Pauline Bonaparte est la deuxième soeur de Napoléon. Mariée une première fois au général Leclerc puis au prince Borghèse, elle a été une des plus belles femmes de son temps et mena une vie fort légère. Surnommée par son célèbre frère « la petite païenne », Pauline Bonaparte fut immortalisée par le sculpteur Canova en une Vénus de marbre portant le nom de Vénus Victrix, allongée sur un divan, un drap recouvrant ses jambes. A la veille de disparaitre, Napoléon l’absout de ses péchés en disant « Pauline, la plus belle femme de son temps a été et demeurera jusqu’à la fin la meilleure des créatures vivantes… »
Pauline Bonaparte et le Général Leclerc
Pauline Bonaparte, sœur préférée de Napoléon Ier nait le 20 octobre 1780 à Ajaccio. A l’âge de treize ans, elle quitte la Corse pour se réfugier à Marseille avec sa famille. Ravissante, elle est courtisée d’abord par Junot aide de camp de Napoléon, puis par Stanislas Fréron, mais Napoléon ne veut pas en entendre parler et fait venir sa sœur près de lui à Milan. Un lien profond de fidélité, d’amitié et d’affection vont les lier à vie. Plusieurs prétendants se présentent au mariage : Duphot est refusé, Charles Victor Emmanuel Leclerc un de ses meilleurs officiers, est accepté.
Il épouse Pauline en juin 1797 et un fils prénommé Dermid (nom issu de la poésie d’Ossian, barde écossais du III è siècle), nait l’année suivante. Elle accompagne son époux devenu capitaine général, dans son expédition à Saint Domingue. La conquête est presque achevée lorsque les noirs se révoltent et la fièvre jaune apparait. Le général demande à Pauline d’embarquer pour la France, mais elle refuse en s’adressant aux femmes qui l’exhortent à partir « vous pleurez vous ; vous n’êtes pas, comme moi, sœur de Bonaparte. Je ne m’embarquerais qu’avec mon mari ou je mourrai »…
Finalement, son époux meurt de cette fièvre en novembre 1802. Pendant cette expédition, Pauline a de nombreuses aventures, avec des soldats et des officiers, principalement des hussards. Epouse infidèle peut être, mais épouse courageuse, car lorsque son époux disparait, elle se coupe les cheveux, les dépose dans le cercueil, fait mettre son cœur dans une urne et rapatrie la dépouille en France.
Pauline et le prince Borghèse
Napoléon n’en a pas fini avec sa sœur. En présence de Joséphine et dans une rage folle, un beau jour de 1803, il compte le nombre d’amants de la belle Pauline sur les doigts de sa main : six ! Six amants en quatre mois… il intervient pour démettre de tous ses titres Jean Joseph Amable Humbert, suite à une liaison avec Pauline. Il faut la remarier !
Elle épouse, pour des raisons diplomatiques, en novembre 1803 le prince Camille Borghèse, possédant un riche palais et de vastes domaines. Pensant à une alliance flatteuse, le prince déchante vite, vu le train de vie de Pauline, cette union s’avère même ruineuse. Malgré ses excès, Pauline veut faire le bien, elle s’investie pour les malheureux, et fait construire des maisons de charité pour l’éducation des orphelins. Passionnée d’art et de lettres, elle devient mécène.
Eprise de luxe et les plaisirs parisiens lui manquant, elle se lasse finalement de Rome. Son époux aspirant à une vie plus calme, ne supportant plus la vie légèrement dissolue de Pauline, la quitte pour se retirer à Florence. Elle décide alors de rentrer à Paris pour s’installer dans le château de Neuilly. En 1804, elle déménage pour la rue du Faubourg Saint Honoré et doit faire face à deux tristes épreuves : elle perd son fils, puis lors du couronnement de son frère devenu Napoléon Premier le 2 décembre 1804, elle doit porter avec ses sœurs, la traîne de Joséphine…à contrecœur et de mauvaise grâce !
Duchesse de Guastalla
Pendant ce temps, son époux est devenu colonel des carabiniers et nommé général. Napoléon leur offre le duché de Guastalla, Pauline devient donc duchesse, et revient quelques temps auprès de lui.
Dans ce palais glacial de Borghèse, elle tombe malade…d’ennui. Elle effectue une heureuse convalescence à Plombières, puis de retour à Paris, s’installe au Petit Trianon, à Versailles. Toujours en quête de plaisirs, elle passe plus de temps à Paris avec ses amis – Maurice de Balincourt, le chef d’orchestre Félix Biangini, Armand de Canouville son cher hussard, Achille Tourteau de Septeuil - qu’à Rome auprès de son époux. Eloignée de la cour par son frère, suite à un manquement à l’impératrice Marie Louise en 1810, Pauline passe son temps dans le sud de la France, notamment à Gréoux-les-Bains où elle prend les eaux qui sont réputées dans toute le pays.
Depuis 1807, elle habite le château de la Mignarde près d’Aix en Provence, hôtel particulier dans la tradition italienne, qui abrite ses amours avec le comte Auguste de Forbin. Pour plus de tranquillité et de repos, elle fait battre les mares pour effrayer les grenouilles qui coassaient beaucoup trop ! Elle exige d’y faire installer une baignoire en marbre, dans laquelle elle prend des bains au lait d’ânesse.
Au secours de son cher frère Napoléon
En 1813, à la fin de sa liaison avec Forbin, Pauline Bonaparte se retrouve à Nice. A la chute de Napoléon, elle le rejoint à l’île d’Elbe en 1815, lui servant de maîtresse de maison, de conseillère, et grâce à elle, Murat est pardonné, Lucien est réconcilié. Elle utilise ses propres fonds et ses bijoux pour améliorer la vie de son cher frère. Mais elle ne pourra le rejoindre à Sainte-Hélène, et bien que Metternich ait été un de ses amants, il le lui refuse, prétextant que son charme risque de causer des ravages dans la garnison !
Encouragée par le pape, Pauline retrouve le prince de Borghèse dans sa villa Paolina l’actuelle ambassade de France auprès du Vatican, pour vivre avec lui ses dernières années. A bout de force, affaiblie par la maladie, Pauline Bonaparte s’éteint à Florence en juin 1825, à l’âge de quarante cinq ans, quatre ans après Napoléon.
Bibliographie
- Pauline Bonaparte, de Florence de Baudus. Perrin Biographie, 2018.
- Pauline Bonaparte, la Vénus de l'Empire de Flora Fraser. Editions A. Versailles, mai 2011.
- La saga des Bonaparte, de Pierre Branda. Perrin, 2018.