Saint François d’Assise (1182-1226) est un mystique et prédicateur italien fondateur de l’ordre des frères mineurs, couramment appelé ordre des franciscains. François d’Assise insiste sur la nécessité de la souffrance, de l’humilité et de la simplicité, autant de « tremplins » vers une meilleure connaissance — sincère et gratuite — de Dieu et de sa volonté. De même, le travail, l’oubli de soi et une obéissance sans faille aux doctrines et principes édictés par l’Église permettent d’atteindre une plénitude dans le dénuement et l’absence de désirs personnels. Canonisé en 1228, il fut proclamé saint patron des écologistes par Jean Paul II en 1980. En 2013, le nouveau pape choisit le nom de François en référence explicite au saint.
François d’Assise : un bourgeois nommé Francesco
Né à Assise en Italie, Giovanni di Pietro Bernardone est issu d’une riche famille marchande d’Ombrie (région de l’Italie centrale). Sa mère, originaire de la Provence française enfanta en 1181 ou 1182 d’un garçon qu’elle fit baptiser en l’absence de son mari sous le nom de Giovanni. De retour d’affaires le père lui donna le nom de Francesco (c'est-à-dire François = Français) en hommage à la France où il avait effectué de bonnes opérations commerciales.
Durant sa jeunesse Francesco a laissé l’image d’un fils gâté et dissipé de la classe marchande italienne, menant la belle vie et dépensant son argent à organiser des sorties avec ses condisciples. Bourgeois de son temps il ne se fait pas seulement remarquer par son goût de la fête, mais aussi par son implication dans les grands problèmes sociaux du moment. En effet les revendications de la bourgeoisie face à la noblesse donnent lieu à des révoltes armées auxquelles Francesco participe, jusqu’à la défaite de Ponte San Giovanni en novembre 1202 où il est fait prisonnier. Malade durant son incarcération, il rejoint Assise à sa libération.
Mais une fois remis sur pied Francesco n’abandonne pas les aspirations qu’il partage avec les autres bourgeois révoltés : obtenir un titre de noblesse et être adoubé chevalier ! Un songe le conforte aussi dans sa nouvelle expédition, durant ce rêve un homme l’amenait dans un palais rempli de richesses, d’armes chevaleresques et de boucliers marqués de la Croix qui pendaient au mur. Pour Francesco cela ne fait aucun doute : ce rêve lui annonce qu’un destin de grand chevalier l’attend et qu’il n’a plus qu’à reprendre sa monture et à faire ses preuves pour être adoubé et commencer sa brillante carrière. C’est ainsi qu’il part rejoindre l’armée de Gauthier de Brienne !
Toutefois, durant son voyage, il a à Spolète un nouveau songe qui vient recadrer ses ardeurs : une voix lui aurait demandé ce qu’il faisait et, après l’avoir écouté, lui aurait demandé « Qui peut te faire plus de bien, le seigneur ou le serviteur ? », Francesco ayant bien entendu répondu que c’était le seigneur, la voix lui aurait à nouveau demandé « Pourquoi donc délaisses-tu le seigneur pour le serviteur et le prince pour le vassal ? ». Éberlué, Francesco aurait alors demandé ce qu’il devait faire et la voix lui aurait ordonné : « Retourne dans ton pays pour faire ce que le Seigneur te révélera ».
Francesco, l’homme pieux d’Assise
Après un passage à Gubbio, Francesco revint à Assise où il continua la restauration des chapelles Saint Damien, Saint-Pierre et de la Portioncule. S’inspirant du message de pauvreté des évangiles, Francesco gagne sa vie en travaillant et en faisant l’aumône, il se couvre d’une simple tunique serrée à la taille par une corde en guise de ceinture.
Fondateur de l'odre des Franciscains
Peu à peu l’exemple de Francesco fait des émules : son extrême pauvreté, sa proximité avec les plus démunis (lépreux…) et son ardeur à restaurer les lieux de culte attire à lui quelques compagnons toujours plus nombreux. Saint François d’Assise se retrouve bientôt obligé d’écrire une règle de vie à suivre pour que sa petite communauté devienne un ordre religieux reconnu. En 1210, soit quatre ans après son retour à Assise, il apporte sa règle au Pape Innocent III pour qu’il la valide.
Dans un même temps, selon la tradition chrétienne, le Pape aurait eu un songe où il aurait vu un homme soutenir seul la basilique Saint-Jean de Latran qui tombait en ruine… Et cet homme il l’aurait reconnu en la personne de Francesco. Ainsi guidé par son songe le Pape Innocent III valida verbalement la règle que lui proposait cet homme qui prêchait la pauvreté.
Les rangs des frères suivant la règle de Francesco s’étoffent rapidement, et cet exemple de piété attire également des femmes. C’est le cas notamment d’une noble adolescente, Chiara Offreduccio di Favarone (Sainte Claire), qui fugue pour rejoindre Francesco après avoir écouté son prêche durant le carême de l’année 1212. Les frères acceptent alors les vœux de Chiara de se retirer du monde, la jeune fille de 18 ans se coupe les cheveux, prend la bure et se dirige vers un couvent bénédictin. Son exemple incitant d’autres femmes d’Assise à franchir le pas, Saint François d’Assise les fait installer dans l’église Saint Damien sous la direction de Chiara qui fonde à cette occasion un nouvel ordre, branche féminine des Franciscains.
Saint François d'Assise, de la croisade aux stigmates
En 1219 Francesco part en Terre Sainte où les Croisés luttent pour reprendre le contrôle des lieux saints, laissant les rennes de l’ordre à Pierre de Catane puis à Élie d’Assise. Il débarque en Égypte où il décide paradoxalement de rencontrer les représentants de l’ennemi musulman. C’est ainsi qu’il rencontre en 1219 à Damiette le sultan Al-Kamel, dit « le Parfait », qui le laissera rentrer librement après leur entretien.
De retour en Italie Saint François d’Assise s’attache à coucher par écrit les règles de son ordre qu’il veut un exemple de pauvreté et d’humilité. La règle est rédigée une première fois en 1221. L’année suivante il crée une troisième branche à son ordre, laïque cette fois à la demande des habitants de Bologne. En 1223 il se retire pour retravailler sa règle qui est définitivement acceptée par le Pape Honorius III.
Cette règle prône le renoncement à toute richesse pour ceux qui entrent dans l’ordre (« Qu’ils aillent vendre tout ce qu’ils possèdent et en distribuent aux pauvres le produit »), le jeûne de Toussaint à Noël et tous les vendredis. Elle demande aussi aux frères de partir à pied sur les routes pour évangéliser, d’éviter toujours les chicanes, de ne pas juger son prochain, d’être sans cesse « aimables, apaisants, effacés, doux et humbles, déférents et courtois envers tous ». Il est également demandé aux frères de travailler pour recevoir de quoi subvenir, tout en refusant l’argent. Autrement dit un mode de vie basé sur la pauvreté inconditionnelle, l’humilité, le travail manuel et l’évangélisation.
En 1224 il se retire avec quelques frères dans le monastère de l’Alverne où il aurait reçu les stigmates, c’est à la dire les blessures de la Passion du Christ sur son propre corps (traces des clous sur les mains et sur les pieds…). Ce phénomène, alors inédit dans la Chrétienté, se reproduira par la suite à de multiples reprises du Moyen-âge à nos jours. Néanmoins, l’Église catholique, prudente, n’a reconnu par décision pontificale l’authenticité que des stigmates de deux saints : Saint François et par la suite Catherine de Sienne (sainte du XIVe siècle).
Porteur des stigmates, Saint François d’Assise semble pris d’angoisses et tenu par la maladie, il se retire dans une hutte non loin de la chapelle Saint Damien où se trouvaient les Clarisses. C’est là qu’il écrit le fameux « Cantique des créatures » célébrant Dieu et toute sa Création en faisant aujourd’hui le saint patron de l’écologie (depuis 1979).
Saint François d’Assise meurt finalement le 3 octobre 1226, dans la chapelle du Transito, après avoir laissé un testament où il exhorte à l’observation du message des évangiles, au travail, à la pauvreté et au respect de sa règle. En 1228 le Pape Grégoire IX le canonise. En art, le loup, l’agneau, le poisson, les oiseaux et les stigmates sont les emblèmes qui le représentent. Sa fête est le 4 octobre.
Bibliographie
- Gobry Ivan, Saint François d'Assise et l'esprit franciscain, Point, 2001.
- Virgil Tanase, Saint François d'Assise, Biographies Folio, 2015.
- Chiara Frugon, Saint François d'Assise: La vie d'un homme, Texto, 2021.