Louise de la Vallière était une aristocrate du Grand Siècle, et a été la première maîtresse officielle de Louis XIV. Née à Tours en 1644, Françoise-Louise de La Baume Le Blanc bénéficie dans sa jeunesse d'une excellente éducation et entre au service d'Henriette d'Angleterre, l'épouse de Philippe d'orléans, frère du roi. Ce dernier tombe rapidement sous le charme de la jeune femme et en fait sa maîtresse officielle, lui octroyant le titre de duchesse de la Vallière. Après avoir donné plusieurs enfants au roi, elle doit affronter la concurrence de la marquise de Montespan et finit par se retirer au carmel ou elle meure en 1710.
Louise de La Valliere et le roi soleil
Après le départ de Marie de Mancini, son amour de jeunesse, Louis XIV trouva consolation auprès de la gracieuse Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur son frère. Cette relation fit scandale à la cour. Henriette, avec l’aide du comte St Aignan un proche du jeune monarque, usa de la stratégie dite du « paravent » ou du « chandelier », très utilisée en ces temps libertins et qui servait à fausser les apparences. « Feignez d’aimer une autre femme, dit-elle au roi, et les bruits à notre sujet cesseront d’eux-même. » C’est ainsi que Louise de la Vallière, fille d’honneur de Madame, entra dans la vie du roi soleil.
C’était une jeune fille de dix-sept ans, candide, frêle, timide et qui boitait légèrement. Henriette d’Angleterre, sûre d’elle, pensa que cette petite provinciale ne présentait aucun danger. Et effectivement, Mlle de la Vallière était plutôt effacée, discrète et nullement au fait des roueries de la cour. Un paravent complaisant idéal, du moins Madame le pensait-elle. Pourtant, la petite provinciale n’était pas dénuée de charme. Et son regard, ses beaux cheveux blonds cendrés, son teint lumineux et sa voix mélodieuse ne laissèrent pas indifférent le roi, qui se réjouit de ce choix et commença aussitôt à lui faire une cour discrète, mais assidue.
Un soir, escaladant les balcons d’une aile du château, il parvint à se glisser dans la chambre de la jeune femme dont la stupeur fut grande, et l’assura de ses sentiments purs et passionnés, provoquant un torrent de larmes chez Louise –elle pleurait beaucoup dit-on-. Remise de son émoi, elle osa reprocher sa témérité au roi qui mettait son honneur en péril. Ils se quittèrent à l’aube, après une nuit chaste empreinte d’émotions. Par la suite, Louis multiplia ses avances, tant et si bien que la belle finit par lui céder. D’autant plus facilement, qu’elle-même était depuis longtemps secrètement amoureuse du roi. Elle devint sa maîtresse.
La maîtresse de Louis XIV
Le roi dut affronter la colère d’Henriette d’Angleterre, mais il lui fut facile d’expliquer à Madame qu’après tout, ils avaient « perdu » à ce jeu dangereux auquel ils s’étaient prêtés. Ayant tous deux très à cœur de garder secrète leur liaison, les deux nouveaux amants se retrouvaient la nuit dans la forêt ou dans la chambre obligeamment prêtée par monsieur de St Aignan. Mais, à la cour, un tel secret ne pouvait se garder longtemps sans éveiller de soupçons. Et cela se sut.
Le mystère fut vite éventé, commenté, critiqué par les féroces courtisans à l’affût du moindre scandale, donnant libre cours à leur jalousie et leur médisance. Seule la reine, Marie Thérèse d’Autriche, enceinte du roi et aveuglée par la tendresse qu’elle portait à son époux, l’ignorait. Et cela mettait très mal à l’aise Mlle de la Vallière qui avait des scrupules, qualité rare à la cour de cette époque. Elle tenta d’espacer ses rencontres avec le roi, prétextant des malaises qui l’obligeaient à rester auprès de Madame. Louis imaginait toutes sortes de stratagèmes pour voir coûte que coûte son aimée. Partagée entre sa passion –elle aimait sincèrement le roi- et ses remords, elle ne put se dérober longtemps à l’ardeur royale.
Jusqu’au jour où, après une violente dispute avec son royal amant, Louise s’enfuit du château des tuileries pour se réfugier au couvent de Chaillot ou elle se répandit en larmes auprès des chanoinesses bien ennuyées. Un chroniqueur de l’époque, Bussy-Rabutin nous rapporte cet épisode : le roi, hors de lui, s’élança toute bride rabattue sur un cheval pour retrouver la belle éplorée dans son couvent et la ramener après l’avoir réconfortée et rassurée sur ses sentiments.
Une quête impossible du bonheur
En 1663, Louise de la Vallière donna discrètement un premier enfant au roi, un garçon qui ne vécut que trois ans. Ne pouvant se cacher longtemps, Louise dû réapparaître à la cour, éveillant les soupçons sur cette naissance. Au printemps suivant, Louis XIV installa sa maîtresse à Versailles en partie achevé. Il lui offrit une fête digne d’une reine, ou se mêlèrent musique, pièces de théâtre, ballets somptueux et feux d’artifice. Y participèrent des artistes prestigieux, de Molière à Lully. Devant cette fastueuse démonstration d’amour, Louise pleura. On eut dit que le bonheur n’était pas fait pour elle.
Un deuxième enfant vint au monde en 1665, toujours dans l’anonymat. Retiré aussitôt à sa mère, il mourut peu après. Le décès l’année suivante de la reine mère Anne d’Autriche fut l’occasion pour le roi d’afficher ouvertement sa liaison, y compris devant la reine qui ne pouvait plus rester dupe. Ceci provoqua une grande gêne pour Louise qui aurait préféré la discrétion. Le roi se lassa peu à peu des lamentations de sa favorite, partagée entre son amour et sa peur constante du péché.
Une histoire de paravent
C’est alors qu’entre en scène l’éblouissante Athenaïs de Mortenart, dame d’honneur de la reine et future duchesse de Montespan, alors que Louise attend son 3ème enfant. Elle accoucha d’une fille qui fut légitimée cette fois-ci par le roi, qui la gratifia également de terres et de titres. Ces honneurs avaient le goût amer de la disgrâce. Lorsque le roi partit à la guerre en Flandres, emportant dans ses bagages Athenaïs, Louise fut d’ailleurs assignée à Versailles.
Effondrée, elle ne put se résigner et se mit en carrosse pour rejoindre son royal amant. Elle fut fort mal accueillie par la reine et son entourage, mais aussi par le roi, très contrarié par cette initiative. En 1667, Louise donne néanmoins au roi un dernier fils, légitimé lui aussi. Cet événement permit un rapprochement de courte durée entre les deux amants. Le roi était de plus en plus amoureux de la diabolique Athenaïs qui, à son insu, lui faisait absorber des philtres d’amour. Il s’ensuivit une curieuse situation : Mme de Montespan prit Louise à son service, lui faisant subir les pires humiliations, d’autant que le roi se servait à nouveau d’elle pour faire office de « paravent » à ses nouvelles amours.
Cette vie insupportable, vécue par Louise de la Vallière comme un sacrifice, va durer sept ans, au terme desquels elle fera une nouvelle tentative de fuite à Chaillot, dans l’espoir de reconquérir son amour perdu. Ce sera en vain. Après avoir rédigé un émouvant essai de « Réflexions sur la miséricorde de Dieu », elle finit par renoncer au roi, et sur les conseils de Bossuet rentrera au carmel, pour se consacrer à dieu et expier ses fautes, non sans avoir fait auparavant fait des excuses publiques à la reine, ce qui fit grand bruit.
La fin de vie de Louise de la Vallière
Le seul tort de Louise de la Vallière, que rien n’avait préparé à la vie de courtisane fut-il d’avoir trop aimé un grand roi de France ? Femme humble, désintéressée, délicate et bien peu matérielle, elle traversa son époque tel un songe intemporel. Qualifiée de sainte par St Simon, elle reçut pendant sa retraite la visite de nombreux grands personnages, de la marquise de Sévigné à Bossuet, et même de la reine.
Trouva-t-elle enfin la paix en tant que sœur Louise de la miséricorde ? Cette âme pure s’éteignit en 1710 chez les grandes carmélites du faubourg St Jacques après trente six années de vie religieuse, incomprise de la plupart de ses contemporains.
Bibliographie
- Louise de La Vallière, de Jean-Christian Petitfils. perrin, 2008.
- Louise de la valliere de versailles au carmel, de Monique de Huertas. Pygmalion, 1998.