Napoléon Bonaparte, général et empereur des français

Histoire de France | Souverains et Chefs d'Etat

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Napoléon Bonaparte (1769-1821) a été un général français durant la Révolution, puis s’est proclamé Premier consul de 1800 à 1804, avant de devenir empereur des Français de 1804 à 1815, sous le nom de Napoléon Ier. Devenu très populaire après ses campagnes en Italie et en Égypte, il met un terme à la Révolution par le coup d'Etat du 18 brumaire. L’empereur s’attache à réorganiser l’administration de la France, rétablit les finances, développe l’enseignement public et promulgue le Code civil. Parallèlement, il consacre la plupart de son temps à la guerre : enchainant de nombreuses victoires militaires (dont Austerlitz), il règne un temps sur l'Europe continentale. Après l'échec de la campagne de Russie, il doit abdiquer une première fois en 1814 puis en 1815 après la défaite de Waterloo. Exilé à Sainte-Hélène, une petite île située au large de l’Afrique, il y meurt en 1821.

 

Napoléon Bonaparte : de l’élève studieux au général

Napoleone di Buonaparte, fils de Carlo Maria Buonaparte, avocat au conseil supérieur de Corse et de Maria Letizia Ramolino, est né à Ajaccio en 1769. Cette île a été cédée à la France par Gênes un an avant sa naissance. Bonaparte arrive à l’âge de 9 ans en France grâce au concours d’un ami de la famille : le comte Marbeuf, gouverneur de la Corse. Il reste cinq années à l’académie militaire de Brienne. Mal aimé de ses camarades de l’élite aristocratique en raison de ses origines et de son accent génois, le petit Napoléon Bonaparte consacre la majeure de son temps libre à l'écriture, la lecture (tragédies de Corneille et Racine, ouvrages de droit et d’histoire militaire) et au jardinage.

Il explique sa  situation dans une lettre d'avril 1781 destinée à son père,  pour lui demander de le retirer de l'école ou de lui accorder une allocation : « Mon père, si vous, ou mes protecteurs ne me donnent pas des moyens de me soutenir plus honorablement, rappelez-moi près de vous, je suis las d'afficher l'indigence et d'en voir sourire d'insolents écoliers, qui n'ont que leur fortune au-dessus de moi ».

Il passe avec succès des examens en octobre 1784 et est admis à l’âge de 15 ans à l’Ecole militaire de Paris où il choisit l’artillerie comme branche militaire. Il s’intéresse beaucoup à l’Histoire et aux Mathématiques, matière dans laquelle il excelle. Il obtient son diplôme en un an au lieu de deux et est nommé second lieutenant de l’artillerie générale. Durant la Révolution Française il s'engage aux côtés des jacobins et c’est en 1793 après s’être illustré dans la reprise de Toulon face aux britanniques qu’il est promu général de Brigade. La chute de Robespierre en 1794 aurait pu mettre un terme à sa carrière. Il fait un court séjour en prison, mais le Directoire trouve rapidement un intérêt à user du brillant militaire.

A l’âge de 25 ans, Bonaparte se marie avec Joséphine de Beauharnais le 9 mars 1796, moins de 48 heures avant de partir pour la campagne d’Italie. Il rencontre Joséphine en 1795 à l’occasion d’un salon mondain. D’après une lettre qu’il rédige en décembre 1795 à sa future compagne, on comprend qu’il est déjà très amoureux « Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l’enivrante soirée d’hier n’ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous à mon cœur ? ». Néanmoins, celle-ci, de six ans son aîné, ne partage pas la même passion, se montrera infidèle et surtout froide d’après son époux : « Vous toi-même ! Ah mauvaise comment as-tu pu écrire cette lettre ! Qu’elle est froide ».

La campagne d’Italie contre le Piémont et l’Autriche est une victoire qui aboutit au traité de Campo Fornio en 1797. Sa tactique consistant à attaquer deux forces ennemies, l’une après l’autre s’est révélée gagnante. Amateur d'art et de culture, il fera acheminer vers la France des œuvres italiennes. Après sa victoire à la bataille des Pyramides, le général Bonaparte ramènera de la campagne d’Égypte (1798-1799), la fameuse pierre de Rosette qui sera déchiffrée par Jean-François Champollion, égyptologue français, en 1822.

De Napoléon Bonaparte à Napoléon Ier

Le coup d’état parlementaire du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) organisé contre le Directoire par Sieyès et appuyé par Bonaparte, donne naissance au Consulat. Ce dernier est dirigé par Bonaparte, Sieyès et Ducos. Le 13 décembre, une nouvelle constitution est mise en place et stipule que Bonaparte domine l’exécutif et laisse peu de marge de manœuvre aux deux chambres. Trois ans plus tard, il se fait nommer consul à vie en obtenant 3 500 000 voix contre 8 400. Le 25 mars de la même année, il remporte un succès diplomatique en concluant la paix d'Amiens avec le Royaume Uni, qui met fin à la seconde coalition contre la France.

Le 18 mai 1804, l’Empire est proclamé et Napoléon  Bonaparte se fait sacrer Empereur par le pape Pie VII à Notre Dame de Paris, le 2 décembre 1804. Le célèbre tableau représentant cette scène, intitulé « le sacre » a été peint par Jacques Louis David et se contemple actuellement au musée du Louvres. En 1805, l'empereur des français Napoléon se retrouve également à la tête du royaume d’Italie, puisqu'il est couronné roi à Milan le 26 mai. Alors qu'il s'apprête à envahir l'Angleterre, la flotte française est envoyée par le fond à Trafalgar par l'amiral Nelson. Ce revers cinglant rendra impossible toute possibilité de débarquement, que Napoléon compensera par le blocus continental, qui visera à étouffer l'économie de la perfide Albion.

Il s’illustre par la suite dans une bataille mettant fin à une troisième guerre contre la coalition. Il s’agit de la victoire la plus connue de Napoléon Bonaparte : la bataille d’Austerlitz le 2 décembre 1805. Cette dernière, qui confirmera ses talents de stratège militaire, est aussi surnommée la Bataille des trois empereurs :  entre Napoléon, le Tsar et l’empereur d’Autriche. Les français sont  en infériorité numérique mais en provoquant l’offensive ennemie et en dissimulant une partie de ses troupes,  Napoléon en ressort victorieux. 

Les réformes de Napoléon Ier et le rôle de la famille

Napoléon Bonaparte est l’auteur de plusieurs réformes. En qualité de premier Consul, il centralise l’administration et met à la tête de chaque département des préfets. Il crée en 1800, la banque de France, la légion d’honneur deux ans plus tard et le franc germinal en 1803 qui gardera sa valeur jusqu’en 1814. Il rédige le code civil en 1804 qui simplifie l’application des lois car ces dernières étaient différentes selon les contrées françaises.

Ce code civil, réalisé en quatre ans, se compose de 36 lois et de  2 281 articles. Il abolit l'ordre féodale, prône la liberté individuelle et la laïcisation de la société. Ce code régit également les relations entre les époux et les enfants en plaçant la femme sous l’autorité du mari : « Art.213 : le mari doit protection à sa femme, la femme doit obéissance à son mari ». Par la suite, Napoléon fonde en 1808 l’université impériale contrôlant l’enseignement donné dans les facultés et lycées et crée la même année le baccalauréat.

La mainmise sur l’Europe est une affaire de famille. En 1810, l’Empire se compose de 130 départements et d’un royaume d’Italie soit un territoire total de 2,1 millions de km2, partagé entre Napoléon et ses frères et sœurs. Du côté des frères, Joseph devient Roi de Naples puis Roi d’Espagne, Lucien ambassadeur en Espagne, Louis ancien aide de camp obtient le Royaume de Hollande et Jérôme celui de Westphalie. Quant aux sœurs, Elisa est Duchesse de Toscane, Pauline Princesse d’Italie et Caroline Reine de Naples.

Il entretient notamment une correspondance régulière avec son frère Joseph pour lui communiquer ses ordres. En témoigne l'extrait de la lettre du 6 septembre 1807:  «A Joseph Napoléon, roi de Naples. Mon Frère, je reçois votre lettre du 23 août. Je ne crois pas que M. Nardon puisse remplir les fonctions de préfet de police à Naples, parce qu'il faudrait pour cette place un homme qui eût travaillé plusieurs mois dans la préfecture; que le métier de préfet de police ne s'apprend qu'en exerçant [...]».

Désireux de fonder à son tour une famille et surtout d’avoir un successeur légitime, Napoléon Ier décide de divorcer de Joséphine le 15 décembre 1809 en raison de son infertilité. Deux jours plus tard, il lui écrit une lettre et lui exprime ses sentiments inchangés : « Tu ne peux pas mettre en doute ma constante et tendre amitié, et tu ne connaîtrais bien mal tous les sentiments que je te porte, si tu supposais que je puis être heureux si tu n'es pas heureuse, et content si tu ne te tranquillises. Adieu, mon amie; dors bien; songe que je le veux ». Il épouse le 2 avril 1810, la fille de l’empereur François II d’Autriche : Marie-Louise. Celle-ci donne naissance le 20 mars 1811 à Napoléon François Joseph Charles Bonaparte dit l’Aiglon et titré roi de Rome.

Campagne de Russie et revers en Allemagne

En l’espace de cinq années, le règne de Napoléon évolue de l’apogée à la chute. Les campagnes sont très lourdes en pertes humaines et les victoires d’antan ne sont plus. En 1810, la Russie décide de renverser les alliances et se place du côté de l’Autriche. En décembre, le Tsar Alexandre Ier taxe les importations françaises et ouvre ses ports aux vaisseaux anglais.

A l’été 1812, Napoléon décide d’attaquer la Russie en emmenant avec lui plus de 600 000 hommes : fruit d’une coalition de vingt nations. Lorsqu’il arrive à Moscou, en septembre il ne rencontre pas d’armée à combattre et se retrouve confronté à l’incendie volontaire de la ville ordonnée par le gouverneur de Moscou puis plus tard à l’hiver russe. La campagne de Russie tourne au désastre et seuls quelques milliers d’hommes réussiront à quitter le territoire.

En février 1813, Napoléon Bonaparte fait face à une nouvelle attaque de la coalition. Malgré les victoires menées à Lutzen, Bautzen et Wurschen, l’ultime bataille de Leipzig du 16 au 19 octobre 1813 est une défaite. 

Le 11 août 1813, l'Autriche entre en guerre contre la France. Désormais, les coalisés disposent de trois armées, celle du Nord avec 110000 hommes, dirigée par Bernadotte, celle de Silésie, avec 110 000 hommes, commandée par Blücher, et l’armée austro-russe, forte de 23 000 soldats, sous Schwartzenberg. De plus, Bennigsen dispose de 60 000 hommes. Tout se joue lors de la bataille de Leipzig, en octobre 1813 : les coalisés opposent 320000 hommes aux 160000 soldats de Napoléon. L’action tourne à l’avantage des Français, mais les Saxons se rallient à l’ennemi, obligeant Napoléon à sonner la retraite. La France perd alors les territoires allemands.

Campagne de France et fin de l'Empire

Cette perte de l’Allemagne est suivie rapidement de celle de la Hollande et de la Suisse, cette dernière se déclarant neutre. Puis le royaume d’Italie retrouve son indépendance en avril 1814 grâce à l’intervention de l’Autriche. En octobre 1813, l’Espagne avait déjà été perdue. Ces défaites accentuent le mécontentement en France. Tant que les guerres étaient victorieuses et avaient permis aux notables français d’engranger de larges bénéfices, notamment par l’instauration du Blocus continental, les notables acceptaient la dictature de Napoléon.

Le peuple se détourne également de l’empereur mais pour d’autres raisons. Ils avaient subi le rétablissement d’impôts anciens et devaient supporter le poids de la conscription, celle-ci ne cessant de s’accentuer tout au long de l’Empire. L’Église aussi supporte de plus en plus mal cette dictature. L’occupation de Rome a choqué les esprits. Enfin, l’opposition grandit au Sénat qui réclame la paix.

Les forces alliées se préparent à envahir la France. Elles sont constituées de l’armée du Nord, qui passera par la Belgique, de l’armée de Silésie qui franchira le Rhin et de l’armée de Bohême qui passera par la Suisse. En infériorité numérique, l’Empereur reprend les manœuvres de sa campagne d’Italie, ce qui lui permet de stopper l’armée de Silésie le 29 janvier à Brienne, et de vaincre l’armée de Bohême le 18 février 1814 à Montereau. C’est le tsar qui vient en aide aux alliés en signant avec eux le pacte de Chaumont, le 1er mars, où Russie, Prusse, Angleterre et Autriche s’engagent à ne pas conclure de paix séparée jusqu’à la défaite de Napoléon. Alexandre décide de prendre Paris en vue d’obtenir un ascendant psychologique.

Le 29 mars et malgré les succès de la campagne de France, les coalisés arrivent à Paris. Pendant ce temps-là, Talleyrand fait pression sur le Sénat afin de favoriser une restauration monarchique. Le 1er avril, le Conseil général de la Seine vote une proclamation par laquelle il renonce formellement à toute obéissance envers Napoléon et souhaite que le gouvernement monarchique soit rétabli avec Louis XVIII. Le 3 avril, le Sénat proclame la déchéance de l’Empereur.

De l'ile d'Elbe à Waterloo

Le 30 mars, à Troyes, Napoléon laisse le commandement de l’armée à Berthier qui doit la conduire à Fontainebleau. Il part pour la capitale. Le lendemain, apprenant la reddition de Paris, il rassemble 60000 hommes autour de Fontainebleau mais Ney, Lefebvre et Berthier pressent Napoléon d’abdiquer en faveur de son fils, le roi de Rome. Il s’y résout le 4. Alexandre exige une abdication sans conditions, garantissant à Napoléon la souveraineté de l'ile d’Elbe, ainsi que le versement d’une pension de deux millions par an. Le 20 avril, l’Empereur fait ses adieux à la Garde impériale et prend le départ pour l’île d’Elbe. Il reconstitue un gouvernement et une cour bien que la population ne se compose que de 13 000 paysans, alors qu'en France les Bourbons sont restaurés une première fois avec Louis XVIII.

Depuis son minuscule royaume doré, l'empereur qui s'ennuie beaucoup sait qu’en France une opposition bonapartiste s’organise contre le fragile régime du roi Louis XVIII. En février 1815, il s’embarque pour la France, c’est le début des cent jours. Il arrive le 1er mars 1815 au golf Juan, marche sur Paris sous les hourras des paysans et accompagné des troupes qui se rallient à lui. Son passage suscite l’enthousiasme des populations dans les villes et les campagnes (la route Napoléon, de Cannes à Grenoble).

Ralliant à Laffrey les troupes envoyées pour le stopper, puis celles de Ney (14 mars), il arrive au palais des Tuileries le 20 mars, au lendemain de la fuite de Louis XVIII. Après avoir formé un nouveau gouvernement et rédigé une nouvelle constitution, il s’apprête à combattre une fois encore la coalition (Britanniques, Allemands et Néerlandais), ce qui se soldera par une défaite à Waterloo le 18 juin 1815. 

L'exil et la mort de Napoléon

Cette défaite le pousse à abdiquer une seconde fois et à se rendre aux anglais en espérant trouver exil en Angleterre. Considéré comme un prisonnier, il sera finalement exilé sur l’île de Sainte-Hélène où il sera gardé par 2000 soldats et deux navires de guerre. Sur cet îlot austère de l’Atlantique Sud, le proscrit doit subir, en plus d’un climat détestable, les basses et inutiles vexations du gouverneur anglais, Hudson Lowe.

Dans sa résidence de Longwood, entouré d'un dernier carré de fidèles (Bertrand, Gourgaud, Montholon et Las Cases), Napoléon vivra les dernières années de sa vie dans une existence de solitude et de dénuement moral extrêmes. Le 5 mai 1821, l’Empereur s’éteint sur cette même île à l’âge de 51 ans d’une affection de la sphère hépato-gastrique.

Quel bilan pour l'épopée napoléonienne ?

Institutions et économie

Napoléon a fixé dans le marbre certains principes de la révolution bourgeoise de 1789 : l'égalité, la promotion au mérite, la propriété, le concept d'État-nation. De même, il a consacré le caractère juridique des institutions et a pérennisé des législations qui subsistent encore aujourd'hui : conseil d'État, Sénat, code civil...  Mais dans la pratique, la France de Napoléon est organisée autour d'un exécutif très centralisé et autoritaire.

Les journaux sont supprimés, il n'y a plus de liberté d'expression et les contre-pouvoirs théoriques ne jouent pas leur rôle. Devenu Empereur, il s'empresse de restaurer une aristocratie nobiliaire, transforme les républiques sœurs en royaumes sur lesquels il place les membres pas toujours très inspirés de sa famille, impose un nouveau pouvoir absolu et héréditaire. On est très loin de l'idéal révolutionnaire. A côté de Napoléon, Louis XVIII, avec sa charte constitutionnelle, fait figure de républicain.

Sur un plan économique, on peut porter au crédit de Napoléon d'avoir  accompagné la formation du capitalisme industriel en faisant adopter une législation favorable à la libre entreprise et à la finance, d'avoir encouragé l'initiative privée et l'innovation industrielle, d'avoir créé une puissante administration composée de cadres compétents, et d'avoir procédé, pour contrebalancer les effets du blocus continental, à l'ouverture du marché européen à grand coups de baïonnettes.

Mais après la chute de l'empereur, la France est un pays ruiné en 1815. Le coût des guerres a été exorbitant,  les finances publiques sont à genoux, la dette colossale. Après la défaite de Napoléon, la France doit en plus payer aux alliés une faramineuse indemnité de guerre et entretenir une armée d'occupation. Le pays s'enfonce dans une grave crise économique, il lui faudra une vingtaine d'années pour s'en relever.

Affaiblissement diplomatique et pertes territoriales

Sur le plan territorial, Napoléon Bonaparte a rendu en 1815 la France plus petite qu'il ne l'a trouvée en 1799 lors de sa prise de pouvoir. Entre 1814 et 1815, la France perd la Savoie, la Belgique et la rive gauche du Rhin, conquêtes de la Révolution. La fameuse rive gauche du Rhin : si contestable puisse être cette pseudo "frontière naturelle" décrite par Danton, sa perte en 1814 ouvre au nord du pays un boulevard que par trois fois en 1870, 1914 et 1940 le voisin germanique se fera fort d'emprunter, avec les conséquences que l'on connaît.

A ces pertes continentales dues à la défaite de Napoléon Bonaparte s'ajoutent les pertes coloniales : l'immense mais peu peuplée Louisiane en Amérique du Nord, vendue en 1803 aux Etats-Unis par Napoléon Bonaparte pour financer ses guerres, de nombreuses  îles des Caraïbes productrices de sucre ainsi que les Seychelles.

Déjà fortement amputé par le désastreux traité de Paris de 1763, le premier empire colonial de la France disparaît au profit de l'Angleterre. Cette dernière peut dire merci à l'Empereur. A l'issue de son bras de fer avec Napoléon, la "perfide Albion" assied définitivement sa domination sur les mers et le commerce mondial, devient  la seule puissance coloniale, et prend à la France la place de première puissance européenne.

Sur le plan international, la défaite de Napoléon Bonaparte marginalise la diplomatie française.  Le retour de l'île d'Elbe et l'épisode des cents jours ne font qu'aggraver la posture française déjà bien fragile. Représentée au congrès de Vienne par l'habile et très opportuniste Talleyrand, la monarchie bourbonienne restaurée parvient tout juste à limiter les conséquences de la défaite.

Alors que les monarchies européennes prévoyaient de dépecer la France pour annihiler ses velléités révolutionnaires et annexionnistes, l'acte final du congrès ne prévoit pas de sanctions contre la France, mais la ceinture d'une myriade d'États tampons. Encerclée par la "Sainte Alliance", la France doit se faire discrète pour faire oublier le tumulte précédent.  Il lui faudra beaucoup de temps et de patience pour retrouver sa place, et elle ne pourra plus jamais agir seule dans le concert européen.

Un coût humain exorbitant

Difficile enfin de ne pas parler du coût humain de la folle équipée napoléonienne. Selon les sources, le bilan de ces quinze années serait d'environ 1 million de morts en France, de 3 millions pour l'ensemble de l'Europe. Si ces chiffres sont très controversés, on se situe néanmoins dans l'ordre de grandeur des pertes de 14-18. A elle seule, la campagne de Russie aura fait plus de victimes que n'importe quelle bataille de la Seconde Guerre mondiale. Pour certains pays comme l'Espagne, c'est une véritable saignée que laisse le passage des armées napoléoniennes.

Pour la  France, qui connaît en simultané depuis la fin du XVIIIe une baisse de la mortalité et un début d'auto-contrôle des naissances , les conséquences sur la démographie seront cependant moindres que celles de la première guerre mondiale. Ce n'est qu'à partir du milieu du XIXe que la France amorcera un déclin démographique par rapport aux autres pays européens. Quoi qu'il en soit, c'est une fraction notable de la population masculine active qui disparaît durant les guerres napoléoniennes et fera défaut au pays.

1815. C'est une France occupée et affaiblie, ruinée financièrement et avec des frontières réduites que laisse derrière lui Napoléon Bonaparte. Un bilan très contrasté que les acquis post révolutionnaires vont avoir du mal à occulter. Mais Napoléon et la littérature du XIXe siècle ont su si bien magnifier cette aventure en légende nationale, que la France qui va "s'ennuyer souvent après lui" s'enivrera dans la nostalgie de cette épopée glorieuse et romanesque...

La légende et la postérité de Napoléon Bonaparte

La légende de Napoléon Bonaparte a été créée et entretenue par l’intéressé de son vivant grâce à la propagande. Il a tissé sa popularité autour de ses victoires militaires en s'aidant de la presse et de l'art. Il crée notamment des journaux : Le Courrier de l’armée d’Italie et La France vue de l’armée d’Italie. On peut y lire sur le dernier « Bonaparte vole comme l’éclaire et frappe comme la foudre ». Il invente les communiqués de guerre et à travers le Bulletin de la grande Armée, minimise les pertes humaines et exagère ses victoires. En 1810, il n’existe plus que quatre journaux officiels. A la presse, s’ajoute également les ouvrages et la peinture qui développent et entretiendront le mythe.

En 1823, paraît l’ouvrage écrit par Las Cases sous la dictée de Napoléon, intitulé « Le Mémorial de Sainte-Hélène », évoquant la gloire passée de la France. Il a été réédité huit fois en vingt ans. L’Empereur reprend vie à travers de nombreux écrits  : mémoriaux, témoignages d’anciens grognards, œuvres d’écrivains et poètes : Balzac, Musset ou encore des philosophes comme Hegel. Plus de 300 000 ouvrages seront écrits à son sujet.

Le corps de l’Empereur repose actuellement aux Invalides, prés du Musée de l’armée dans l’Eglise du Dôme. Pour rappel, c’est en 1840,  que Louis Philippe, roi des Français, décide de transférer le corps, ramené par voie de mer à bord du navire « la Belle Poule ». Des funéraires nationales célèbrent le retour de l’Empereur transféré aux invalides le 15 décembre de la même année. Le tombeau sera réalisé plus tard par l’architecte Visconti. Le corps de Napoléon Ier est déposé dans l’eglise le 2 avril 1861. Celle-ci contient également les sépultures de deux de ses frères : Jérôme et Joseph et de son fils. La porte en bronze située devant l’escalier menant au tombeau contient l’inscription suivante, vœu de Napoléon : «Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé».

L’héritage de Napoléon Bonaparte se manifeste tant sur que le plan juridique, architectural qu’idéologique. Le code civil a été maintenu dans de nombreux pays. Nombre d’institutions ont été conservées : Cours des Comptes, préfectures, Cours de cassation, Conseil d’Etat, légion d'honneur... C’est à Napoléon que l’on doit la fondation de plusieurs bâtiments et infrastructures ; la Bourse de Paris, l'Obélisque ramenée d’Egypte et située place de la Concorde ou encore plusieurs ponts de paris. De nombreux sites touristiques célèbrent et présentent la vie de l’Empereur. 

La ville d’Ajaccio regorge de musées et de statues à son effigie. La maison natale fait l’objet de visites permettant de voir la pièce où Napoléon est né.  Ses grandes batailles sont présentées à travers des tableaux, des films mais aussi des reconstitutions en Musée.  Vous pouvez observer une reconstitution de la bataille d'Austerlitz, à travers une explication sur écran relative aux différentes stratégies en place, au Musée de l’Armée situé aux Invalides. L'établissement comprend aussi des souvenirs personnels de l'Empereur (bicorne, épée...) ainsi que des portraits. 

Bibliographie

- Bonaparte, d'André Castelot. Perrin Biographies, 2019.

Napoleon ou le mythe du sauveur, de Jean Tulard. Fayard, 2005.

- Napoléon : dictionnaire historique, de Thierry Lentz. Perrin, 2015.

- Le grand Atlas de Napoléon, Nouvelle édition bicentenaire. Glénat, 2021.

 

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