Entre 1940 et 1945, durant la Seconde Guerre mondiale, les « résistants » sont les hommes et les femmes qui luttaient clandestinement contre l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler, alors que leur pays lui est soumis. En France, la résistance est née avec l’appel du 18 juin 1940, lancé depuis Londres par le général de Gaulle, et a pris fin avec la libération de Paris et de la France en août 1944. Entrer en résistance est alors une décision lourde de conséquences, que beaucoup ont payée de leur vie.
Le choix de s'opposer à l'Allemagne nazie
Une résistance à l’envahisseur est apparue dans de nombreux pays occupés par l’Allemagne — notamment en France, en Pologne, en Yougoslavie, en Grèce, en Belgique — mais aussi en Italie contre le régime fasciste de Benito Mussolini. En France, cette lutte clandestine a été menée à la fois contre l’occupant allemand et contre le gouvernement français installé à Vichy (collaborant avec l’Allemagne).
Dans les pays envahis par l’Allemagne nazie, chaque individu réagit différemment à cette occupation en fonction de sa personnalité, de son passé, de ses convictions, parfois aussi en fonction de ses rencontres. Alors que la majorité des populations occupées cherche simplement à passer cette épreuve en vivant discrètement, certains se mettent à collaborer avec les vainqueurs (ce sont les collaborateurs) et d’autres décident de poursuivre la lutte contre l’ennemi (ce sont les résistants).
Les résistants sont ainsi des hommes et des femmes de tous les âges et de tous les milieux qui font le choix du refus, de la désobéissance et de la résistance à l’Allemagne nazie. Et c’est souvent simplement en discutant entre proches (amis, voisins, collègues) qui partagent les mêmes opinions, que se créent les premiers réseaux de résistance.
En France, la résistance s’organise
En 1940, les réseaux et les mouvements de la Résistance sont très informels, peu structurés : il y a des groupes en zone libre et d'autres en zone occupée ; des groupes communistes et des réseaux gaullistes ; une résistance intérieure (qui agit en France) et une résistance qui agit de l'étranger (les Forces françaises libres ou FFL, formées par le général de Gaulle et qui combattent aux côtés des Alliés).
Peu à peu, les FFL et la résistance intérieure entrent en contact et travaillent ensemble. En 1942, Jean Moulin réunit ces mouvements pour former les Mouvements unis de résistance, dont la branche militaire est l'Armée secrète. Puis, en 1943, le général de Gaulle est reconnu comme chef de la résistance intérieure, unifiée au sein du Conseil National de la Résistance (le CNR). Enfin, en 1944 sont créées les Forces françaises de l'intérieure (les FFI) qui réunissent toutes les forces armées sous le commandement du général de Gaulle.
Les formes et moyens de résister
On distingue deux formes de résistance : la résistance passive (une petite action contre l’occupant, comme mentir à un policier) et la résistance active. Celle-ci (la Résistance, avec une majuscule) s’adonne à différents types d’activités : le renseignement pour préparer les actions armées, la propagande pour recruter de nouveaux résistants et faire circuler l’information, l’action armée et les actes de sabotage.
Distribuer un tract, diffuser les informations entendues sur Radio-Londres, imprimer ou distribuer des journaux clandestins, cacher des Juifs, héberger des aviateurs anglais, mais aussi aider quelqu’un à passer la ligne de démarcation (la frontière qui sépare, en France, la zone occupée de la zone libre) ou les frontières espagnole et suisse, dessiner sur un mur une croix de Lorraine (le symbole du général de Gaulle), aller manifester le jour de la fête nationale (le 14 juillet), sont des actes de résistance, tout autant que faire de faux papiers, cacher des armes, diffuser des renseignements militaires, faire sauter un train ou une usine qui collabore avec les Allemands, et saboter du matériel allemand.
En 1944, les résistants sont mis au courant du prochain débarquement des troupes alliées. Ils participent alors à la diffusion de fausses informations pour les Allemands ; ils multiplient les sabotages (trains, lignes de chemins de fer, lignes de téléphone et de télégraphe, lignes électriques) ; ils coupent les routes, ce qui rend difficile l’arrivée de renforts allemands. Ces actions, très importantes, ont toutes préparé l’offensive alliée du débarquement de Normandie (le 6 juin 1944, appelé le « Jour J »).
Les résistants reçoivent des armes parachutées par des aviateurs anglais, mais doivent aussi en trouver par leurs propres moyens : par exemple en attaquant des dépôts d’armes et de munitions (des Allemands ou de l’armée française dissoute), ou en attaquant des policiers français pour leur prendre leur arme de service. Au printemps 1944, avant le « Jour J », des parachutages alliés permettent d’armer environ 120 000 hommes.
Les moyens de communication de la résistance
Ceux qui ont la chance d’avoir un poste de radio écoutent les émissions en langue française de Radio-Londres (notamment Les Français parlent aux Français) et en parlent ensuite autour d’eux. La BBC (la radio anglaise) les informe sur le conflit dans le monde, mais aussi sur ce qui se passe en France. C’est également elle qui donne des consignes aux différents réseaux de résistants, par le biais de messages codés.
Début juin 1944, dans les jours qui précèdent le débarquement des Alliés en Normandie (6 juin), ce sont des centaines de messages codés qui sont diffusés, toute la journée, sur les ondes de la BBC, la radio londonienne écoutée par les résistants français. Chacun s'adresse à un réseau particulier et a une signification très précise : « Messieurs, faites vos jeux » est un ordre de sabotage lancé le 5 juin 1944 (la veille du débarquement des Alliés en Normandie).
« Les carottes sont cuites », « Les dés sont sur la table » ou « Les sanglots longs des violons de l'automne » annoncent, chacun à un réseau de résistants, le débarquement imminent des Alliés, mais évidemment ni la date, ni le lieu.
Les tracts et les journaux clandestins sont une autre source d’informations. Mais pour cela, il faut posséder du papier, de l’encre et un matériel d’imprimerie bien caché ; il faut ensuite distribuer et faire circuler ces documents clandestins. Chaque mouvement a son journal. Plus de 200 journaux clandestins paraissent en France pendant l’occupation, certains régulièrement (1 à 2 fois par mois), et leurs tirages vont de quelques milliers d’exemplaires à plus de 400 000 en 1944.
Le quotidien perilleux des résistants
Une partie de la Résistance est formée d’hommes et de femmes qui entrent dans la clandestinité. Ils forment des maquis, qui sont de véritables armées cachées dans les forêts et les montagnes. Un maquis peut rassembler plusieurs centaines d’hommes, encadrés par une hiérarchie militaire. Une grande partie des maquis est constituée par les hommes réfractaires au STO (le Service du travail obligatoire, qui impose aux Français valides de partir travailler en Allemagne) et par ceux qui sont recherchés par les Allemands ou par la police française.
D’autres résistants restent dans leur ville ou leur région pour mener leurs actions sous une fausse identité, avec de faux papiers (obtenus parfois grâce à la complicité de fonctionnaires de mairie). Ils se choisissent un pseudonyme de combattant : par exemple, les membres du réseau de Jean Moulin ne le connaissent que sous le nom de « Max ».
Un résistant doit toujours rester sur ses gardes, et ne jamais se dévoiler afin de ne pas être démasqué et dénoncé. Lorsqu’un résistant est arrêté par la Gestapo allemande ou par la Milice française, il est interrogé et torturé. C’est par tous les moyens qu’on essaie de le faire parler pour obtenir des informations sur son réseau. C’est la raison pour laquelle un résistant ne connaît jamais la totalité des membres de son réseau, et a pour consigne de « tenir » 48 heures, le temps pour ses camarades de changer de planque, de « disparaître ». Après avoir été torturé, il est emprisonné, puis rapidement déporté dans un camp de concentration en Allemagne, ou fusillé en France.
Pour la seule France, on estime que sur les quelque 200 000 résistants actifs durant ces quatre années (1940-1944), plus de 60 000 sont morts lors des combats, en déportation ou exécutés. En 1958, un mémorial de la Résistance française a été édifié sur le mont Valérien (à Suresnes, à l'ouest de Paris) pour honorer la mémoire des 4 500 résistants exécutés à cet endroit par les nazis, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour aller plus loin
- Histoire de la Résistance 1940-1945, d' Olivier Wieviorka. Tempus, 2018.
- La Lutte clandestine en France: Une histoire de la Résistance 1940-1944. Collectif. Points, 2022.
- Histoire de la Résistance en France, de Jean-François Muracciole. Que-sais-je, 2020.