menhirs écosseL'homme moderne peuple l’Europe depuis 40 000 ans. Longtemps, il a vécu de la chasse et de la cueillette. Puis huit millénaires avant notre ère, l’agriculture fit son apparition dans le sud-est du continent. En seulement 3.000 ans elle se répandit dans presque toute l’Europe. Plus tard, l’introduction de la métallurgie favorisa le développement de sociétés guerrières plus complexes et l’émergence des premières civilisations européennes.

 

L’Europe préhistorique

Lorsque, voici 40 000 ans, les premiers hommes modernes migrèrent du Proche-Orient en Europe, le nord du continent, en grande partie enseveli sous d’immenses nappes glaciaires, demeurait inhospitalier Investissant les zones de toundra et de prairie, l’homme survécut en chassant des ruminants. Dès qu’il le pouvait, il trouvait refuge dans des grottes ; le reste du temps, il s’abritait sous des tentes fabriquées à l’aide de peaux et d’ossements de mammouth. Puis, voici environ 10 000 ans, les calottes glaciaires reculèrent, dégageant l’accès vers le nord. Dans l’épaisse forêt qui recouvrait alors presque toute l’Europe, la chasse devint plus difficile. L’homme se mit alors à consommer davantage de poissons, de plantes et de petits mammifères.

outils agricoles préhistoriquesC’est dans le sud du continent, en Grèce et dans les Balkans, qu’apparurent les premiers cultivateurs, 8 500 ans avant notre ère. Ils faisaient pousser céréales et haricots, tout en élevant moutons, chèvres et bovins. Certaines cultures - comme le blé amidonnier ou l’orge - étaient probablement originaires du Proche-Orient ; d’autres reposaient sur des plantes endémiques.

Au cours des 3 500 ans qui suivirent, l’agriculture s'étendit peu à peu au reste du continent, en commençant par le sud de la France et l’Espagne, pour parvenir dans les îles britanniques et en Scandinavie vers 4000 avant notre ère. Dans l'extrême nord, en revanche, ce n’est qu’après l’avènement de l’ère chrétienne que l’élevage de rennes détrôna le mode de vie ancestral fondé sur la chasse et la cueillette.

il ne reste naturellement aucun vestige. En revanche, ces paysans nous léguèrent des tumulus, chambres funéraires construites à l’aide de lourdes pierres, ou mégalithes, et recouvertes de terre et d’herbe. Ils servaient de sépulture commune. Plus tard, dans le nord-ouest de l’Europe apparurent de vastes cercles (sanctuaires circulaires) et des alignements de pierres dressées. Il est probable que ces structures remplissaient une fonction rituelle et astronomique. Seul un chef puissant disposait des ressources nécessaires à l’érection d’un gigantesque ouvrage comme celui de Stonehenge.

L’âge du bronze

C' est vers 4800 av. J.-C. que l’on commença, en Europe, à fabriquer de petits outils et des ornements en cuivre et en or. Là encore, cette activité prit naissance dans les Balkans. Le travail du métal semble également être apparu, de manière indépendante, dans le sud de l’Espagne quelque 1 500 ans plus tard.

ornements bronzeLes premiers objets, façonnés dans un métal tendre, possédaient une vocation plus décorative que pratique. Puis, en incorporant de petites quantités d’arsenic et d’étain au cuivre, on obtint un alliage dur permettant de fabriquer de solides outils tranchants : le bronze. Vraisemblablement, c’est à partir du Proche-Orient, vers 2300 av. J.-C., que cette pratique se répandit en Europe du Sud-Est. Peu à peu, le métal remplaça la pierre pour les usages quotidiens. Les artisans spécialisés dans le bronze et l’or excellent bientôt dans la fabrication d’armes, de bijoux et de récipients pour la boisson et la nourriture. Les gisements de minerais nécessaires à l’élaboration du bronze étant limités à certaines zones géographiques, les échanges s’intensifièrent. La construction, au sommet des collines, de milliers de forteresses laisse supposer que de fréquents conflits opposent les clans rivaux vers la fin de l’âge du bronze.

La multiplication des échanges favorisa les contacts entre les différentes populations du continent européen, et les courants culturels se diffusent rapidement. A titre d’exemple, le plus ancien vestige de la civilisation des champs d’urnes - une coutume voulant que les morts soient incinérés et leurs cendres enterrées dans des urnes d’argile, dans d’immenses cimetières - situe cette pratique en Hongrie, vers 1350 av. J.-C.

Quatre siècles plus tard, elle avait cours dans presque toute l’Europe. Le commerce favorisa l’émergence de la première grande civilisation européenne, dite minoenne. S’épanouissant en Crète, vers 2000 av J.-C. (voir page 38), elle élargit à l’Égypte sa sphère d’influence, qui englobait déjà les îles voisines de la mer Égée. Peu après, la civilisation guerrière de Mycènes s’imposait en Grèce continentale. Pourtant, 1 200 ans avant notre ère, toutes deux avaient disparu.

L’Europe de l’âge du fer

L’introduction du travail du fer en Europe entre 1000 et 730 avant notre ère engendra de grands bouleversements. Outils et armes devinrent plus solides et moins coûteux, le minerai de fer étant plus répandu que le cuivre et l’étain nécessaire à la fabrication du bronze. Le premier âge du fer apporta une renaissance économique en Grèce et sur pourtour égéen. L’installation de marchands et de colons grecs et phéniciens en Italie et dans le sud de l’Espagne stimula l’émergence de sociétés évoluées. L’une des civilisations les plus importantes, les étrusques, fonda de puissantes cités-Etat en Italie du Nord.

En Europe centrale et orientale s’imposa un peuple connu sous le nom de Celtes par les Grecs de l’Antiquité, et de Gaulois par les Romains. Originaires des Alpes du Nord, ils essaimèrent sur le continent à partir de 700 av. J.-C.

coupe fer hallstattDes objets décorés dans le style Hallstatt (nom du cimetière autrichien de l’âge du fer où cette culture fut identifiée pour la première fois) furent retrouvés dans toute l’Europe occidentale, jusqu’en Grande-Bretagne. Vers 450 av. J.-C. la culture de La Tène se développa, caractérisée notamment par des motifs zoomorphes ou géométriques.

Au Ve siècle av. J.-C., des clans guerriers celtes commencèrent à envahir l’Europe du Sud, dont la Grèce et l’Italie. Les écrits dont nous disposons sur ces peuples proviennent des Grecs et des Romains, qui les considéraient comme des barbares vantards et buveurs de cervoise, qui, de surcroît, collectionnaient les têtes coupées de leurs ennemis. Les chefferies étaient dirigées par des élites guerrières. Certains de leurs centres tribaux, appelés oppidums par les Romains, atteignaient la taille d’une petite ville et comptaient plusieurs milliers d’habitants.

Au cœur de ces sociétés se tenait le prêtre, ou druide. Le panthéon celte comprend une multitude de divinités, souvent associées à un site - arbre ou ruisseau sacré. Pour s’attirer les faveurs des dieux, il était coutumier de jeter des armes ou des objets précieux dans les marais ou les rivières, ce qui n’excluait les sacrifices humains.

La fin des Celtes

Pris en tenaille entre deux puissances en plein essor, ce peuple fut peu à peu éliminé du continent européen. Tandis que les Romains, en étendant leur empire vers le nord entre 225 av. J.-C. et 79 apr. J.-C., écrasaient les Celtes vivant à l’ouest du Rhin et au sud du Danube, des conquérants germains investissaient l’est du Rhin et le nord du Danube, exterminant les tribus qui s’y étaient installées. Seuls les Celtes d’Irlande et de l’extrême nord de la Grande-Bretagne demeurèrent invaincus.

Pour aller plus loin

Histoire de l'Europe Vol. 1: Origines et héritages. De la préhistoire au Ve siècle. Ouvrage collectif. Passés Composés, 2024.

Les Celtes, de Venceslas Kruta. Que-sais-je, 2019.

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