Synopsis du film Monuments Men
1944. Un petit groupe composé de conservateurs, directeurs de musées, artistes et autres historiens de l'art débarque en Europe. Leur mission ? Récupérer les œuvres d'art volées par les nazis, les préserver des destructions occasionnées par la guerre, pour ainsi les restituer à leurs propriétaires légitimes. Débute alors une gigantesque chasse au trésor où le temps est compté afin de sauver ce patrimoine de l'humanité.
Le message de Clooney sur l'art
Tout au long du film, George Clooney s'interroge : une œuvre d'art vaut-elle plus que la vie d'une homme ? Et il répond au spectateur par l'affirmative. Mais pourquoi ? Tout simplement pour sauvegarder l'humanité de la barbarie dans laquelle elle s'est compromise. Rien que ça. Et jamais il ne livre d'autres réflexions sur l'importance, le sens ou la portée de l'art. Nous serons tous d'accord de dire que l'art joue un rôle primordial dans notre société. Cependant, il est véritablement ridicule de vouloir la réduire à cette vision purement binaire : sauver les créations des siècles passés pour effacer les présentes destructions, quitte à sacrifier des humains remplaçables quand les œuvres d'art ne le sont pas. George Clooney se limite donc à un propos extrêmement réducteur et discutable sur l'art, sans jamais apporter d'autres arguments. Devrions-nous dès lors adhérer à ses idées, sans autres explications, au simple titre qu'il s'agit de l'art et que l'art est importante ?
Pire, il arrive même à rendre son message paradoxal en hiérarchisant dans son film les œuvres d'art. Sur quels critères ? Nous ne le saurons pas. Prenons un exemple : pendant tout le film, les valeureux Monuments Men courent après une œuvre capitale : l'autel de Gand. Mais jamais Clooney n'explique de quelle œuvre il s'agit – L'agneau mystique des frères Van Eyck –, de pourquoi c'est un chef d'œuvre, ni pourquoi elle est plus importante qu'une autre œuvre d'art et mérite qu'on y perde la vie pour la retrouver, abandonnant des centaines d'autres œuvres par manque de temps. Ainsi, son message sur l'art se révèle vain alors qu'il est à la base même du film. Il fait également l'impasse sur l'origine des pillages nazis n'évoquant que très furtivement l'énorme spoliation des biens juifs, historiquement bien connue, pour se limiter à celle des musées et des églises. Il laisse ainsi de côté tant l'art que l'histoire ou l'humain pour ne livrer qu'un film brillant d'académisme à la gloire de l'Amérique, sauveuse du monde.
Conventionalité et patriotisme
À défaut du fond, reste donc la forme. Mais la réalisation échoue également sur ce point. Le film semble dépourvu d'enjeux ou d'implications. George Clooney filme avec platitude sans jamais faire preuve de rythme ou d'originalité visuelle. Il faut avouer qu'il n'est guère aidé par son scénario incohérent et l'utilisation des bons gros clichés d'usage. Citons par exemple le cliché misogyne et sexiste sur les parisiennes, toutes des femmes faciles ou encore l'habituel cliché sur les méchants russes. En effet, le réalisateur présente son commando de Monuments Men engagé dans une course contre la montre pour récupérer les œuvres d'art avant l'armée russe qui n'est présente que pour montrer qu'elle est méchante, le tout pour obtenir un final vibrant de patriotisme tombant dans le pathos. Navrant de manichéisme...
Le reste du film est centré sur les dialogues de ses stars, cabotinant avec humour faisant écho à la trilogie des « Ocean's ». Mais n'est pas Soderbergh qui veut. Le mélange entre comédie et aventure ne prend absolument pas. Le rendu de ce cabotinage à tour de rôle, pour donner à chaque star son temps de parole au milieu des horreurs de la guerre tombe dans la caricature renvoyant à La Septième Compagnie. En somme, il s'agit un film ennuyeux, ultra-conventionnel et qui réalise l'exploit de passer totalement à côté de son sujet. Bien loin d'être un monument.
Monuments Men, de George Clooney, en DVD et Blu-ray le 23 juillet 2014.