Au XVIII e siècle un premier vent de liberté souffle sur la condition féminine où sont abordés les sujets tels que les arts, la philosophie, la science, la littérature, la politique, par des femmes qui s'imposent par leurs talents. Elles contribuent, dans les salons et par leurs écrits, à l'esprit des lumières. Ce siècle a permis à certaines femmes de s'affirmer et de faire avancer leur condition, l'illettrisme en recul réduisant l'écart dans l'alphabétisation entre les sexes.
Un début d'émancipation par l'écrit
La présence de l'écrit s'accroît dans le quotidien grâce à l'essor de l'éducation des filles. L'écriture est tout d'abord utilisée à des fins pratiques : les mères de famille recopient des recettes de cuisine, ou quelque remèdes simples, les femmes d'artisans notent les commandes et gèrent les stocks. La correspondance privée se développe : on échange des lettres avec des proches éloignés géographiquement, où l'on parle de ses aspirations et de ses activités, tandis qu'apparaît le journal privé.
Romancière, journaliste et pédagogue Marie Leprince de Beaumont (1711-1780) montre l'importance des femmes dans la circulation des savoirs. Ses œuvres sont traduites dans de nombreux pays. Dans ses ''Magasins Dialogués'' le discourt pédagogique popularise différentes idées modernes : foi dans le progrès, relativité culturelle, croyance dans la perfectibilité de l'homme.
Lectrice vorace, Marie-jeanne Phlipon s'enthousiasme pour la révolution et collabore activement avec son époux dont elle rédige le courrier ce qui lui vaudra de monter sur l'échafaud en 1793 !
Richissime bourgeoise Mme Geoffrin (1699-1777) accueille deux fois par semaine les hommes de lettres. Elle fait donner des pensions aux artistes, leur offre du mobilier et des tenues, leur commande des tableaux et devient leur protectrice. Dans son salon on croise Fontenelle, Van Loo Montesquieu, Greuze...et ceux qui préparent ''L'encyclopédie''. Reçus avec des hommes connus ceux-ci gagnent un brevet de mondanités grâce à la salonnière dont la célébrité s'étend au-delà des frontières !
Les salonnières à la pointe
Ces femmes exceptionnelles sont rejointes par des femmes et des hommes qui tiennent salon ce qui permet échanges et discussions. Sans déroger à son rang, une dame de haute lignée peut recevoir hommes de lettres et artistes. Cette ouverture permet la vulgarisation des savoirs indispensables au mouvement des lumières. Parmi ces grands personnages des « salonnières » on trouve la duchesse du Maine (1676-1753) qui crée des rencontres dans un climat de liberté d'esprit où figurent des intellectuels frondeurs.
Certaines de ces salonnières font entrer leurs protégés à l'académie. On y converse, l'on assiste à des démonstrations scientifiques parfois, on y écoute des lectures en avant première.
Olympe de Gouges femme féministe et révolutionnaire
Née le 17 mai 1748 Olympe de Gouges serait une fille illégitime du marquis de Pompignan. Ses écrits dans lesquels elle défend les minoritaires opprimées, les femmes, les noirs, les esclaves, la rendent célèbre. Très impliquée, elle s'engage en faveur de centres d'accueils des indigents, du divorce et de la création de maternités. Elle affirme qu'un femme doit pouvoir participer à égalité avec les hommes aux débats politiques et sociaux. Sa déclaration ''des droits de la femme et de la citoyenne'' (1791) réclamait l'extension aux femmes des droits reconnus au sexe dit « fort ». Le texte lui fut refusé par la convention, mais sera reconnue son importance historique. Elle montera à l'échafaud le 3 novembre 1793, après avoir réclamé une égalité de droits.
La révolution porte un coup à cette liberté de tons des salons, réduisant les femmes au rôle de mère et d'épouse. On concède juste qu'elles publient des ouvrages pédagogiques comme l'ont fait Marie Le Prince de Beaumont ou Louise d'Epinay.
Pour aller plus loin
- Femmes des années 80, Le Monde Histoire et civilisation, octobre 1780.
- Les femmes dans la France moderne - XVIe-XVIIIe siècle. de Dominique Godineau. Armand Colin, 2015.
- Histoire des femmes en Occident, tome 3 : XVIe-XVIIIe siècle, de Georges Duby. Tempus, 2002.