute la durée de la guerre en traitant les côtés britanniques et allemands, est de plus une bonne occasion d’exposer le matériel de 14-18 dans sa diversité.
Enfin on notera les nombreuses références faites à diverses caractéristiques du monde britannique en ce début de XIXème siècle avec des références aux guerres coloniales (guerre des Boers en Afrique australe, bataille d’Omdourman au Soudan…), aux troupes coloniales indiennes engagées dans la guerre, à la reproduction des hiérarchies sociales dans la hiérarchie militaire, à la misère de la paysannerie anglaise d’avant guerre…
Pour conclure nous pouvons dire que « Cheval de guerre » est un beau film, tant sur le fond que sur la forme, accessible à tout public (conseillé à partir de 10 ans) et qu’il convient avant tout de regarder comme une histoire romancée et non comme un film historique. Un bon film à voir en famille, vous serez sûr de ne pas miser sur le mauvais cheval.
Découvrez également le roman original:
- Morpurgo Michael , Cheval de guerre, Gallimard Jeunesse, 2012.
Cheval de guerre, de Steven Spielberg (War horse, 2011).