a la decouverte des pirates DALes pirates fascinent et effraient depuis des siècles. Bien qu’ils existent depuis l’Antiquité, ce sont ceux de l’époque moderne qui ont forgé l’image actuelle que nous en avons. Des jouets au cinéma, les pirates sont des éléments familiers de la culture populaire. Paradoxalement, les travaux scientifiques à leur sujet ont été longtemps peu nombreux car jugés peu dignes d’intérêt. La publication récente d’ouvrages scientifiques et les dernières fouilles archéologiques permettent de mieux comprendre la réalité historique de la piraterie. Le dernier numéro des Dossiers d’Archéologie permet de faire le point sur ce sujet avec l’aide des découvertes et des travaux les plus récents.

 

Loin des mythes

Philippe Hrodej, auteur du Dictionnaire des corsaires et des pirates présenté sur ce site, propose en introduction un article qui balaie un certain nombre d’idées reçues sur les pirates et qui les replace dans leur contexte : les différences entre pirates et marins de la marine militaire ou marchande à l’époque moderne sont moins importantes qu’il n’y parait, ce qui complexifie les recherches archéologiques sur le sujet. Les différentes contributions de ce numéro posent le problème de la spécificité et de l’identification d’une « culture pirate » : en effet, si le contexte, les sources écrites et le mobilier archéologique (comme l’assemblage d’éléments divers par leur origine et leur fonctionnalité) permettent d’avancer la présence d’un navire pirate, l’hypothèse reste discutée.

Outre un article présentant l’histoire récente et les spécificités de l’archéologie liée à la piraterie, d’autres abordent de nombreux aspects du sujet, tels que la vie quotidienne, les objets quotidiens, les armes à feu, les châtiments et la justice ; autant d’éléments venant fortement nuancer voire détruire certains préjugés. Jean Soulat dresse une galerie de vies de pirates qui, pour certains, ont laissé des traces archéologiques mentionnées dans ce dossier d’archéologie. Philippe Migaud traite de la présence d’animaux exotiques. Ceux-ci servaient essentiellement comme nourriture ou comme bien vendable à une clientèle européenne en quête d’exotisme. Bien entendu, le numéro fait la part belle aux épaves découvertes telles que le Speaker pris par John Bowen le 16 avril 1700 et échoué le 7 janvier 1702, les épaves corsaires de la Natière ou l’épave découverte récemment sur la côte ouest de l’île Sainte-Marie et qui pourrait être le Fiery Dragon, navire du pirate William Condon coulé en février 1721. Des articles traitent des sites archéologiques terrestres flibustiers, en particulier l’île de Saint-Martin, l'île de la Tortue et de Port-de-Paix à Haïti et l’île Sainte Marie de Madagascar.

Ce dossier est une synthèse réussie sur l’archéologie des pirates. La riche iconographie, toujours de très bonne qualité, agrémente et enrichit la lecture. La fin des Dossiers d'Archéologie est comme à l’accoutumée consacrée aux diverses actualités. Un article traite de la loi sur la restauration de Notre-Dame. Les glaciers peuvent révéler les pollutions anciennes comme ceux du Mont-Blanc tel que le révèlent les récentes recherches du CNRS. Enfin, l’exposition « Ludique. Jouer dans l’Antiquité » du musée Lugdunum de Lyon est présentée. Un bon numéro synthétique et accessible des Dossiers d'Archéologie.

A la découverte des pirates. Dossiers d'arcgéologie n°394, été 2019. En kiosque et sur abonnement.

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