Dans le Sud de la France, les Arcs-sur-Argens, « Leis Arc » en provençal, est une petite commune varoise membre de la Communauté d’Agglomération Dracénoise. Cette petite ville provençale aux charmes incontestables renferme en son sein une histoire dense et captivante, ainsi qu’un petit joyau : son village médiéval, appelé le « Parage ». Dans cet article, il s’agit de vous proposer les grandes lignes caractéristiques de l’histoire des Arcs. Et qui sait, peut-être aurez-vous envie de découvrir, par la suite, ce lieu incontournable …
Les Arcs : un riche passé
Les Arcs est une commune qui peut s'enorgueillir d’un riche passé. Tout commence, en réalité, à la protohistoire. Non loin de l’Argens, dans le lieu dit du « marais du Touar », les préhistoriens et archéologues ont retrouvé des traces d’occupation humaine datant du premier âge du fer, soit aux alentours de 1000 av. J.-C. La présence d’hommes, aux VIᵉ et Vᵉ siècles avant notre ère, s’est organisée autour de ce secteur marécageux, qui se situe aujourd’hui au Sud du village actuel. Selon Jacques Berato et Vincent Krol, auteurs de l‘article « Occupation du Premier Âge du Fer. Le Touar, Les Arcs-sur-Argens, Var », publié dans la revue Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, il s’agit alors d’un habitat permanent, ouvert et regroupé, où les hommes utilisent les techniques qui sont celles de l’Âge du Bronze, à mi-chemin entre pastoralisme et travail d’objets en bronze. Dans ce secteur, deux cabanes ont été retrouvées, ainsi qu’un habitat permanent, non loin de là. L’histoire des Arcs peut débuter.
En réalité, elle commença réellement au Moyen Âge, et plus précisément à l’époque carolingienne. Les traces archéologiques d’une villa du IXᵉ siècle ont d’ailleurs été retrouvées sur la commune. En 1038 est construite l’abbaye de la Celle-Roubaud, monument historique classé, à l’Est de l’actuel village. Devenue par la suite la Chapelle Sainte-Roseline, du nom de la sainte locale à laquelle le « miracle de la rose » a été attribué, elle renferme une mosaïque de Marc Chagall réalisée en 1975, Le repas des Anges. La « momie » de Sainte Roseline est toujours visible dans la chapelle, et est déposée dans une chasse en cristal. Ses yeux sont conservés dans un reliquaire – ce qui avait attisé la curiosité du médecin de Louis XIV, qui se rendit sur les lieux afin d’examiner le corps de la sainte, réputé en excellent état malgré les trois siècles qui séparaient alors la mort de la sainte de sa visite, et qui creva un des deux yeux, témoignant ainsi de leur incroyable conservation.
C’est au début du XIIIᵉ siècle que la situation des Arcs, appelé alors « Castrum de Arcubus », changea. Les Villeneuve – ou Villanova –, seigneurs catalans, prennent possession du lieu, et ce jusqu’au XVIIᵉ siècle. Ils entreprennent la construction du château, sur un piton rocheux, qui domine toute la plaine des Arcs – la vue y est d’ailleurs magnifique. Durant le XIIIᵉ siècle est édifié le donjon, qualifié à tort de « Tour Sarrasine » par les locaux, ainsi que l’église Notre-Dame, devenue depuis la chapelle Saint-Pierre-du-Parage. Quasiment au même moment, en 1201, s’établit le premier seigneur des Arcs, Géraud de Villeneuve (Gerald de Villanova en Catalan). Il reçut ce territoire en récompense des services qu’il rendit à la Couronne d’Aragon.
Le village médiéval est peu à peu fortifié. Au XVIIᵉ siècle, et plus précisément en 1662, fut édifié un campanile. Néanmoins, la Révolution française eût des conséquences néfastes pour le château médiéval, puisqu’il fut décidé, par Barras, de sa destruction pure et simple. La tour des Arcs, qui correspond au donjon médiéval, et que l’on peut toujours voir aujourd’hui, put néanmoins être sauvée, grâce à l’initiative de Victor Grand, originaire du village et secrétaire de Barras. Dès lors, la Révolution ayant fait son œuvre, le village médiéval fut peu à peu abandonné, au profit d’habitations situées en contrebas, sur les abords du Réal.
La préservation du patrimoine
Ainsi, il fallut attendre le XXᵉ siècle, et plus précisément les années 1960, pour que des passionnés et des admirateurs du village entreprennent la rénovation du lieu. Le quartier médiéval reprend son nom de « Parage », mot qui viendrait de l’occitan « paratge », utilisé pour définir un quartier habité exclusivement par les « élites » de la seigneurie, pour différencier le château des habitations moins « nobles ». Ce phénomène est intéressant à observer, puisque la restauration du lieu fut justement entreprise par des personnes qui avaient les moyens financiers et intellectuels de le faire.
Peu à peu, au fil des années, le village médiéval reprend des couleurs, au point de devenir, dans les années 1980-1990, un lieu de tourisme incontestable du centre Var. Aujourd’hui, la circulation des véhicules y est proscrite, et il s’agit là d’un véritable bonheur. Ce quartier est devenu un véritable havre de paix, où il est bon de se promener, voire même de se laisser s’y perdre. Le temps semble ne plus exister en ce lieu.
Il convient, lorsque l’on traite de la restauration et de la préservation de ce patrimoine local inestimable, de saluer les initiatives des « Amis du Parage », association culturelle créée en 1989, qui a pour vocation la recherche, la mise en valeur et la protection culturelle des Arcs-sur-Argens. Présidée par Edmond Gaudin, cette association est très active, notamment auprès de la communauté scientifique historienne.
Elle a ainsi publié, en 1995, un ouvrage intitulé Les Arcs-sur-Argens. Pages d’histoire d’un terroir provençal, distingué par la Caisse Nationale des Monuments Historiques. Les « Amis du Parage » ont également contribué à la restauration de la tour de l’Horloge en 1995 – autrement dit du campanile –, mais aussi du puits médiéval. La dernière initiative en date concerne la création d’une « Maison de l’Histoire des Arcs », en collaboration avec la municipalité. Dans ce « petit musée », composé de deux salles, vous pourrez redécouvrir l’histoire de la commune à travers deux périodes de prédilection, à savoir l’époque médiévale et la Révolution française.
« Les Médiévales » : plongez-vous dans l’ambiance médiévale
Les « Amis du Parage » ne furent pas les seuls à se lancer dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine historique et culturel local. Une autre association, intitulée « Les Médiévales », présidée par Georges Yévadian, organise tous les deux ans des fêtes médiévales, les « Festes du Castrum d’Arcus ». Les prochaines, intitulées « Le chant des cigales », et traitant des destinées des quatre filles du comte Raimond Bérenger V, devenues reines des quatre royaumes les plus convoités d'Europe, auront lieu les vendredi 6, samedi 7, dimanche 8 et lundi 9 juillet 2012 – elles ont été décalées en raison des inondations du mois de juin 2010, qui ravagèrent le centre-ville des Arcs-sur-Argens.
Durant quatre jours, la ville se met alors à l’heure médiévale : mise en place d’un marché authentique, démonstrations diverses et variées, tirs d'engins de guerre, parades costumées, troupes et camp de vie, spectacles de rue, etc. Un spectacle nocturne, animé pendant près de deux heures par une centaine d’acteurs, de figurants et de cascadeurs à chevaux, est également présenté aux visiteurs. « Les Médiévales » organisent également, durant l’été, des visites guidées nocturnes de la ville, au flambeau. L’association est devenue un véritable modèle de réussite en la matière dans tout le sud est de la France, et bon nombre de villes se sont lancées dans des entreprises similaires. Elle organise également une biennale, un « Salon du Livre Médiéval ».
Parmi ses projets, nous pourrions retenir celui de la « Route des Chevaliers ». Il s’agit, sur le modèle de l’aventure médiévale de Pouzauges, de créer des circuits thématiques, ponctués d’énigmes, visant à faire découvrir ou redécouvrir ce patrimoine local, de façon ludique et didactique. Voici la description du circuit, faite par l’association « Les Médiévales » : « Mandatés par Hélion de Villeneuve, le visiteur et l'ensemble de sa famille devront remplir une mission et pour cela parcourir le fief du seigneur. Les sujets se présenteront à l'office de tourisme pour obtenir un document-guide (comprenant le chemin à suivre, les questions et énigmes, etc.) puis, une fois leurs "quêtes" terminées, les adultes recevront une récompense et les enfants seront adoubés. »
J’espère que ce court article aura su susciter en vous l’envie de visiter ce petit joyau historique et culturel, situé en plein cœur du Var. Si vous passez dans le Sud de la France, vous n’avez aucune excuse de ne pas vous y rendre, puisque le train, l’autoroute et la route peuvent vous y conduire ! De même, le village médiéval peut se voir depuis tous les moyens de locomotion cités précédemment … À bientôt aux Arcs-sur-Argens, et n’hésitez pas à rencontrer M. Gaudin, président de l’association des « Amis du Parage », qui rôde quotidiennement dans les petites ruelles du quartier médiéval …
Pour aller plus loin
- BERATO Jacques, KROL Vincent, « Occupation du Premier Âge du Fer. Le Touar, Les Arcs-sur-Argens, Var », in Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, 6 (1997), p.27-34.
- SAUZE Élisabeth, Les Arcs-sur-Argens. Pages d’histoire d’un terroir provençal, Les Arcs-sur-Argens, Les Amis du Parage, 1995.