Claude de France, la première épouse de François Ier
Fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, la princesse Claude est d’abord fiancée à Charles de Luxembourg (futur Charles Quint), par le traité de Blois (1504). Cette alliance pouvant faire passer le duché de Bretagne dont elle est l’héritière, elle est finalement amenée à épouser François d’Angoulême en mai 1514, auquel elle apporte en dot le duché de Bretagne, les comtés de Blois, de Coucy, de Montfort, d’Étampes, d’Ast et des droits sur le duché de Milan. Claude devient reine de France en 1515, à l’avènement de François Ier. Surnommée la « Bonne Reine », elle est aimée du peuple alors même qu’elle se refuse à tout rôle politique.
Claude de France meurt à l’âge de 25 ans, après avoir donné sept enfants à François Ier dont le futur Henri II. À sa mort, son titre breton (dont François Ier a l’usufruit) revient au dauphin de France, François, dernier duc de Bretagne avant le rattachement du pays à la couronne de France (1532).
La question bretonne
En dehors de sa haute stature, François Ier était un homme raffiné, intelligent et superficiel, amateur d’art, excellent cavalier, appréciant le luxe et surtout les jolies femmes. Autour de lui papillonnent en permanence un groupe de jeunes et charmantes personnes qu’il appelait affectueusement sa « petite Bande ». Cela ne l’empêche pas de s’occuper des affaires de l’état et de guerroyer, récoltant des lauriers à la suite de la bataille de Marignan. Malgré son mariage avec la fille d’Anne de Bretagne, une question le préoccupait beaucoup : cette convention qui fit de la Bretagne un état libre de se séparer à tout moment de la France, risquait de lui faire perdre de nombreuses et riches baronnies.
Le jeune roi est impatient de rencontrer cette jolie dame dont la renommée est parvenue à la cour, mais Jean de Laval qui connaît le penchant du roi pour les femmes, se rendra seul à son invitation, arguant de la nature farouche de Françoise. Cela ne fit qu’attiser la curiosité du roi, qui insista à plusieurs reprises et finit par exiger sa venue. Jean de Laval tentant alors une ultime stratégie, dite de la bague, écrivit devant le roi une lettre pour demander à son épouse de se rendre à la cour, joignant une bague qui signifiait au destinataire de ne pas tenir compte du courrier lorsqu’il contiendrait ladite bague.
Cette tentative désespérée du mari sera éventée par un valet du roi qui ôtera la bague du courrier, et l’inévitable se produit. Françoise se rend à la cour, et est aussitôt présentée au roi qui tombe immédiatement sous le charme.
Il lui fera une cour pleine de courtoisie à laquelle la belle ne sera pas insensible : « Entrer dans le lit du roi comporte bien des avantages » se dit-t-elle. Rapidement, car François aimait les affaires rondement menées, elle devient sa maîtresse, se faisant une farouche ennemie de Louise de Savoie, influente mère du roi. Pour adoucir la jalousie du mari trompé, François lui offrira le commandement d’une compagnie d’ordonnances, et nommera le frère de son aimée gouverneur de Milan.
Françoise de Châteaubriant, favorite royale
En prévision d’un affrontement qu’il juge inévitable avec le très puissant Charles Quint, François 1er tente de s’allier en 1520 à Henri VIII d’Angleterre. Dans ce but, il choisira un lieu neutre ou français et anglais pourront négocier une entente. Influencé par la belle Françoise, il fera ériger des tentes somptueuses décorées de tapisseries et meubles précieux, où se dérouleront des fêtes magnifiques destinées à éblouir Henry VIII.
C’est le camp du drap d’or, opération si coûteuse qu’elle videra les caisses de l’Etat et aura pour conséquence de produire l’effet inverse de celui escompté : Henri, humilié et furieux, rentrera en Angleterre et s’alliera à Charles Quint.
En 1526 François Ier, qui se lance à la conquête de l’Italie, sera battu à Pavie et fait prisonnier par Charles Quint, au grand désespoir de Françoise. Louise de Savoie, sa grande ennemie, sera nommée régente, ne lui laissant pas d’autre choix que de plier bagages pour rejoindre la Bretagne où son mari lui fit sans doute bon accueil. Il s’établira une correspondance assidue et très poétique entre les deux amants, qui adoucira les longs mois de captivité du roi en Espagne. La reine Claude étant décédée discrètement en 1524, François Ier acceptera à des fins politiques d’épouser Eléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint, qui tombe aussitôt amoureuse de ce roi si séduisant.
Le temps des rivales
Une forte rançon avait été exigée pour sa libération et le roi promet de s’y soumettre. Il sera libéré en 1526 et regagne la France, acclamé par son peuple. En Bretagne, où la nouvelle est parvenue, Françoise attend un signe de son bien-aimé, qui ne viendra pas, et pour cause. Elle se rendra à la cour pour y trouver une terrible rivale en la personne d’Anne de Pisseleu, duchesse d’Etampes, belle jeune fille blonde de 18 ans, avec laquelle il lui faudra lutter pour conserver son titre de favorite royale. Une haine farouche opposera les deux femmes, à la plus grande joie des courtisans qui se délecteront de cette rivalité. Le roi, qui adorait sa nouvelle maîtresse, mais aimait encore Françoise, se trouvait très ennuyé par cette situation, usant de sa diplomatie pour apaiser les deux favorites, en vain.
Dépité par la faiblesse du roi, blessée dans son orgueil, Françoise quitte la cour et regagne sa Bretagne. Anne, la favorite victorieuse, ne comptant pas en rester là, exigera du roi la restitution des bijoux offerts à Françoise sur lesquels étaient gravées de belles devises. Déjouant la mesquinerie de sa rivale, la favorite déchue fit fondre les bijoux, et rapporter ceux-ci au roi sous forme de lingots d’or. Ce dernier peu rancunier et amusé par ce geste, fit renvoyer les lingots et l’affaire se retourna contre la favorite jalouse.
Jean de Laval, que le roi avait comblé d’honneur, s’entendra fort bien avec celui-ci sur les questions d’ordre politique mais qu'en fut-il des relations de ce mari bafoué avec son épouse ? Par vengeance, il aurait exercé des sévices sur cette femme qui l’avait trompé. S’agit-il de malsaines rumeurs ? Le mystère demeure sur la mort brutale de Françoise en 1537. Le bruit courut que son époux, fou de jalousie l’aurait assassinée. Mais l’opinion publique, avide d’histoires sombres et tragiques, a-t-elle colporté des faits sans fondement ? Sans doute ne le saura-t-on jamais.
Bibliographie
- Les femmes de François Ier de Christiane Gil. Pygmalion, 2005.
- François Ier : Le Roi-Chevalier de Georges Bordonove. Pygmalion, 2006.
- Journal de la mère de François Ier : 1459-1522 de Louise De savoie. Paleo, 2006.