Médecin pendant les grandes vagues d'épidémies de peste qui touchent le Languedoc, puis médecin ordinaire du roi auprès de Charles IX, Michel de NostreDame, dit Nostradamus, a acquis sa réputation grâce à ses prophéties publiées sous forme de quatrains regroupés par centaines, appelées Centuries et publiées à Lyon en 1555. Elles lui valent les faveurs immédiates de la Cour et Catherine de Médicis le somme d'établir l'horoscope de ses trois fils, dont celui funeste du futur Henri II. Humaniste de la Renaissance, ouvert aux idées de la Réforme, il a su s’intéresser à la médecine, la pharmacie en réussissant à combattre le pire mal de son temps : la peste.
Michel Nostradamus, médecin...
Michel de Nostredame est né mi décembre 1503 à Saint Rémy de Provence. Il est issu d’une famille de juifs chassés du royaume par Philippe Le Bel au début du XVIe siècle qui sont ensuite accueillis par le pape Clément V aux alentours d’Avignon, dans des carrières, des rues closes. Seule contrainte : ils devaient porter un bonnet jaune lorsqu’ils sortaient.
Poursuivant de brillantes études où il écrit couramment le latin et le grec, il est inscrit à l’université de Montpellier et reçu « bachelier en médecine » en 1525. Etant juif, il s’est converti au catholicisme pour accéder à l’université et choisit pour nom de baptême Nostradamus qui s’est transformé en Michel de NostreDame. Dans sa maison de Salon, la même qu’il occupe jusqu’à sa mort, au pied du château de l’Empéri, au dessus de son bureau, est accroché un manuscrit jauni par le temps, daté d’octobre 1529 « moi, Michel de Nostredame, de la maison de Provence, de la ville de Saint Rémy, du diocèse d’Avignon, suis venu étudier à l’université de Montpellier, dont je jure d’observer les statuts, droits et privilèges présents et à venir. J’ai payé les droits d’inscription et je choisis Antoine Romier comme maître d’études ».
A cette époque, la peste sévit dans tout le sud de la France. Il parcourt tous les chemins de Provence et du Sud Ouest pour combattre cette maladie, ayant appris les rudiments de pharmacie et après que l’un de ses aïeux lui ai transmis son savoir sur la botanique, la vertu des plantes et les préparations.
Dans son « traité des Fardements et Confitures », il commence par faire une description très détaillée de ce mal bubonique ou pulmonaire. Pour combattre ce fléau, il fait un mélange d’œufs et de plantes. Il invente un vinaigre d’aromates aux qualités antiseptiques et élabore une « poudre souveraine » contre les contagions. Conseillant les règles d’hygiène simples et prônant le principe de « plutôt prévenir que guérir », il suggère alors de nettoyer les maisons au vinaigre, de répandre des essences de plantes, de laisser une torche allumée dans les pièces et surtout de se couvrir le nez et la bouche.
Quelques années plus tard, la peste frappe à nouveau dans les villes de Salon et d’Aix. Et le voilà repartit sur les routes…jusqu’à Lyon. Il prépare une « poudre excellente qui chasse les odeurs pestilentielles ». Sa recette est composée de sciure de cyprès, d’iris de Florence, de clous de girofle, de musc, d’ambre gris, d’aloès et de roses incarnadines. Elle fait fureur pendant cette période de maladie contagieuse où plus d’un se jette par la fenêtre, où plus d’un péri devant ce fléau.
...pharmacien et maître confiturier
Son dévouement lors de la peste le rend célèbre. Au fur et à mesure, les dames font appel à lui : il élabore la « pommade d’une souveraine odeur », de « l’huile pour emblanchir la face », des « onguents pour faire venir les cheveux comme un filet d’or » ….bref, des recettes qui rapportent des sous et le succès.
Il épouse à Noël 1547, dans sa ville, Anne Ponsard…qui lui donne 7 ou 8 enfants. Puis jusqu’en 1549, il s'exile en Italie pour approfondir ses connaissances en alchimie végétale. À Milan, il découvre un apothicaire spécialisé dans ce domaine, qui l'initie aux confitures guérisseuses. De retour à Salon, Michel de NostreDame expérimente ces confitures médicamenteuses et en 1552, il publie le résultat de ses recherches sous le titre " traité des Fardements et Confitures ".
Dans ses confitures, il ajoute des épices, invente des procédés pour bonifier et parfumer le vin, prépare des vinaigres et des moutardes aux aromates, qu’il vend. Puis constatant que les dames ont une nouvelle envie : devenir blonde, il s’enrichit avec sa potion qui permet « d’avoir sous les 3 ou 4 jours, le poil blond et roux comme or de ducat ». Il va plus loin, il pense aux hommes qui veulent plaire à la jeunesse et aux femmes inquiètes de la virilité de leur partenaire. Il crée un remède « l’huile de repopulation » réputée jusqu’en Italie.
Les prophéties de Nostradamus
S'étant attiré la jalousie de ses confrères par le succès de ses cures, Nostradamus se retire à Salon. Entre 1555 et 1558, il publia ses fameuses prophéties dans deux volumes de centuries qui connurent un immense succès. Utilisant un langage "alambiqué", ces quatrains regroupés par centaines sont censés décrire des événements devant se produire entre 1550 et la fin du monde, prévue pour 3797 apr. J.-C. Nombreux sont ceux qui tenteront d'interpréter ces prophéties et d'établir un lien avec des évènements ayant déja eu lieu.
La renommée de Nostradamus est telle que Catherine de Médicis l'appelle à la cour pour devenir le médecin ordianire de Charles IX. La reine mère en profite pour lui demander d'établir l'horoscope de ses trois fils. Les dons de Michel de NostreDame se seraient confirmés lors du décès accidentel d'Henri II, dont il aurait prédit les circonstances. Un quatrain, publié en 1568, aurait annoncé sa mort le 2 juillet 1566. Ses restes ont été inhumés à l'Église Saint-Laurent de Salon-de-Provence.
Pour aller plus loin
- Nostradamus, de Mireille Huchon. Biographies Gallimard, 2021.
- Les prophéties de Nostradamus. Archipoche, 2013.
- Traité des confitures de Nostradamus. Imago, 2015.