Charles X (1757-1836) est le dernier roi de France de la maison des Bourbons (1824-1830). Opposé à toute tentative de réforme durant les États-Généraux de 1789, il fuit la France dès la prise de la Bastille, puis vit en Italie, en Prusse et en Autriche. Chef du parti ultraroyaliste durant le règne de Louis XVIII, il devint roi à la mort de ce dernier. Le ministère autoritaire et réactionnaire de Villèle lui valut une impopularité que ne diminuèrent ni la victoire de Navarin ni l'avènement du ministère Martignac (1828), plus libéral. Les ordonnances du 25 juillet 1830, dissolvant la Chambre, non encore réunie, modifiant la Charte et supprimant la liberté de la presse, provoquèrent la révolution de juillet 1830 et l'abdication de Charles X (2 août), qui mourut en exil.
La jeunesse tumultueuse de Charles X
Né le 9 octobre 1957 à Versailles, Charles-Philippe de France est le dernier fils de Louis, Dauphin de France, et de Marie-Josèphe de Saxe. Titré comte d’Artois, il est le petit-fils de Louis XV et le frère cadet de Louis XVI et Louis XVIII. Marié à seize ans à Marie-Thérèse de Sardaigne, alors qu’il mène une vie amoureuse quelque peu libertine, il a de son épouse deux filles mortes en bas âge et deux fils, le duc d’Angoulême, devenu dauphin et le duc de Berry, assassiné en 1820. D’allure altière et d’un charme certain, le prince, dès sa jeunesse à Versailles, réussit à s’attirer la sympathie de la cour et, particulièrement, de la gent féminine.
Sa vie frivole, jalonnée de nombreuses conquêtes, dont la célèbre madame de Polastron, reflète son peu de goût pour les études et son désintéressement pour le débat politique. Les scandales qui émaillent sa vie de couple, de même que ses dettes excessives dues au jeu et aux dépenses de son fastueux train de vie, sont étouffés par son frère Louis XVI.
Un passé antirévolutionnaire
Dès 1787, le comte d’Artois se fait remarquer par ses positions conservatrices, s’opposant, par exemple, à la convocation des États généraux. Lors de la Révolution de 1789, conseillé par le roi lui-même, il fuit son pays et, devenu émigré, rallie à lui les réfugiés nostalgiques de l’Ancien Régime. Tentant sans succès un débarquement à l’île d’Yeu, il est privé, avec l’exil du comte de Provence (et futur Louis XVIII), de la direction des monarchistes réfugiés. Il doit donc attendre 1814 pour regagner le royaume où il est nommé lieutenant général par le roi.
Lors de la Deuxième Restauration, son influence politique est considérable, particulièrement après l’assassinat de son fils, le duc de Berry. Il prend la tête de l’opposition conservatrice et, devant la défaillance du roi, prend peu à peu les rênes du pouvoir, d’autant qu’il est l’héritier du trône.
Le sacre à Reims de Charles X et l’engouement populaire
Lorsque Louis XVIII meurt d’une gangrène infectieuse des deux pieds, le comte d’Artois monte sur le trône. Petit-fils de Louis XV et frère de deux rois, Charles X est sacré à Reims le 29 mai 1825, suivant le cérémonial traditionnel. Ce sacre à l’ancienne, empreint de piété et de symboles archaïques, n’est pas sans susciter de nombreuses réactions des responsables politiques les plus modérés, inquiets d’un retour possible des valeurs et des coutumes de l’Ancien Régime.
Toutefois, le roi jouit, dès son avènement, d’un engouement monarchiste et d’une popularité extraordinaires. Malgré son âge, il émane toujours de sa personne un certain charme. Mais le temps des conquêtes amoureuses a cessé et le souverain, à la piété ostentatoire, ne séduit qu’un temps. Son éducation légère attire davantage son attention sur ses privilèges, qu’il préserve jalousement, que sur les revendications populaires.
Un règne conservateur
En matière de politique internationale, le gouvernement français tente péniblement de rentrer en possession des territoires lointains que les traités lui ont finalement concédés. Malgré les efforts déployés, l'ile de Saint- Domingue obtient définitivement son indépendance en 1825. Les liens se reconstituent lentement entre la marine française, grâce à l’action du ministère de la Marine, et les colonies. Les tentatives d’annexion du Sénégal, de Madagascar, de la Guyane ne sont pas concluantes. L’intervention militaire française se recentre donc sur l’Algérie (expédition d'Alger,1830) et la Grèce (bataille de Navarin, 1827).
En matière de politique intérieure, bien qu’ayant déclaré être soucieux de respecter la Charte constitutionnelle de 1814, Charles X, dès 1825, prend un certain nombre de mesures conservatrices qui deviennent rapidement impopulaires. Le gouvernement de Chateaubriand et de Villèle, en place dès 1821, a sonné le glas des aspirations des plus modérés qui, à travers les ouvrages de Thiers, Michelet ou Mignet, font feu de tout bois.
Malgré l’éphémère ministère libéral du vicomte de Martignac, en 1828-1829, les ultras finissent par obtenir gain de cause. À partir de 1829, le cabinet du prince de Polignac, qui devient président du Conseil, s’attaque systématiquement aux grands principes de la Charte constitutionnelle. Suite à son opposition, la Chambre est même dissoute à deux reprises alors que les ministres les plus modérés démissionnent. Le conflit entre le gouvernement de Charles X et les députés plonge la France dans une sérieuse crise politique.
Les ordonnances de Saint-Cloud et l’abdication de Charles X
Le 25 juillet 1830, suite à l’opposition politique qu’il essuie, Charles X est à l’origine d’un véritable coup d’État. Il entérine, en effet, quatre ordonnances prévoyant, entre autres, la suspension de la liberté de la presse, la révocation des députés, la tenue de nouvelles élections et, au passage, la modification du système électoral.
La fronde parisienne, attisée par les politiques prônant l’instauration d’un État républicain, débouche sur la révolte des Trois Glorieuses, ou révolution de Juillet. Le roi, incapable de faire face aux revendications populaires, est finalement contraint d’abdiquer, en faveur non pas de son fils le duc d’Angoulême, alors dauphin puis éphémère Louis XIX, mais en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux puis comte de Chambord, Henri V.
Entre-temps, le duc d’Orléans, cousin du roi, d’abord reconnu contre son gré régent du royaume par Charles X, est pressé par les députés d’accepter la lieutenance générale du royaume. Au terme de la révolution de Juillet, il prend le pouvoir sous le nom de Louis-Philippe Ier. Contraint de partir en exil, Charles X, titré duc de Ponthieu, se réfugie d’abord en Grande-Bretagne, en Autriche et à Prague, avant de finir ses jours, en 1836 dans le monastère de Gorizia en Slovénie. L’éphémère Louis XIX, comte de Marne, se revendique l’aîné des Capétiens et le chef de la Maison de France, mais plus jamais un bourbon ne reviendra sur le trône de France.
Bibliographie
- Charles X : Le dernier Bourbon, de Jean-Paul Clément. Perrin, 2015.
- Charles X : le naufrage de la monarchie, de Pierre Dauga. Editions de l'Onde, 2020.